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Shawn Bradley, chair à posters

Postérizer un pivot, c’est jouissif. Quand il approche des 2,30 m, ça l’est encore plus. Shawn Bradley (48 ans ce 22 mars) fut une cible de choix pour tous les dunkeurs de la Ligue. Faute de muscles et de vitesse, le pivot mormon des Sixers, des Nets et des Mavericks collectionna les « In your face ». La taille compte, oui, mais elle ne fait pas tout…

Shawn Paul Bradley a deux ans. Devant la taille du bébé, le pédiatre est catégorique. « Votre enfant mesurera 2,10 m », lâche-t-il aux parents Bradley.

La légende est en route. Mais jusque-là, rien de bien croustillant. Maman Theresa mesure 1,83 m alors que papa Regaer culmine à 2,03 m. Le fils aîné et les trois enfants qui suivront ont de qui tenir. A 5 ans, Shawn a déjà deux têtes de plus que ses copains d’école. La prédiction se confirme. A tel point que le proviseur du lycée de Castle Dale, dans l’Utah, où se sont installés les Bradley depuis leur retour d’Allemagne (Regaer profita d’une bourse militaire en Europe pour y finir ses études), propose à la famille de rester dans la région. Ainsi, l’Emery High School bénéficierait d’un pivot sur mesure.

A 12 ans, le doute n’est plus permis : Shawn est un géant. Et ça commence à se savoir. Un lycée offre même une maison et un boulot au papa à une seule condition : que le fiston rejoigne l’établissement. C’est normalement interdit et chez les Bradley, on a des principes. Ceux de la religion mormone. Droiture et rigueur au programme. Et comme tout le monde se plaît dans la communauté de Castle Dale, il n’y a pas de raisons de changer. Shawn sera donc le pivot tant attendu de l’Emery High School. Mais pas seulement. Le petit géant est du genre touche-à-tout. Football, baseball et même la lutte et le golf, qu’il pratique avec talent. Etonnant pour quelqu’un de sa taille.

Courtisé par plus de 100 universités !

Moins surprenantes sont ses performances sur les terrains de basket : 68 victoires et 4 défaites en trois ans de lycée, 25 points, 17 rebonds et 5 contres en moyenne. L’arme absolue. Il faut dire que le pédiatre s’est planté. L’oiseau culmine à 2,22 m au sortir du bahut. Shawn est donc un trésor et la chasse est lancée. Cent-cinq (!) universités – toutes les meilleures en sont – lui font les yeux doux. Mais en bon mormon, il n’ira pas bien loin. Direction Brigham Young, la fac mormone. Shawn grandit toujours (il atteindra 2,29 m). Au lycée, sa taille était impressionnante – avant de le rencontrer, certaines équipes s’entraînaient à défendre avec des raquettes de tennis ! Lors de sa première saison universitaire, sa carcasse fragile (95 kg seulement) se fait bousculer. Ce qui ne l’empêche pas de démontrer de vraies qualités de basketteur : 14.8 points, 7.7 rebonds et 5.2 contres de moyenne, le tout avec dextérité, adresse et mobilité.

Un bon début. Tout ça se passe lors de l’exercice 1990-91. On en restera là. Pourquoi ? A cause de la mission. Un jeune mormon doit aller prêcher la bonne parole de par le monde et ce, pour deux ans. « Pour deux ans ??? », se lamenteraient certains, considérant qu’il s’agit là d’une punition. Mais pas Shawn. « J’ai toujours voulu aider les autres. Il n’y a rien de mieux que sortir quelqu’un du pétrin et le voir en paix et heureux. »

Deux ans en mission à Sydney

D’où ces deux années passées en Australie, en Nouvelle-Galles du Sud, sans revenir une seule fois aux Etats-Unis. Juste la permission d’appeler ses parents deux fois par an, pour la Fête des mères et à Noël. Et attention le programme ! Lever à 6 h 30, études jusqu’à 8 h, petit-déjeuner. Puis il faut aller porter la bonne parole jusqu’à l’heure du déjeuner. Le missionnaire reprend ensuite son bâton de pèlerin et ce, jusqu’à 17 h. Quelques services communautaires dans le quartier, le dîner, conclusion de la journée, la préparation de la journée du lendemain et c’est l’extinction des feux à 22 h 30. Et le basket dans tout ça ? Pas le temps et de toute façon, le règlement du missionnaire stipule que la compétition est interdite. Tout juste a-t-on le droit de jouer, si on en a le temps, sur un demi-terrain… « Je ne regretterai jamais la mission. Ce que j’ai vécu à Sydney pendant deux ans est la meilleure chose qui pouvait m’arriver pour me préparer au reste de ma vie », assure Shawn.

Bien. Super, même. Mais ça ne ressemble pas vraiment à une préparation pour entrer en NBA. Pas bien grave puisque Shawn a prévu de réintégrer Brigham Young pour effectuer son année sophomore. Ce n’est que quinze jours avant de terminer sa mission qu’il changea d’avis, prenant conseil auprès du président des missions, Keith Nielsen. Oui, il pouvait continuer de servir Dieu en enfilant un maillot professionnel. La décision de s’inscrire à la draft fut prise, pour la plus grande satisfaction de son agent, David Falk (le même que Michael Jordan). Un mois plus tard, les Sixers le choisissaient en n°2 de la draft 1993. Voilà où nous en sommes en ce mois de septembre 93. Personne n’a pu le voir s’entraîner depuis. Il travaille à huis clos. Seule différence depuis deux ans : Shawn a gagné 20 kg. Le suspense reste entier quant à son impact parmi les hommes forts. Une certitude tout de même : en plus de ses atouts naturels, le jeune homme est motivé. Quand il appela son père pour lui faire part de sa décision, c’était un 1er avril. Le papa crut à un poisson. « Non, Dad. Ici à Sydney, nous sommes déjà le 2… Je suis tout à fait sérieux. Je suis archi-motivé et surtout, j’y crois. »

Au sortir d’une saison qui a vu les Cougars s’afficher à 21 victoires-13 défaites (et Bradley, on le rappelle, tourner à 14.8 points, 7.7 rebonds et 5.2 contres), le président de Brigham Young, Rex Lee, s’incline. « Nous imaginons que ce fut une décision dure à prendre pour Shawn. Qu’il sache que nous comprenons ce choix et que nous le soutenons. Notre premier souci, c’est toujours le bien-être de nos étudiants. »

Deuxième choix de la Draft

Les spécialistes sont alors partagés quant à sa réussite immédiate dans la grande Ligue. Mais tous s’accordent à peu près pour dire que ses qualités de joueur, associés à ce corps de 2,29 m (seul le Soudanais Manute Bol est plus grand dans la Ligue), peuvent changer la donne. Seulement voilà, la taille ne fait pas tout. Les pivots blancs de 7 pieds et plus partagent souvent une lenteur extrême – manque de vitesse, de mobilité et de jump -, une allure pataude, une agressivité insuffisante des deux côtés du parquet et des mains carrées. Shawn Bradley fut, d’une certaine façon, l’un de leurs plus illustres représentants… Et puis les joueurs de son gabarit sont souvent des colosses aux pieds d’argile. Comme tant d’autres, le mormon dut batailler avec une constitution insuffisamment robuste pour sa taille.

Deuxième choix de draft en 1993 (derrière Chris Webber), le natif de Landstuhl (ex-RFA) atterrit donc chez les Sixers et donne très rapidement – si besoin était – un aperçu du casse-tête posé par les gentils géants : aspirateurs à rebonds et machines à contrer, assurément, attaquants aboutis et performants, très rarement… Bon, Shawn possède bien un petit shoot à mi-distance (il signera un éblouissant 92.2% aux lancers francs durant l’exercice 2001-02) mais il en fait rarement usage.

Capable de s’accrocher au panier les pieds au sol

Durant sa saison rookie, il dispute 49 matches et s’impose avant tout comme un contreur solide (3 blocks en moyenne, assortis de 10.3 points et 6.2 rebonds). C’est le seul membre du Top 5 de la draft qui n’est pas retenu dans le premier cinq rookie mais il intègre le second avec Nick Van Exel, Lindsey Hunter, Toni Kukoc et Dino Radja. Visiblement pas convaincus par le potentiel du gaillard après une deuxième saison du même tonneau, les Sixers cèdent Bradley aux Nets le 30 novembre 1995 pour obtenir Derrick Coleman. A New Jersey, l’ancien participant du McDonald’s All American reste abonné à la médiocrité (30 victoires-52 défaites) tout en continuant de dépoussiérer les arceaux (7.9 rbds, 3.7 cts). L’année suivante, en 1996-97, Shawn culmine même à 4 contres par match sur les 40 premières rencontres du championnat. Son apport offensif, en revanche, demeure insuffisant (12 pts). C’est pourtant l’un des seuls basketteurs capables de s’accrocher au cercle, figé à 3,05 m, les pieds collés au sol. Alors, s’il daigne sauter…

Soucieux de se débarrasser de Jim Jackson, Don Nelson se manifeste en février 1997 et propose un package comprenant Sam Cassell, Chris Gatling, George McCloud et un pivot blanc encore plus besogneux, Eric Montross. New Jersey accepte de conclure un blockbuster deal. La contrepartie : Robert Pack, Khalid Reeves, Ed O’Bannon et Shawn Bradley. Ce 17 février 1997, le géant mormon devient un Maverick.

Pendant un an et demi, il se maintient au niveau qui était le sien. Mais peu à peu, des genoux fragiles et un dos douloureux empoisonnent son quotidien. Face aux intérieurs les plus lourds de la Ligue, le très tendre Bradley prend cher. Il faisait 205 pounds durant son année freshman à la fac. Puis 235. Il grimpera à 275 (124 kg) en NBA. Il n’est pas assez robuste, épais. Les fautes pleuvent. Les dunks « In your face » aussi… Postérizer la grande tige des Mavs devient quasiment un sport national. Maigre et un peu gauche, Bradley n’a rien d’un intimidateur. Aussi, personne n’a peur de l’attaquer de front. On se souvient d’une soirée « Tribute to Fred Weis » où Tracy McGrady entreprit plusieurs fois l’ascension du Mont Bradley par la face Nord…

Un titre de meilleur contreur de la NBA

A partir de 1998, le temps de jeu du Gulliver des raquettes décroît inexorablement. Pour tenter de muscler la sienne, Don Nelson multipliera, au fil des ans, les combinaisons exotiques (Rodman, J. Howard, Laettner, Booth, Zhizhi, Najera, LaFrentz, Eschmeyer…). En 2004, il casse son roster pour récupérer Erick Dampier, espérant que l’arrivée du pivot des Warriors règle le problème une bonne fois pour toutes. On sait aujourd’hui qu’il n’en fut rien. Ce transfert eut d’abord pour effet de pousser Bradley vers la sortie. En 2005, le n°44 négocie un buyout pour ne pas avoir à effectuer les trois dernières saisons prévues par son contrat et annonce sa retraite, à 33 ans, après une année hyper poussive (2.7 pts sur 77 matches). Il est vrai qu’il avait été opéré de la cheville durant la présaison. Son palmarès restera maigre. Il avait disputé le Rookie Game en 1994 et termina meilleur contreur de la Ligue en 1997 (deuxième en 1996 et 99, troisième en 1995, 98 et 2001).

En 1999, alors qu’il participait à un camp pour big men, Pete Newell, le responsable, tirait déjà la sonnette d’alarme : « Contrairement à ce qu’on pense, Shawn est un bon athlète pour quelqu’un de sa taille. Pour plusieurs raisons – blessures, changements d’équipe -, il n’a pas été en mesure d’atteindre une condition optimale. Son dos lui fait mal et je pense que c’est une partie du problème. Il y a une relation directe entre des douleurs dorsales et le manque d’exercice au niveau des jambes. Il doit apprendre à créer son shoot avec ses pieds et non avec son dribble. Quand un pivot se met à dribbler, il a de fortes chances de se faire chiper la balle par les plus petits. »

L’intéressé se plaignait aussi du traitement infligé par les arbitres : « John Stockton peut pénétrer, jouer des coudes et des poings, attraper son vis-à-vis, le pousser et ne pas se faire prendre. Quand un joueur de 7 pieds fait ça, on le remarque un peu plus. Je le sais, j’ai essayé. »

Il consulte un psy… dans « Space Jam »

Né sur le territoire allemand, le pivot mormon fit une demande de naturalisation avant l’Euro 2001 en Turquie et put ainsi participer au tournoi avec son complice Dirk Nowitzki, 4e place à la clé. Américain ? Allemand ? Au fond, peu importe, Shawn est un citoyen du monde. Missionnaire basketteur, il a voyagé toute sa vie. Et le personnage ne saurait se résumer à cette scène hautement symbolique, pleine d’autodérision, du film « Space Jam » (1996) où on le voit consulter un psychiatre pour remédier à la déliquescence de son jeu… « J’ai d’autres talents », lui font dire les scénaristes. « Je pourrais retourner bosser à la ferme. Ou alors… Retourner dans la brousse comme missionnaire. »

Lucide, il confiera trois ans plus tard, en se marrant : « On me remarque parce que j’ai participé à « Space Jam », pas pour ce que je fais dans ma vie de basketteur… »

Une reconversion dans la politique

Derrière le pivot un peu lourdaud se cachait un garçon simple, attaché à ses racines, aimant la country music, l’équitation, le baseball et le ski nautique. Son personnage de fiction préféré ? Un héros proche de la terre et de la nature, forcément. Le lieutenant Dunbar de « Danse avec les loups », incarné par Kevin Costner. Shawn, qui joua aussi son propre rôle dans un épisode de la série « Walker, Texas Ranger », est un mec profondément bien. On le vit en Afrique du Sud en 2005 avec Dikembe Mutombo, DeSagana Diop et Malik Rose dans le cadre du programme « Basketball without boarders » (Basket sans frontières).

« Amadou Gall Fall (ndlr : le directeur du scouting des Mavs) m’avait dit à plusieurs reprises : « Tu devrais venir en Afrique, les gamins seraient contents de te voir ». La première fois, mon emploi du temps ne me le permettait pas. Cette fois, je lui ai dit : « OK. C’est une opportunité de connaître une partie du monde que je ne pourrais pas découvrir autrement. » J’adore découvrir de nouvelles cultures. Ce voyage a dépassé toutes mes attentes. Avec ma compagne Annette et quelques amis, on est arrivés quatre jours plus tôt, on a campé près de la frontière avec le Botswana. Durant le camp, il y avait 100 gamins venus de tout le continent. Ils étaient fous à l’idée de rencontrer des joueurs et des coaches NBA, de recevoir des conseils, d’être entraînés par des figures connues… C’était marrant. J’adore faire ça. Quelque part, ça me ramène à une certaine pureté du basket. Ces kids ne demandent qu’à apprendre. Durant ma mission en Australie, je n’avais pas connu cette pauvreté et cet état de dénuement. Une expérience comme celle-là est unique, elle vous marque à vie. Je n’oublierai jamais ce que j’ai vu. Je ne reverrai peut-être plus ces gamins mais j’aurai toujours de l’affection pour eux. Un souvenir comme celui-là n’a pas de prix. »

Durant la saison 2000-01, Bradley donna aussi 25 dollars pour chaque contre réussi à la Bryan’s House, un centre médicalisé pour enfants atteints du SIDA. Quand il s’agit de s’adresser aux plus petits, de prêcher la bonne parole ou de montrer l’exemple, Shawn ne mégote jamais sur son temps. « Avec sa taille, il a une forte présence et il impressionne tout de suite les gamins », explique le directeur d’une école privée de l’Utah où l’intéressé intervient comme coach et conseiller d’éducation auprès de jeunes en difficulté. « Quand il leur parle, ses mots les touchent immédiatement. C’est un prof extra ! Il donne l’exemple de quelqu’un qui s’est battu pour y arriver. Etre aussi grand n’a pas toujours dû être simple. Il sait ce que c’est d’être le gamin bizarre que tout le monde dévisage. Il sait comment réussir à vivre avec sa différence. »

Papa de six enfants, Bradley s’est lancé en politique en mars 2010 sous l’étiquette républicaine et il échouera lors d’une élection à la chambre des représentants de l’Utah. Durant sa carrière pro, il empocha plus de 60 millions de dollars et collectionna les surnoms (la Mante mormone, le Cure-dent humain, la Tempête mormone, le Bâton de la mort)… Celui qui résume le mieux son passage sur les parquets NBA est sans aucun doute « Missionary Impossible ». Heureusement, la vie d’un basketteur ne se résume pas à mettre des paniers et prendre des rebonds.

STATS

12 ans

832 matches (484 fois titulaire)

8.1 points, 6.3 rebobds, 0.7 passe, 0.6 interception, 2.5 contres

45.7% aux tirs, 10.3% à 3 points, 71.6% aux lancers francs

PALMARES

1994 : All-Rookie Second Team

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