Il faut parfois s’écarter des idées reçues. Si les Rockets possèdent l’une des attaques les plus prolifiques de la NBA, ce n’est pas parce qu’ils courent et shootent tout le temps, version imagée du fameux « run-and-gun ». Certes, Mike D’Antoni est l’instigateur de l’attaque « 7 seconds or less » mais c’était au temps des Suns. Aujourd’hui, à Houston, ce n’est plus vrai.
Pour preuve, les Rockets ne sont que 27e de la NBA au nombre de tirs tentés par match ! Et pourtant, dans le même temps, ils sont 2e de la NBA si l’on rapporte ce chiffre sur 100 possessions…
Un effectif âgé = moins de vitesse et de courses
Que faut-il en déduire ? Tout simplement que les Rockets prennent davantage leur temps en attaque. D’abord parce que l’effectif est âgé, c’est même le 3e plus âgé de la NBA avec plusieurs trentenaires (Paul, Ariza, Tucker, Nene, Mbah A Moute) ou des joueurs qui s’en approchent (Harden, Gordon, Anderson). Forcément, plus les joueurs sont âgés, moins ça cavale…
Ensuite, Chris Paul comme James Harden aiment dribbler, et c’est autant de secondes perdues en attaque.
En fait, le « run-and-gun » de Mike D’Antoni a disparu, ou plutôt s’est dissout dans le « Moreyball », cher au GM de Houston. On en rappelle le principe : privilégier l’efficacité avec la recherche des shoots les plus rentables. Quels sont-ils ? Le lancer-franc bien sûr même si ça ne vaut qu’un point, les shoots près du cercle dont le pourcentage de réussite est le plus élevé, et bien sûr le 3-points qui offre un bonus à chaque tir.
LES SHOOTS DES ROCKETS EN 2017
Les Rockets inscrivent moins de deux paniers par match à mi-distance
Si les Rockets tentent en général moins de tirs que leurs adversaires, ils sont en revanche numéro 1 de la NBA au nombre de tentatives à 3-points. Ils en prennent 44 par match, et ça représente 53% de leurs tirs. Aucune équipe en NBA ne possède un tel ratio : à Houston, plus d’un tir sur deux est donc pris à 3-points. C’est unique, et à écouter Mike D’Antoni, c’est lié aux choix de la défense sur le pick-and-roll qui lance les attaques.
« Souvent, lorsqu’on prend l’avantage sur le mismatch, les défenseurs vont faire une prise à deux. Pour nous, c’est gagnant dans les deux cas. S’ils ne doublent pas, on va marquer. S’ils doublent, on essaiera de marquer à 3-points. »
À Houston, on a d’ailleurs compris depuis longtemps que le shoot à mi-distance était à proscrire pour être efficace. Cette année, les points inscrits dans cette zone située entre la raquette et la ligne à 3-points ne représentent que 4% des points des Rockets. Depuis l’arrivée de James Harden en 2012, les Rockets sont ainsi passés de 20 à 4% de points inscrits à mi-distance. C’est le plus petit pourcentage de la ligue, et de loin, et ça ne représente que 3.5 points par rencontre. Dit autrement : les Rockets inscrivent moins de deux paniers par match à mi-distance ! À titre de comparaison, Sacramento inscrit près de 20% de ses points dans ce secteur, et ils sont bons derniers de la NBA en terme d’efficacité avec 1.07 point par tir.
Et la contre-attaque ?
Chez les Rockets, bien plus encore que chez les Warriors d’ailleurs, on recherche l’efficacité de manière presque robotique, et elle se traduit par le choix des tirs primés et des shoots près du cercle avec comme bilan : 1.35 point inscrit à chaque tir. Seul Golden State fait mieux (1.37).
Ce qui en revient au final à décrire le jeu de James Harden, capable d’aller au bout sur des pénétrations, avec ou sans la faute, d’envoyer Clint Capela au alley-oop ou de ressortir sur ses shooteurs (Gordon, Anderson…). Le « Moreyball », c’est le jeu de James Harden avec ce simple pick-and-roll en tête de raquette pour lancer l’attaque. C’est basique, mais ça marche…
« Il est tellement bon sur pick-and-roll… Pourquoi faire autre chose ? Ça n’a aucun sens » se justifiait il y a un an Mike D’Antoni, tandis que Daryl Morey ajoutait : « Il n’y a vraiment aucun moyen de défendre sur lui. Il implique tout le monde. Quel que soit le choix de la défense, ça démarquera quelqu’un. »
Et la contre-attaque dans tout ça ? Lorsqu’il était à Phoenix, au milieu des années 2000, Mike D’Antoni avait toujours placé les Suns dans le Top 3 des équipes les plus prolifiques sur contre-attaque, et on se souvient évidemment des courses de Shawn Marion mis sur orbite par Steve Nash. Par exemple, entre 2005 et 2007, cela représentait plus de 15% des points de Phoenix.
Dix ans plus tard, à Houston, ce pourcentage est tombé à 10%. Preuve que le « gun » comme le « run » ne sont plus forcément d’actualité aux Rockets.
Chiffres : NBA.com
LEXIQUE |
Le mismatch consiste à profiter de l’avantage de taille (ou de poids) d’un attaquant sur un défenseur. Cela peut d’ailleurs être dans les deux sens puisqu’un meneur de jeu peut profiter de sa petite taille pour piéger un pivot moins mobile.