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« Ce gamin en Allemagne »… L’histoire de la découverte du Shaq

NBA – Personnage incontournable de la planète basket depuis plus de trente ans, Hall of Famer au palmarès gigantesque, Shaquille O’Neal restera une légende de son sport à jamais. Mais avant tout ça, il n’était qu’un gamin timide de 13 ans sans grand talent, exilé en Allemagne de l’Ouest !

Avant de devenir le Shaq, une machine à millions de dollars sur les parquets entre 1992 et 2011, et désormais en dehors dans les médias et au travers de très nombreux partenariats sponsoring, Shaquille O’Neal était ce gamin anxieux sur une base militaire en Allemagne, qui entretenait une relation épistolaire improbable avec Dale Brown, le coach des Tigers de LSU, de 37 ans son aîné.

Une tape dans le dos

Tout a commencé par une tape dans le dos. « Mmm, Mmm, Monsieur, je n’arrive pas à dunker, pourriez-vous m’envoyer de la documentation pour renforcer mes extrémités inférieures ? »

En visite à Wildflecken, sur une base militaire américaine en plein territoire d’Allemagne de l’Ouest, Dale Brown est interloqué. « Les extrémités inférieures » ? Il se retourne et fait désormais face à ce jeune soldat, plutôt costaud. « Depuis combien de temps es-tu engagé ? » Ce dernier le reprend : « Je ne suis pas dans l’armée, j’ai 13 ans ! » Le coach de Louisiana State n’en revient pas… Personne ne le sait encore, pas même Coach Brown, mais il tient là la future arme atomique du basket de l’an 2000.

Exilé en Allemagne quelques années auprès de son beau-père, militaire de carrière, Shaquille O’Neal va bientôt retrouver les Etats-Unis, du côté de San Antonio. Mais c’est d’abord sur le territoire de ce qui est alors nommé l’Allemagne de l’Ouest que le jeune Shaq s’évertue à progresser physiquement pour arriver à placer son tout premier dunk (tout en renforçant son lexique, Shaq racontant bien plus tard qu’il avait appris « extrémités inférieures » le jour-même pour ne pas sonner faux face à un coach d’Université).

« Vous savez, si ça se passait de nos jours, il aurait 10 millions de followers alors qu’il n’a que 16 ans », ajoute Sonny Vaccaro, le célèbre détecteur de talents dans The Athletic. « Mais à l’époque, il était un total inconnu. Personne ne savait qui était Shaquille O’Neal. »

« Coach, tu ne vas pas le croire, mais ce gamin en Allemagne dit qu’il fait 2 mètres maintenant ! »

Après avoir envoyé un premier courrier dès son retour à Bâton Rouge, Dale Brown reprend sa routine habituelle à LSU, mais toujours avec un oeil vers l’Allemagne. Plus exactement, c’est même une relation épistolaire qui démarre entre les Tigers et le jeune basketteur. Aux exercices physiques recommandés par Coach Brown, O’Neal répond par des missives dans lesquels il demande encore conseil et donne de ses nouvelles, notamment sur sa taille.

« À la fin de la deuxième lettre, il m’a écrit pour me tenir au courant de tout ce qu’il faisait », poursuit Ron Abernathy, l’assistant de Coach Brown. « Je l’ai lu et j’étais sur le cul. Je suis allé directement dans le bureau de Dale et je lui ai dit : ‘Coach, tu ne vas pas le croire, mais ce gamin en Allemagne dit qu’il fait maintenant 2m !' »

Le jeune O’Neal commence non seulement à dunker et affiner (un peu) son jeu de basketteur, mais il pousse également comme un champignon. « J’ai reçu une autre lettre au printemps (1987) et j’ai encore couru au bureau de Dale. Coach, tu ne vas pas le croire mais ce gamin en Allemagne dit maintenant qu’il fait 2m06 [il finira à 2m16] et sa famille déménage à San Antonio. »

De retour au pays, avec le rapatriement de son père adoptif, le Sergent Phil Harrison, au Fort Sam Houston de San Antonio, Shaquille O’Neal commence peu à peu à se faire connaître. Mais à l’époque pré-Internet, il s’agit essentiellement d’une échelle très locale. À part LSU qui se garde bien de divulguer toute information sur ce géant encore en sommeil, il n’y a bien que les Road Runners de UTSA (l’antenne de l’Université de Texas à San Antonio) qui s’étaient penchés sur le dossier. Mais sans grand espoir…

Sur la piste du Shaq

« J’étais dans le couloir un peu avant l’entre-deux et j’ai vu ce monstre marcher vers moi », se souvient un ancien assistant de UTSA, Gary Marriott, « et je n’ai pu m’empêcher de lâcher un juron. Coach Burmeister vient me voir et me dit que c’est Shaquille O’Neal. Il me dit : regarde ce gamin, on doit absolument le recruter ! »

Malgré un essai concluant, qui fera notamment dire à Marriott que cela aurait été sans conteste « la plus grosse recrue de l’histoire de la fac », O’Neal ne fera pas faux bond à LSU. Surtout, pour un prospect de son envergure, LSU a profité à plein de ce coup de pouce du destin, une véritable aubaine. Mais aussi de son époque.

« De nos jours, quand Shaq aurait été en quatrième ou en troisième, tout le monde aurait fait la queue pour le voir », raconte Johnny Jones, un ancien assistant à LSU. « Il ferait la une des magazines. Tout ce que vous voulez. Ce serait une situation complètement différente. Mais à l’époque, on a l’a eu pour nous pendant un an. »

Mis par hasard sur la piste d’une future superstar, LSU va ensuite faire les choses en grand, mais surtout dans l’ordre pour recruter définitivement O’Neal. Sans surprise, Abernathy a été le premier coach de LSU à faire le court déplacement à San Antonio, au début de l’année junior du jeune Shaq.

« Je me souviens être au téléphone et appeler les gars sur le campus : Coach, ce gamin est une sorte de monstre ! »

« J’entre dans cette petite salle et je me suis dit : ‘Oh… mon… Dieu !’ Je me souviens être au téléphone et appeler les gars sur le campus : Coach, ce gamin est une sorte de monstre ! »

Pour compléter sa visite, Abernathy fait le détour obligatoire par le domicile des O’Neal, avec Lucille, la maman qui gère la maisonnée et Phil Harrison, le sergent de police et père adoptif du jeune Shaq, qui s’occupe de l’éducation et de la discipline. De l’amour et de la rigueur, un cadre idéal pour bien faire pousser celui qui deviendra le « Big Cactus ». Craig Carse, un autre assistant, s’occupe du deuxième voyage au Sud Texas.

« C’était après l’année scolaire et c’était un peu fou, j’étais le seul coach dans la salle. J’ai appelé Dale et je lui ai dit qu’il ferait mieux de venir et voir le gamin de lui-même », reprend Carse. « C’était une époque différente. On n’avait pas de limite sur les coups de téléphone. J’ai parlé à Shaq pendant sept heures de suite un soir. J’ai fait la même chose avec Chris Jackson. Je faisais les allers – retours vers Gulfport dans le Mississippi le matin – 224 bornes ! On n’avait plus droit à d’autres visites avec Chris, donc j’attendais qu’il sorte de sous son porche et je le suivais vers l’école. Je conduisais à côté de lui qui marchait sur le trottoir. Je ne disais rien. Je lui faisais simplement signe. Et après, je revenais au campus pour 10h. Je commençais chacune de mes journées en conduisant 224 km, rien que pour l’aller. Tu n’obtiens pas un gars comme Chris Jackson parce que tu as de la chance. Tu le recrutes parce que tu as travaillé. La même chose avec Shaq. »

Suivi ainsi de très près par les assistants des Tigers, Shaquille O’Neal progresse bien depuis son retour aux Etats-Unis, mais il n’est alors opposé qu’à une opposition relativement faible, dans son lycée de Cole, situé précisément sur la base militaire. Lors d’une visite chez les O’Neal à la fin de son année junior, Coach Brown souffle au Sergent Harrison qu’il faudrait que Shaquille participe aux ligues d’été, pour se frotter à des joueurs plus talentueux, et côtés.

Coach Brown aurait-il perdu la tête ?

À côté de Brown, Carse n’en revient pas ! Brown aurait-il perdu la tête ? Pourquoi demander à O’Neal de se montrer aux yeux de tous dans ces camps d’été alors que LSU a réussi à garder sa pépite au secret ? « Je ne l’oublierai jamais. Dale m’a juste envoyé un regard et a dit : ne t’inquiète pas, on les a. »

Plutôt chargée en arrières et en meneurs, avec Kenny Anderson, Jimmy Jackson, Bobby Hurley ou encore Allan Houston, la classe 1989 était du cousu main pour l’arrivée en fanfare du phénomène Shaq. Ces derniers étaient invités à tous les camps principaux, le camp ABCD de Sonny Vaccaro, le Camp « Cinq Etoiles » de Howard Garfinkel ou celui « Blue Chip » de Dave Bones. De son côté, O’Neal ne s’était inscrit qu’à deux de ses événements estivaux : le Houston Shootout et le Basketball Congress International (BCI) qui avait lieu à Tempe, en Arizona. 

« J’étais assis dans les tribunes et je secouais la tête », poursuit Abernathy, présent sur ces événements et témoin de la sensation créée par O’Neal sur le circuit américain. « Il était bien sûr phénoménal mais maintenant, tout le monde parlait de lui. Mais qui est ce joueur ?! Je me suis dit à ce moment-là que son recrutement allait s’apparenter à un rodéo sur un cheval sauvage. »

Scooter McCray, un assistant de Louisville était lui aussi dans les tribunes à Houston. Le pauvre Matt Wenstrom, pivot pourtant bien noté à l’époque, a servi de souffre-douleur face à la tornade O’Neal.

« C’était plutôt clair que Dale Brown et LSU ont toujours été n°1 sur sa liste »

« Shaq courait sur le terrain, il dunkait tout ce qui bougeait. Il dominait tout simplement », raconte McCray. « Pour beaucoup de personnes qui étaient comme moi, c’était la première fois qu’ils voyaient ce gars en personne et Shaq s’en donnait à cœur joie face à [Matt Wenstrom]. Après ça, je parlais à tout le monde de lui. Je me souviens en parler à Pervis Ellison et Perv me disait : Allons, Scott, ce gamin est au lycée. Je lui répondais : oui, mais il va tout casser, tu verras. »

Des coachs de tout le pays ont convergé vers Phoenix pour la seconde apparition du nouveau Big Foot des parquets. A priori, le BCI devait se dérouler dans une salle d’entraînement du campus d’Arizona State, mais l’organisation a rapidement déplacé le match dans la salle de 14 000 places, dans lesquelles vinrent par la suite s’installer Eddie Sutton (Kentucky), Joey Meyer (DePaul), Dean Smith (North Carolina) et Digger Phelps (Notre Dame), au premier rang.

Le coaching staff d’Illinois était également sur le coup, mis sur la piste du jeune Shaq par nul autre que Ken Burmeister, le coach de UTSA. Mais c’était déjà trop tard semble-t-il…

« O’Neal allait clairement devenir une superstar et on se devait de le recruter », affirme Mark Coomes, alors assistant à Illinois. « Mais c’était plutôt clair que Dale Brown et LSU ont toujours été n°1 sur sa liste. »

Ça se bouscule au portillon

Comme le redoutaient les assistants de LSU, Abernathy et Carse, les deux premiers sur le coup, les autres facs se mettent rapidement sur les rangs pour essayer d’appâter O’Neal. Les lettres de recrutement s’amoncellent rapidement dans la boîte aux lettres de Shaq. Sans parler des coups de téléphone des entraîneurs eux-mêmes. Carse s’en souvient encore avec précision.

« Après le BCI, Shaquille m’appelle et me dit : Hey, UCLA m’a appelé. Louisville vient de m’appeler. North Carolina vient d’appeler. Hey, je viens de parler avec Jerry Tarkanian. John Thompson vient de m’appeler. Jim Valvano aussi. Et je me disais, et voilà, c’est parti… » 

Le robinet est ouvert, mais O’Neal va bien tenir sa barque. Il va certes accepter des visites de différents campus, dont celui de North Carolina par son futur coéquipier des Lakers, Rick Fox. Pour la confiance certes mais aussi pour manger, à l’oeil, dans les meilleurs restaurants à disposition.

La visite officielle de Shaq à Bâton Rouge s’est déroulée au début novembre 1988. Présenté à la foule pendant un match de football des Tigers, sous les cris de 80 000 fans (une technique de recrutement qui a depuis été bannie par la NCAA), O’Neal paraphait dans la foulée sa lettre d’intention en faveur de LSU… Touché par la réaction des fans, mais surtout loyal envers Coach Brown qui lui avait tendu la main quand il était timide débutant, O’Neal sera bel et bien un Tigre.

« Je pourrais être en Allemagne à jouer au foot et personne ne saurait même qui je suis »

« La première fois que j’ai vu Shaq, je n’avais jamais vu quelqu’un comme lui », assure Dale Brown. « Mais il s’est avéré qu’on est arrivé les premiers. Ça a fini par être la relation qui a changé ma vie. »

O’Neal tournera à 31 points, 22 rebonds et 6 passes de moyenne pour sa dernière année à Cole High, menant son équipe à une saison invaincue : 36-0 ! Pour couronner le tout, et malgré des problèmes de fautes, O’Neal placera un match à 38 points et 20 rebonds pour remporter le titre de l’état, vengeant par la même occasion l’affront de l’année précédente en finale.

Shaquille O’Neal est à un été de son entrée à LSU. Il est alors connu des recruteurs universitaires de tout le pays, et la presse nationale va bientôt se saisir du phénomène. Le jeune Shaq n’en est qu’à ses prémices, mais il fait peu à peu son entrée dans la lessiveuse de la célébrité. Un prélude à sa carrière dans la Grande Ligue.

Sa réponse de l’époque, dans le Fort Worth Star-Telegram daté d’avril 1989, en dit déjà long sur l’état d’esprit du jeune homme, se situant aux antipodes de la star planétaire qu’il est depuis maintenant trois décennies. « Toute cette attention ne me dérange pas parce que je pourrais être en Allemagne à jouer au foot et personne ne saurait même qui je suis. » 

Un très joli documentaire sur la relation Shaq – Dale Brown 

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