Il y a eu des larmes, et même des torrents de larmes quand Vanessa Bryant est montée sur l’estrade après deux chansons de Beyonce, les préférées de Kobe. Allait-elle être là, au Staples Center, pour rendre hommage à son Kobe et sa Gianna ? La réponse est « oui », et ses mots et son émotion ont frappé tous les coeurs de la salle. Sa lettre à son mari et son enfant était puissante et émouvante, et elle peignait un Kobe et une Gianna qu’elle seule pouvait connaître. Un époux et une fille qui étaient inséparables. « Dieu savait qu’ils ne pouvaient pas être séparés sur terre. Il devait les amener à lui ensemble. Mon bébé, prend soin de notre Gigi. J’ai Natalia, Bianka et Capri. On reste la meilleure équipe.«
Dans la salle, joueurs, personnalités et anonymes sont en larmes. Tout le monde est inconsolable. On croise le regard humide de Gregg Popovich, Tony Parker, Phil Jackson et de Kyle Kuzma. Mais aussi de Bill Russell, Jerry West et Adam Silver. Toutes les générations sont là. Il y a 70 ans d’histoire de la NBA pour cette cérémonie. Sur la scène, au centre de dizaines de milliers de roses, Vanessa Bryant rayonne par sa force et sa dignité. « Son sourire était comme un rayon de soleil » décrit-elle à propos de sa Gigi. « Son sourire prenait tout son visage. Comme moi. Kobe disait qu’elle était comme moi. Elle avait ma passion, ma personnalité et mon ironie. À l’intérieur, elle était tendre et amoureuse. Elle avait le plus beau des rires. Il était contagieux. C’était pur et sincère. »
Puis elle a évoqué Kobe, « le plus épatant des maris. J’étais le feu, il était la glace. Et vice versa de temps en temps. Il était tout pour moi. »
« Quand Kobe est mort, une partie de moi est morte aussi »
Lorsqu’elle descend de la scène, c’est Michael Jordan qui lui tend la main. Jordan, c’était le modèle, le mentor et le professeur. Et quand il monte sur l’estrade, en larmes, « Son Altesse » explique qu’il voulait être « le meilleur des grands frères. » Le sextuple champion NBA multiplie les anecdotes et ses larmes ne cessent de couler. Il renifle, et il sait déjà que la toile va se moquer de lui. Comme lorsqu’il était au Hall Of Fame. Dans la salle, les larmes laissent place aux rires. Comme un soulagement. Mais les pleurs ne sont pas loin quand Jordan conclut son speech par ses mots : « Quand Kobe est mort, une partie de moi est morte aussi. »
Chaque témoin raconte son Kobe. Celui de l’ombre le plus souvent. Celui qui contacte son ancien agent et ami Rob Pelinka alors qu’il est dans ce foutu hélicoptère. L’actuel président des Lakers est à l’église, en famille. Kobe lui demande un contact dans le baseball parce qu’un jeune cherche un stage. Ce sera son dernier SMS.
Diana Taurasi et Geno Auriemma évoqueront la passion de Kobe Bryant pour le basket féminin, et ils raconteront le Kobe papa d’une prodige du basket qui « faisait des passes » et qui ne devait pas écouter son père… Puis pour finir, il y a eu Shaquille O’Neal. L’immense Shaq devant qui le pupitre semble tout petit. Lui aussi a perdu son petit frère, et il compare leur relation, leur complicité mais aussi leur rivalité à celles qui existaient entre John Lennon et Paul McCartney. Et le Shaq y va de son anecdote pour dérider l’ambiance. On la connaît presque d’avance : « Kobe, il n’y a pas « I » dans Team« . Et Kobe de lui répondre : « Je sais mais il y a « M » et « E » dans « Motherfu….« . La salle est hilare. Dwyane Wade, Stephen Curry, mais aussi Kareem Abdul-Jabbar et Elgin Baylor retrouvent à nouveau le sourire. Ce sourire qui surgit sur l’écran géant où l’on voit Kobe, avec les siens, voir ses maillots grimper au plafond de la salle.
Pendant plus de deux heures, par les mots, on a tous retrouvé le Kobe Bryant qu’on a connu pendant plus de 20 ans. Mais on a découvert le Kobe ami, le Kobe père et le Kobe mari. Et il survivra dans la mémoire de chacun.