Depuis plusieurs années maintenant, Basket USA vous propose chaque mardi son Top 5 des candidats au trophée de « Most Valuable Player ». Et cette semaine, il nous fallait revenir sur le démarrage en trombe de Joel Embiid et Nikola Jokic, qui accumulent les performances XXL depuis le début de saison, et qui ont partagé la semaine dernière le trophée de Player Of The Week. Surtout, ces deux joueurs incarnent mieux que quiconque le retour des pivots sur le devant de la scène.
Depuis la démocratisation du « small ball », du jeu rapide et du tir à 3-points, les traditionnels postes 5 dominateurs avaient progressivement disparu des radars dans les années 2010. Preuve en est, aucun pivot n’a figuré dans le Top 3 du scrutin pour le titre de MVP depuis l’exercice 2010/11, et la deuxième place de Dwight Howard.
Modernisation progressive du poste
L’intérieur moderne se devant d’être à la fois mobile, athlétique, bon shooteur et habile de ses mains, à l’image d’Anthony Davis, Kristaps Porzingis ou Karl-Anthony Towns, cela a contraint certains ailiers-forts, qui cochaient ces caractéristiques, à se décaler au poste de pivot pour continuer à disposer d’un rôle majeur en NBA. En témoignent les exemples de Chris Bosh, Kevin Garnett, Pau Gasol, Al Horford ou Serge Ibaka, ces dernières années.
Et à moins de se réinventer, comme l’a brillamment fait Brook Lopez avec son shoot à 3-points, certains postes 5 ont peu à peu été mis sur la touche, comme Roy Hibbert et Greg Monroe, pour ne citer qu’eux. Même Dwight Howard avait été poussé vers la sortie, avant de renaître aux Lakers comme « role player ».
Qu’elle semble loin cette époque où les intérieurs, en particulier les pivots, raflaient saison après saison la statuette Maurice Podoloff. C’est bien simple : entre 1956 et 1983, 25 des 28 trophées ont été remportés par un intérieur. Et durant ce même laps de temps, neuf pivots se sont partagés 23 de ces 25 titres de MVP.
À partir de 1983, l’hégémonie des postes 5 s’est nettement dissipée avec les arrivées de Magic Johnson, Larry Bird et Michael Jordan, puisqu’il a fallu attendre 11 ans avant qu’un nouveau pivot ne soit récompensé.
C’est finalement Hakeem Olajuwon qui a mis un terme à cette période de disette, en 1994. La superstar des Rockets a d’ailleurs été imitée dès l’année suivante par David Robinson, avant que Shaquille O’Neal, l’autre poste 5 dominateur de cette décennie synonyme d’âge d’or 2.0 des pivots, ne soit sacré cinq ans plus tard.
Depuis 2000, aucun poste 5 n’a décroché ce prestigieux trophée de MVP, bien que trois intérieurs, des ailiers-forts donc, y soient parvenus : Tim Duncan en 2002 et 2003, Kevin Garnett en 2004 puis Dirk Nowitzki en 2007.
Depuis 2000, l’âge d’or des pivots n’est plus
Il n’empêche que Shaquille O’Neal aurait pu ajouter son nom au moins une fois de plus à ce palmarès, lui qui a terminé sur le podium en 2001, 2002 et 2005. Son homonyme, Jermaine O’Neal, a également fini dans le Top 3 d’un vote, en 2004. Quant à Dwight Howard, il est certainement le pivot ayant été le plus proche d’être récompensé depuis les O’Neal, figurant dans le Top 5 d’un scrutin de 2008 à 2011 et récoltant même quelques premières places sur la fin des années 2000 et sur le début des années 2010.
Enfin, comment ne pas mentionner l’exercice 2013/14 de Joakim Noah ? En effet, la quatrième place du Français en 2014 représente, à ce jour, le classement le plus élevé d’un poste 5 (à égalité avec Nikola Jokic, lui aussi quatrième en 2019) depuis Dwight Howard, deuxième en 2011. Quant à DeMarcus Cousins, c’est un vrai pivot à l’ancienne avec de bonnes mains et de bons appuis, mais hélas de graves blessures l’ont empêché de dominer sur la durée.
2021 pourrait donc bien marquer le retour d’un pivot élu MVP, grâce à Joel Embiid ou Nikola Jokic. Intraitables depuis l’entame de cette campagne 2020/21, ils font partie de notre Top 3, après six semaines de compétition, en compagnie de l’inusable LeBron James.
Il nous tarde déjà ce prochain Nuggets/Sixers qui aura lieu en deuxième partie de saison. En espérant, cette fois-ci, que le Covid-19 ne vienne pas nous priver du duel entre les deux meilleurs postes 5 du moment.
Les pivots élus MVP
1958 – Bill Russell
1960 – Wilt Chamberlain
1961 – Bill Russell
1962 – Bill Russell
1963 – Bill Russell
1965 – Bill Russell
1966 – Wilt Chamberlain
1967 – Wilt Chamberlain
1968 – Wilt Chamberlain
1969 – Wes Unseld
1970 – Willis Reed
1971 – Kareem Abdul-Jabbar
1972 – Kareem Abdul-Jabbar
1973 – Dave Cowens
1974 – Kareem Abdul-Jabbar
1975 – Bob McAdoo
1976 – Kareem Abdul-Jabbar
1977 – Kareem Abdul-Jabbar
1978 – Bill Walton
1979 – Moses Malone
1980 – Kareem Abdul-Jabbar
1982 – Moses Malone
1983 – Moses Malone
1994 – Hakeem Olajuwon
1995 – David Robinson
2000 – Shaquille O’Neal
1 – Nikola Jokic (Nuggets)
Bilan : 12 victoires, 8 défaites – 4e à l’Ouest.
Stats : 26.8 pts, 11.8 reb, 8.6 pds, 1.8 int, 0.6 ctr et 4.0 bps en 36 min.
Pourcentages : 57% aux tirs, 38% à 3-pts et 84% aux lancers.
2 – LeBron James (Lakers)
Bilan : 16 victoires, 6 défaites – 3e à l’Ouest.
Stats : 25.0 pts, 7.7 reb, 7.5 pds, 0.9 int, 0.5 ctr et 3.5 bps en 34 min.
Pourcentages : 49% aux tirs, 41% à 3-pts et 72% aux lancers.
3 – Joel Embiid (Sixers)
Bilan : 15 victoires, 6 défaites – 1er à l’Est.
Stats : 28.3 pts, 11.1 reb, 2.8 pds, 1.2 int, 1.3 ctr et 3.1 bps en 32 min.
Pourcentages : 54% aux tirs, 40% à 3-pts et 84% aux lancers.
4 – Kawhi Leonard (Clippers)
Bilan : 16 victoires, 5 défaites – 1er à l’Ouest.
Stats : 25.9 pts, 5.2 reb, 5.4 pds, 1.8 int, 0.6 ctr et 1.6 bps en 34 min.
Pourcentages : 51% aux tirs, 41% à 3-pts et 92% aux lancers.
5 – Kevin Durant (Nets)
Bilan : 13 victoires, 9 défaites – 3e à l’Est.
Stats : 30.9 pts, 7.4 reb, 5.6 pds, 0.8 int, 1.4 ctr et 3.4 bps en 34 min.
Pourcentages : 52% aux tirs, 45% à 3-pts et 87% aux lancers.
Mentions : Paul George, Giannis Antetokounmpo, Stephen Curry, Jaylen Brown, Donovan Mitchell, Domantas Sabonis, Damian Lillard…