Dirk Nowitzki laisse à ses héritiers son fadeaway sur une jambe

Dans l’histoire de la NBA, Dirk Nowitzki restera sans doute comme le meilleur joueur européen, et il léguera aussi son mythique fadeaway sur une jambe. Un geste pas nécessairement d’une élégance folle mais qui, avec une telle combinaison de taille et de technique, s’est imposé comme un des tirs les plus efficaces de tous les temps.

Un tir que Dirk Nowitzki a presque inventé et qui, selon ses dires, est à la portée de tout le monde.

À la recherche de l’espace perdu

« Si vous avez le toucher et l’équilibre, je ne pense pas que ce soit un tir si difficile », raconte le MVP 2007 dans un superbe article consacré à son shoot sur ESPN. « Ce n’est pas comme le skyhook de Kareem Abdul-Jabbar. Ce tir-là est probablement le plus difficile du basket. Mais ce fadeaway à une jambe, c’est un shoot sur une jambe où, certes, on recule. Mais sinon, tout se passe avec les bras. C’est le même shoot qu’un autre. »

Est-ce la raison pour laquelle il a décidé d’en faire l’arme la plus puissante de son arsenal offensif ?

« Je n’ai jamais été le joueur le plus rapide, capable de déborder avec mon dribble un défenseur », expliquait-il au Star Telegram en 2014. « Donc je devais trouver quelque chose pour créer un espace, une séparation. Le step-back est une bonne solution. Comme je fais 2m13, il y a peu de joueurs sur lesquels je ne peux pas shooter. Donc, avec cet espace, ils ne peuvent pas venir me chercher. Ça a commencé comme ça. »

Depuis, plusieurs joueurs dans la ligue, grands comme petits, ont essayé de l’imiter. Les Kobe Bryant, LeBron James, Giannis Antetokounmpo ont été de superbes élèves. Le septième joueur à dépasser les 30 000 points avait rendu hommage à ce shoot en 2011, avant les Finals entre Dallas et Miami.

« Je pense que le tir le plus ‘incontrable’ de l’histoire reste le skyhook mais Dirk est numéro 2. On a un joueur de 2m13 qui prend des fadeaways sur une jambe. Personne ne peut contrer un tel tir ».

Si les meilleurs joueurs du monde ont tous ou presque un jour tenté la marque de fabrique du grand Dirk, un seul semble tutoyer le maître, que ce soit en terme de qualité ou de quantité : Kevin Durant. « Je suis devenu de plus en plus à l’aise avec le shoot sur une jambe de Dirk », confesse le MVP 2014. « C’est devenu mon shoot de prédilection. »

Durant, ancienne victime devenue digne héritier

Il faut rappeler qu’en finale de conférence 2011, l’ailier des Warriors, alors au Thunder, avait pris la leçon face au futur champion texan. L’été suivant donc, le déclic est arrivé dans la tête du meilleur marqueur de la ligue de l’époque.

« C’était la saison du lockout, et j’avais donc beaucoup de temps. Pendant 4 ou 5 mois, j’ai shooté 100 ou 200 tirs par jour pour le perfectionner, avoir le toucher parfait. Quand la saison a commencé, à Noël, je sentais que j’étais prêt car j’avais eu du temps pour le travailler. Il faisait partie de mon répertoire, j’étais fier de moi. »

Même si on n’utilise pas une telle botte secrète sans de petites adaptations.

« Je devais m’assurer que j’étais bien sur mes talons quand je shootais ce tir. Essayez de tenir sur les orteils d’un seul pied… C’est impossible. Il suffit d’imaginer tirer comme ça. Mon talon devait absolument rester au sol et être le dernier à quitter le sol. »

Le tir des années 2000 ?

Kevin Durant possède les mêmes qualités que Dirk Nowitzki : taille, toucher, shoot extérieur. Il a même des qualités athlétiques supérieurs à l’Allemand. Il était donc le joueur parfait pour moderniser ce tir et même lui faire prendre une nouvelle dimension en transition ou en l’exécutant avec davantage de vitesse.

« C’est probablement quelque chose que Dirk n’a pas fait beaucoup : prendre le rebond, remonter la balle et shooter le fadeaway » poursuit Kevin Durant. « C’est un tir sur lequel je peux m’appuyer. »

D’autant que les règles, qui avantagent plus les attaquants que dans les années 1990, permettent à Dirk Nowitzki ou Kevin Durant de profiter au maximum de ce tir.

« Quand je suis arrivé, les règles étaient différentes », rappelait la légende des Mavs en 2014. « Désormais il y a moins de handchecking et des défenses de zone. Un jeu fluide m’a aidé. Si les règles n’avaient pas changé, avec toujours des actions dos au panier pendant 10 secondes, cela n’aurait pas eu le même impact. Les circonstances ont eu un rôle dans son succès. »

Le plus important sûrement : son efficacité. « Bien sûr, les gens vous regardent et pensent que c’est bizarre. Mais c’est facile à faire et c’est le shoot parfait », conclut DeMarcus Cousins, qui ne le maîtrise pas encore.