Si on avait dit en février aux Warriors que la défense de leur titre passerait par un duel au second tour des playoffs avec les Pelicans, ils n’y auraient sans doute pas cru. Et pourtant, après avoir compensé l’absence de DeMarcus Cousins puis balayé les Blazers, à la surprise générale, les coéquipiers d’Anthony Davis arrivent à l’Oracle Arena en pleine bourre. Depuis la titularisation de Nikola Mirotic, La Nouvelle-Orléans reste sur neuf victoires de suite, cinq pour finir la saison régulière, dont une à Oakland, et quatre au premier tour contre Portland.
Les Warriors ont eux utilisé leur face à face avec les Spurs pour retrouver leur rigueur et intensité défensives. Faciles vainqueurs en cinq manches, ils devront toutefois continuer à hausser leur niveau de jeu pour venir à bout du duo Anthony Davis – Jrue Holiday. Si le « Brow » joue le meilleur basket de sa carrière, l’ancien Sixer lui a emboité le pas des deux côtés du terrain, tirant dans son sillage un groupe orchestré d’une main de maître par Rajon Rondo.
La marche qui attend les Pelicans est cependant bien plus haute que celle qu’ils ont aisément enjambé la semaine dernière, et avec Stephen Curry qui pointe le bout de son nez, les Warriors partent favoris d’une série qui sera jouée à 100 à l’heure.
MENEURS |
Si Steve Kerr pourrait entamer le premier match avec Andre Iguodala au poste de meneur de jeu, le retour de Stephen Curry est imminent. Pour la première fois depuis sa blessure au genou, le double MVP a participé jeudi à l’intégralité de l’entrainement de son équipe. S’il arrive à enchaîner, il pourrait être présent samedi mais Golden State ne prendra aucun risque avec son franchise player. Un retour pour le deuxième ou troisième match semble plus plausible.
En son absence, la défense des Pelicans pourra prendre plus de liberté pour laisser Andre Iguodala ouvert derrière la ligne à 3-points et venir aider sur Kevin Durant et Klay Thompson.
Les Warriors utiliseront la même stratégie face à « Playoffs Rondo », pour tenter de limiter l’impact d’Anthony Davis. Magistral lors du premier tour, l’ancien joueur des Bulls est devenu un pion incontournable de l’attaque d’Alvin Gentry. Auteur de la moitié des passes décisives de son équipe contre Portland, sa lecture du jeu sera déterminante pour mettre à mal la défense des champions en titre et faire payer les prises de risque de Draymond Green.
Une fois le retour de Stephen Curry sur le terrain, même si il n’est pas à son meilleur niveau, Golden State aura un avantage notable à cette position car cela forcera La Nouvelle-Orléans à changer sa stratégie défensive.
Avantage : Golden State
EXTERIEURS |
Après avoir dominé Damian Lillard et C.J. McCollum, Jrue Holiday aura une tâche encore plus difficile lors de cette série. Il devra continuer à mettre la pression sur la défense adverse tout en servant de défenseur principal sur la paire Klay Thompson – Kevin Durant. Si le mettre sur le « Splash Brother » semble logique, les limites de La Nouvelle-Orléans au poste d’ailier le forceront sans doute à passer beaucoup de temps sur le MVP des dernières finales avec un déficit de taille de 15 cm.
Alvin Gentry avait d’ailleurs opté pour cette option lors de la dernière rencontre entre les deux équipes et KD avait terminé avec 41 points à 61% de réussite aux tirs.
E’Twaun Moore, trop petit pour gêner Kevin Durant, est le maillon faible du cinq de départ des Pelicans malgré sa capacité à tirer de loin. Il aura lui aussi fort à faire s’il passe la plupart de son temps sur Klay Thompson. L’arrière de Golden State sort d’une série où il a tourné à plus de 50% aux tirs et aura plus d’espace après le retour de Stephen Curry. De l’autre côté, il aura la responsabilité de ralentir Jrue Holiday qu’il a qualifié de « joueur All-NBA » après sa performance du premier tour.
Avantage : Golden State
INTERIEURS |
À l’instar de Kevin Durant pour les Pelicans, Anthony Davis sera un casse-tête pour les Warriors. Dominateur face aux Blazers avec 33 points et 13 rebonds de moyenne, il devrait dominer un JaVale McGee qui n’aura aucune chance face à la combinaison de talent, de puissance et de finesse de celui qui devrait finir dans le Top 3 du vote pour le MVP cette saison.
Draymond Green et Kevin Durant semblent alors être les seules options viables sur Anthony Davis. Draymond Green peut combler son manque de taille par une agressivité de tous de tous les instants alors que les longs segments de Kevin Durant forceront la star des Pelicans à prendre des tirs difficiles.
« C’est un super joueur, vous devez lui rendre la vie difficile et vivre avec le résultat, » expliquait Draymond Green, avant de laisser Kevin Durant prendre le relais. « Lors de la série précédente, il avait trop de libertés sur pick & roll. Il est très dangereux mais on doit bien défendre sur Rondo et Holiday pour limiter leur relation. »
Anthony Davis est aussi essentiel pour la défense des Pelicans. À l’image de Draymond Green, il est efficace en aide pour protéger le cercle, tout en étant également à l’aise au large. Le poste de pivot étant le talon d’Achille de l’attaque de Golden State, ne soyez pas surpris si « Unibrow » ignore JaVale McGee pour être agressif en rotation. Steve Kerr pourrait alors répondre en se tournant beaucoup vers son « Death Lineup » pour forcer Anthony Davis à couvrir plusieurs actions.
À ses côtés, Nikola Mirotic est sur un nuage depuis qu’il a rasé sa barbe. D’une adresse diabolique, l’Espagnol est aussi capable d’attaquer le cercle et de faire vivre la balle. En deux mois, il est devenu l’un des joueurs les plus importants de l’équipe d’Alvin Gentry. Reste à voir comment Golden State va répondre mais, là encore, on ne serait pas étonné de voir Steve Kerr aller très vite vers le « small ball » avec un Draymond Green pivot et un Andre Iguodala sur Nikola Mirotic.
Avantage : New Orleans
LES BANCS |
Si Alvin Gentry a trouvé un cinq de départ qui carbure, on ne peut pas dire la même chose de son banc. Face aux Blazers, seuls Ian Clark, Darius Miller, Solomon Hill, et par moment Cheick Diallo sont entrés en jeu. Si Ian Clark, qui sera motivé à l’idée de jouer contre son ancienne équipe, et Darius Miller apportent une menace supplémentaire de loin, ils handicapent leur équipe de l’autre côté. La réciproque est vraie pour Solomon Hill. Ses qualités défensives l’amèneront à passer du temps sur Kevin Durant, son manque d’adresse réduira le « spacing » nécessaire au bon fonctionnement de l’attaque des Pelicans.
En face, Steve Kerr peut compter sur un banc plus fourni avec en tête d’affiche David West et Shaun Livingston. Solides face aux Spurs, les deux vétérans auront de nouveau un rôle important dans la rotation des Warriors. Kevon Looney a lui soufflé le chaud et le froid au premier tour mais avec Zaza Pachulia hors de la rotation, il sera amené à jouer entre 20 et 25 minutes par match. Enfin, le retour de Stephen Curry poussera de nouveau Andre Iguodala dans son rôle de sixième homme, limitant par la même occasion le temps de jeu de Quinn Cook et de Nick Young.
Steve Kerr n’hésitera toutefois pas à les lancer s’il a besoin d’avoir plus de shooteurs sur le terrain. Sans compter qu’on pourrait peut-être revoir le rookie Jordan Bell, dont la polyvalence défensive pourrait aider.
Avantage : Golden State
LES COACHES |
Lors du titre des Warriors en 2015, Alvin Gentry était le premier assistant de Steve Kerr. Les deux entraîneurs, qui s’étaient déjà côtoyés à Phoenix, partagent la même philosophie de jeu où l’altruisme, le mouvement et l’adresse sont rois. Autant dire qu’ils se connaissent sur le bout des doigts et ils n’ont pas hésité à se chambrer par presse interposée.
Le staff des Pelicans possède un autre ancien de la maison Warrior : Darren Erman. C’est lui qui était le responsable du renouveau défensif de Golden State lors de l’arrivée de Mark Jackson, et il est maintenant le spécialiste de la défense de La Nouvelle-Orléans. Comme l’explique Draymond Green, les Pelicans connaissent donc les Warriors sur le bout des doigts.
« Je suis certain qu’Alvin a plus d’un tour dans son sac en attaque mais la défense, ce n’est pas son truc. Il vous dira sans cesse que personne n’a gagné un match 0 à 0, » expliquait-il après la qualification des Warriors. « Par contre, il a un architecte défensif à ses côtés avec Darren Erman. Et je sais que Erm étudie la vidéo de tous nos matchs depuis le début des playoffs. Il nous connait bien, il nous a coachés lors de nos premières années et je suis sûr que lui aussi va nous concocter quelque chose de spécial… Mais n’oublions pas que nous avons aussi un super staff et si Gen (Alvin Gentry) veut faire mieux que Steve, alors bonne chance ! »
Le style et les effectifs des deux équipes nous promettent une partie d’échecs intense. Les deux équipes aiment pousser la balle en transition et mettre la pression sur la défense adverse. Nous avons déjà abordé des potentiels « crossmatchs » (quand un joueur ne défend pas sa position) et il va être passionnant de voir qui de Kerr ou de Gentry arrivera à faire craquer l’autre en premier. Si le technicien de Golden State fait partie des meilleurs entraineurs de la ligue, Alvin Gentry a démontré cette année, en changeant le style de jeu de son équipe après la blessure de Demarcus Cousins, qu’il est tout aussi capable.
Égalité
LA CLÉ DE LA SERIE |
Jrue Holiday et Nikola Mirotic peuvent-ils continuer à ce niveau ? Face à Portland, Jrue Holiday et Nikola Mirotic ont tourné à 46 points par match à 57% de réussite aux tirs ! Si la défense de Golden State n’arrive pas à les ralentir, alors les Pelicans auront une chance de sortir le champion en titre.
Est-il toutefois réaliste de penser qu’ils pourront tenir le rythme ? La probabilité et l’histoire des playoffs nous disent que non. Avec l’intensité défensive qui augmente, les pourcentages de réussite eux diminuent. Lors du premier tour, l’inverse s’est produit pour les deux joueurs. Nikola Mirotic a connu un bon d’adresse de 15 points, soit deux fois plus que Jrue Holiday. Face à Klay Thompson, Andre Iguodala, Kevin Durant, Draymond Green et aux rotations précises de la défense des Warriors, il serait difficile d’imaginer que ses chiffres restent en l’état. D’autant qu’ils devront davantage défendre que face aux Blazers avec le cas Kevin Durant à régler.
Jrue Holiday et Nikola Mirotic n’ont toutefois pas besoin d’être en feu pour venir titiller Golden State tant l’adresse des pensionnaires de l’Oracle Arena est sur courant alternatif. Si Draymond Green et Andre Iguodala, qui seront laissés ouverts, continuent de rivaliser de maladresse derrière la ligne à 3-points et si la défense des Pelicans parvient à gêner Klay Thompson, alors de solides performances du duo Holiday-Mirotic pourraient être suffisant pour épauler Anthony Davis et créer la surprise.
EN SAISON REGULIERE |
Golden State 3-1
20 octobre : New Orleans – Golden State (128-120)
25 novembre : Golden State – New Orleans (110-95)
4 décembre : New Orleans – Golden State (115-125)
7 avril : Golden State – New Orleans (120-126)
VERDICT |
Les Pelicans jouent leur meilleur basket de la saison et ils auront besoin de rester à ce niveau pour pousser Golden State dans ses derniers retranchements. Les Warriors, quant à eux, ont une marge de progression considérable. Ils ont passé la seconde face aux Spurs, avant de finir la série avec moins de fougue, en particulier sur le plan offensif. Malheureusement pour La Nouvelle-Orléans, les hommes de Steve Kerr savent que cet adversaire peut leur poser des problèmes qu’ils n’ont pas encore rencontrés jusque-là. Ça devrait être suffisant pour voir une équipe de Golden State hausser de nouveau le ton.
Et puis, il y a Stephen Curry. Certes, il aura surement besoin d’un peu de temps pour trouver son rythme, même s’il a l’habitude de revenir de blessure en mode feu d’artifice, mais sa seule présence change complètement la donne pour la défense des Pelicans. Il permettra également de minimiser les problèmes d’adresse de ses coéquipiers et donc de diminuer la pression.
Face à Portland, les Pelicans ont capitalisé sur le manque de talent derrière Lillard et McCollum pour faire payer les Blazers. Cette fois, l’équilibre est inversé. Les Warriors ont trop d’armes et trop d’expérience pour déjouer ou paniquer s’ils perdent l’un des deux premiers matchs à domicile. Même un Anthony Davis stratosphérique des deux côtés du terrain ne devrait pas être suffisant pour infliger à Steve Kerr, et son armada de All Stars, sa première élimination à l’Ouest.
Golden State 4-2
CALENDRIER |
Game 1 : à Golden State, samedi 28 avril (à 4h30)
Game 2 : à Golden State, lundi 30 avril (à 4h30)
Game 3 : à New Orleans, vendredi 4 mai (à 3h30)
Game 4 : à New Orleans, dimanche 6 mai (à 21h30)
Game 5 : à Golden State, **
Game 6 : à New Orleans, **
Game 7 : à Golden State, **
**si nécessaire