Des coaches qui font un pas de recul, pour devenir assistant pendant quelques années, cela n’est pas rare. La preuve avec les Warriors. Ils ont sur leur banc, pour épauler Steve Kerr, Mike Brown et Kenny Atkinson, qui ont chacun déjà dirigé une équipe avant cette expérience en Californie.
Mais c’est forcément un petit pas en arrière dans une carrière de technicien. Ça peut ne rester qu’une parenthèse, comme pour Brown qui va rebondir à Sacramento la saison prochaine (et peut-être aussi pour Atkinson aux Lakers…), et ça peut même se transformer en moment salvateur.
C’est le cas pour Jason Kidd. Après un début de carrière moyen sur les bancs de Brooklyn et Milwaukee, il avait assisté Frank Vogel à Los Angeles. Visiblement, ce passage sur le banc des Lakers lui a fait beaucoup de bien.
« C’est le jour et la nuit », assure Jared Dudley à Fox Sports, qui a joué sous les ordres de Kidd à Milwaukee puis à Los Angeles, et le côtoie désormais sur le banc à Dallas, en tant qu’assistant. « Il s’est calmé niveau caractère. Il a confiance en ses assistants. Il a beaucoup appris de Vogel. Quand il est énervé, quand il perd patience, sa communication a changé avec les joueurs. Il est plus équilibré, il a plus confiance en lui. Sans ce passage à Los Angeles, il n’aurait pas cette réussite. »
Un constat que l’ancien joueur des Nets et des Mavericks a déjà fait et n’a donc aucun mal à le répéter. « J’ai énormément appris en gagnant le titre à Los Angeles avec Vogel », insiste Kidd. « J’ai pris conscience de ça : il faut se détendre, les choses ont tendance à s’arranger naturellement et il ne faut pas stresser pour des petits détails. »
« C’est plus dur pour les superstars de comprendre à quel point les choses sont compliquées pour les joueurs moins forts »
Kidd a donc mis quelques années pour réussir à trouver le bon ton pour parler aux joueurs. Il fallait assurer la transition d’ancien joueur à coach. Et dans son cas, celle plus difficile encore, d’ancien grand joueur à coach. Car les très grands, ceux qui tiennent une franchise ou remportent des titres de MVP, ne deviennent pas des grands techniciens.
Seul cinq Hall of Famers ont remporté un titre de champion ou plus sur le banc : Lenny Wilkens, K.C. Jones (deux titres), Tom Heinsohn (deux), Bill Russell (deux) et Bill Sharman. Plus récemment, on peut penser à Larry Bird, excellent mais éphémère coach à Indiana. « Certaines anciennes stars y arrivent, d’autres ont plus de mal », confesse le champion 2011.
Comme l’expliquer ? « On ne gagne pas autant d’argent que ces mecs-là », avance Steve Kerr, sourire aux lèvres, en parlant du Kidd joueur. « J’ai toujours entendu cette théorie : c’est plus dur pour les superstars de comprendre à quel point les choses sont compliquées pour les joueurs moins forts, moins importants qu’eux. Pour un joueur plus en retrait, le coaching a plus de sens, car il peut s’identifier aux 15 joueurs. Peut-être que ça force à davantage examiner les choses. »
Le coach des Warriors fut un ancien joueur de bon niveau, mais loin d’être une star. Comme Phil Jackson ou Pat Riley par exemple. Il a, en quelque sorte, fait le chemin inverse de Kidd : devenir un grand coach quand on n’a pas été un grand joueur.
« Pour la fraternité des coaches, Kerr est une superstar », déclare l’entraîneur de Dallas. « Il est Michael Jordan ou Magic Johnson. Il est à côté de Gregg Popovich quand on parle des coaches superstars. »