La course au MVP : Westbrook-Durant, le duel des meilleurs ennemis

La course au MVP continue et comme chaque mardi, Basket USA vous propose le Top 5 des candidats au titre de Most Valuable Player 2017.

Nous expliquions dans notre premier épisode qu’au cours de ces 30 dernières années, aucun joueur n’avait été élu MVP si son équipe était au delà de la 7e place au classement NBA. Oklahoma City étant précisément à cette position, Russell Westbrook peut de nouveau prétendre au Graal ultime individuel ! Mais la lutte fait rage avec son ancien coéquipier Kevin Durant, lui aussi sur un petit nuage. Un duel à distance dont la durée et l’intensité dépendront sûrement du bilan du Thunder, mais qui pourrait bien déchirer les votants en fin d’année.

Serait-ce une première dans l’histoire que d’anciens coéquipiers se tirent la bourre pour le titre de meilleur joueur de la saison ? La réponse est « non » puisqu’au milieu des années 2000, Steve Nash et Dirk Nowitzki avaient terminé sur le podium pendant trois ans, après le départ du Canadien de Dallas. Seule différence, et elle est marquante : cette lutte s’était faite dans une cordialité aux antipodes de celle qui n’existe presque plus entre « KD » et « RW ». Dans les faits, Steve Nash s’était s’épanoui loin de Dirk, dans un système où il se sentait plus libre. L’Allemand récupérant de son côté une partie du scoring laissé par le meneur derrière lui.

Qui s’est le mieux adapté ?

C’est le même effet pour Russell Westbrook, qui voit partir un coéquipier dont l’apport n’a pas été compensé cet été. Le numéro 0 marque 8 points de plus que l’an passé, mais il a surtout profité du départ de Durant pour délimiter les contours souvent flous jusqu’à maintenant, du leadership à OKC. Plus de co-franchise players, c’est lui le patron, et tous les ballons passent par lui (une centaine par match)…

Il distille 11.3 passes cette année, une de plus que la saison dernière, et c’est dans la lignée d’une progression constante dans la catégorie depuis le début de sa carrière. Son activité débordante lui permet par ailleurs d’attraper 10.8 rebonds, trois de plus que l’an passé, un cinquième du total laissé par Kevin Durant et Serge Ibaka. Moins présent à l’interception, au contre, et en défense de manière globale, l’ouragan du Thunder laisse beaucoup de force dans la bataille, ce qui se ressent au niveau des pertes de balle et de la réussite au tir. Il tente plus et réussit moins en proportion. Ce qui explique un ratio offensif de 110 points pour 100 possessions, contre 115 l’an passé.

Une bataille sur et en dehors des terrains

Tout l’inverse de son ancien coéquipier, huile de luxe dans les rouages californiens de la Baie. Kevin Durant s’est parfaitement fondu dans le collectif de Steve Kerr où il fallait pourtant lui trouver une place. Mais après un premier quart de saison, le joueur aligne sensiblement les même stats que l’an passé, malgré la présence de trois autres superstars à ses côtés. Sensiblement, car il marque un petit point de moins par rencontre, mais aussi, et c’est le plus important, il perd moins de ballons (3.5 contre 2.2), fait plus de contres, d’interceptions, et compile des pourcentages d’adresse bien supérieurs ! Avec ses 56.5% aux tirs, dont 42% derrière l’arc et 87% aux lancers, il est sur le point de rejoindre Chris Mullin (en 1997) dans un nouveau cercle très, très fermé : 55/40/85. C’est d’autant plus impressionnant qu’il tournait à 50.5% aux tirs et 39% à 3-points l’an passé. Preuve que le système débridé des Warriors le rend encore plus efficace.

Il n’y a pas de raison que « KD » ne maintienne pas ce rythme toute la saison, et à l’inverse de son ancien coéquipier, il n’a pas besoin d’être exceptionnel tous les soirs. En clair, si Russell Westbrook ne tient pas la cadence, et que le Thunder ne se maintient pas dans le Top 8 de la NBA, il ne pourra prétendre au titre de meilleur joueur. En revanche, le titre lui semble promis s’il termine la saison en triple double et que le Thunder se maintient à cette place.

À long terme, le choix estival de Kevin Durant, le moins risqué sur le plan sportif, a logiquement plus de chance de payer au niveau du palmarès. Et comme il se montre capable de faire évoluer son jeu, il pourrait de surcroît regagner le coeur des fans. Russell Westbrook est lui aussi en train de faire exploser les compteurs et de prouver qu’il peut réussir sans « KD », en saison régulière du moins.

Dans un système médiatique plus bruyant que jamais, le story-telling autour de ce duo de frères ennemis n’a en tout cas pas fini de faire parler. Et d’animer cette course au MVP.

1. Russell Westbrook

Bilan : Thunder – 14v-8d – 5e à l’Ouest
Stats : 35.7min, 31pts, 10.9rbds, 11.3pds, 1.3int, 0.4ct, 5.6bps, 42.7% tirs, 33.3% 3pts, 81% LF

Omniprésent à OKC, et c’est un euphémisme, le meneur de jeu banalise le triple double en ce début de saison et rivalise avec les plus grands dans cette catégorie. La nuit dernière, il a complété son 11e « TD » de la saison contre les Hawks en 22 matches, le 6e d’affilée pour autant de victoires des siens. Malgré les déchets (5.6 balles perdues par rencontre), Russell Westbrook parvient à faire gagner son équipe et c’est ce qu’on demande à un MVP.

2. Kevin Durant

Bilan : Warriors – 18v-3d – 1er à l’Ouest
Stats : 34.5min, 27pts, 8.4rbds, 4.7pds, 1.5int, 1.8ct, 2.2bps, 56.5% tirs, 42% 3pts, 86.7% LF

Kevin Durant observe de loin son ancien coéquipier se démener tous les soirs, bien au chaud dans le système de Steve Kerr. Malgré un accroc contre Houston, les Dubs survolent la ligue avec des différentiels impressionnants : ils gagnent leurs matchs par 19 points d’écart en moyenne ! Cette nuit, « KD » a su laisser Klay Thompson prendre feu… en marquant tout de même 20 points en 22 minutes.

3. LeBron James

Bilan : Cavs –  14v-5d – 1er à l’Est
Stats : 36.6min, 23.9pts, 7.7rbds, 9.2pds, 1.1int, 0.4ct, 4bps, 49.5% tirs, 34.6% 3pts, 71.7% LF

LeBron James a réagi en patron la nuit dernière avec 34 points, 8 rebonds et 7 passes pour remettre ses Cavs à l’endroit, qui plus est face à leur dauphin Toronto. Le reste de la semaine avait été compliqué avec 3 défaites d’affilée, une première sous l’ère Tyronn Lue, avec un LeBron James dont les stats s’éloignent de plus en plus du triple double de moyenne. Le quadruple MVP reste le fer de lance du leader de la conférence Est.

4. James Harden

Bilan : Rockets – 14v-7d – 4e à l’Ouest
Stats : 37.1min, 28.7pts, 7.6rbds, 11.6pds, 1.4int, 0.3ct, 5.8bp, 44.7% tirs, 35.3% 3pts, 84.4% LF

Longtemps à peine équilibré, le bilan des Rockets est aujourd’hui largement positif et les fait entrer doucement dans le cercle des cadors de la ligue. De quoi offrir à James Harden cette place qu’il mérite tant dans notre course. Meilleur passeur de la ligue, sa franchise reste sur 8 victoires en 10 matchs et même s’il distribue moins de caviars, « The Beard » en reste le superbe maître à jouer à l’image de la victoire contre Boston la nuit dernière. Et ce malgré les déchets pour lui aussi (10 balles perdues la nuit dernière, 5.8 en moyenne).

5. Kawhi Leonard

Bilan : Spurs – 17v-4d – 2e à l’Ouest
Stats : 33.8min, 24.1pts, 6.1rbds, 2.8pds, 2int, 0.5ct, 1.9bps, 45% tirs, 37.7% 3pts, 91.1% LF

Quand Golden State survolait la ligue l’an passé, seuls les Spurs étaient restés accrochés au wagon grâce à leur invincibilité à domicile. C’est exactement le même constat cette année, sauf que c’est en déplacement que les coéquipiers de Kawhi Leonard sont intraitables. Douzième victoire de rang à l’extérieur la nuit dernière, avec 16 points du numéro 2 dans le quatrième quart-temps, symboliques de son importance au Texas. Pour les amateurs de stats improbables, sachez qu’il faut remonter à David Robinson pour trouver un joueur des Spurs aussi régulier à plus de 20 points par match après 20 matches.

Mentions spéciales

Giannis Antetokounmpo, Stephen Curry, Anthony Davis, DeMar DeRozan, Jimmy Butler.

[poll id= »407″]