L’Utah vient de perdre l’un de ses monuments. Décédé il y a une semaine, Jerry Sloan laisse un vide dans l’univers NBA, en particulier dans l’État américain auquel il restera associé. Après une première vague spontanée d’hommages, au tour de Gail Miller, la propriétaire de sa franchise de toujours, de saluer l’ancien coach du Jazz.
« Les gens le respectaient. Le Jazz est important dans cet État, l’équipe attire l’attention de tout le monde. La façon dont il menait son affaire le faisait aimer des gens »
L’homme « qui a changé l’attitude basket dans l’Utah », explique cette dernière. « Il nous a apporté quelque chose que nous n’aurions pas eu sans lui. Il était tellement dévoué à la création du bon outil susceptible d’unir tout le monde. Il était « M. Basketball ». Les gens le respectaient. Le Jazz est important dans cet État, l’équipe attire l’attention de tout le monde. La façon dont il menait son affaire le faisait aimer des gens. Il a donné beaucoup de leçons : ‘Faites votre boulot tous les jours, donnez tout ce que vous avez, c’est un sport d’équipe…’ »
Un état d’esprit qui collait très bien à ce territoire des États-Unis, très loin des « stars systèmes » propres aux grosses villes comme Los Angeles ou New York. Jerry Sloan, c’était plutôt le coach sans prétention capable de venir à l’entraînement avec sa vieille camionnette pour bosser, comme le fermier qu’il était durant l’intersaison.
Une modestie qui s’incarnait également dans sa façon d’aborder les saisons les unes après les autres, à vouloir faire ses preuves en permanence. « Il ne s’est jamais relâché au point de penser qu’on ne le renverrait pas, » poursuit la dirigeante, marquée par la grande timidité de Jerry Sloan. « Nous lui disions qu’il serait toujours notre entraîneur et qu’il serait toujours aux commandes, que nous ne le minerions jamais avec les joueurs et que c’était son droit de s’occuper de l’équipe comme il le voulait, mais il avait du mal à croire qu’on ne le laisserait pas partir. »
« Il était épuisé et disait en avoir fini »
Jerry Sloan est finalement parti de son propre chef, en 2011, après une brouille avec sa star de l’époque, Deron Williams. Son départ mettait fin à un règne de 23 ans. « Nous avons essayé de l’en dissuader, » se souvient Gail Miller. « Nous lui avons tout balancé. Je pense qu’il était juste épuisé. Il était juste à ce moment de sa vie et peut-être au début de cette maladie. Il était épuisé et disait en avoir fini. Ce qui était difficile, c’est que nous ne pouvions même pas le convaincre de rester jusqu’au All-Star Game (ndlr : qui avait lieu quelques jours après). »
Dans sa biographie, Larry Miller, défunt mari de l’actuelle propriétaire qui s’est chargé de recruter Jerry Sloan, se souvenait avoir donné les « pleins pouvoirs » au coach dès sa première année en tant que coach principal, en 1988, après avoir été assistant les saisons précédentes.
« En cette époque où les joueurs touchent plusieurs millions de dollars, les joueurs ont souvent plus de pouvoir que l’entraîneur, » assurait l’ancien patron de la franchise. « Les propriétaires et la direction se plient aux exigences de leurs joueurs vedettes parce qu’ils ont investi beaucoup d’argent en eux. Nous avons laissé Jerry diriger l’équipe comme il l’entendait. »