Depuis 2009 qu’il est à Kentucky, John Calipari n’a pas été malheureux en terme de recrutement. L’obligation imposée par la NBA d’avoir au moins 19 ans pour se présenter à la Draft a largement profité à son université.
Les meilleurs lycéens ou presque choisissaient généralement Kentucky ou Duke – les plus représentés en NBA – et c’est ainsi qu’il a participé à quatre Final Four en dix ans, décrochant le titre suprême en 2012. Seulement, le « one-and-done » va disparaître d’ici 2022 et beaucoup de ces talents vont directement tenter leur chance vers la NBA. John Calipari en est conscient mais il pense que c’est une erreur.
« Personne ne veut aller à l’école », déclare-t-il. « On aimerait sauter cette étape, mais on y va. J’y suis allé car mes parents me disaient que c’était la seule façon de réussir. Anthony Davis était-il prêt pour la NBA à la sortie du lycée ? Non. Karl-Anthony Towns ? John Wall peut-être. Eric Bledsoe ? Brandon Knight ? Je peux prendre nos lottery picks et assurer que 90% n’étaient pas prêts. »
Pour le coach à vie de Kentucky, l’argent de la grande ligue pèse trop lourd dans le choix des joueurs. Là aussi, selon lui et même s’il prêche pour sa paroisse, c’est un grave problème à ses yeux.
« En fin de premier tour, ils sont bloqués en G-League et ne touchent pas grand chose », avance-t-il alors qu’en moyenne, un joueur drafté en fin de premier tour touche cinq millions sur trois ans. « La moitié part dans les impôts. Donc comment faire avec le reste ? Vous pensez qu’ils vont épargner ? Ils vont le dépenser comme s’ils touchaient 50 millions. C’est prendre un risque et parier que sa vie est terminée dans deux ans si on ne réussit pas à s’imposer en NBA. Dès lors, c’est compliqué de jouer dans ces conditions quand on a 17 ou 18 ans. »
Comment éviter donc que des dizaines et des dizaines de joueurs tentent ce pari et ne deviennent une « génération sacrifiée » comme le pense déjà John Calipari ? En procédant à des choix. Ce dernier souhaiterait que les dirigeants de la fédération américaine jugent les lycéens en prenant également en compte l’aspect académique, pour choisir les lycéens à même d’intégrer les futurs programmes de la sélection. Et donc de se présenter à la Draft ensuite.
Une solution qui aurait l’avantage de ne pas totalement exclure les universités de l’équation…
« Je parle avec le cœur, car c’est ce que je crois », assure-t-il. « Je veux être celui qu’on regardera plus tard, et dont on dira de lui : il avait dit ça il y a dix ans et personne ne l’a écouté. »