23.6 points à 58.9% de réussite (dont 75% à trois points !), 8 rebonds et 3 passes. C’est la ligne statistique de Pau Gasol depuis le début de l’Eurobasket. Dans une Roja diminuée par les absences (Serge Ibaka, Marc Gasol) et les blessures (Ricky Rubio, Alex Abrines, Juan Carlos Navarro, Jose Calderon), le pivot de Chicago joue à merveille son rôle de leader.
Même blessé au mollet, le joueur des Bulls n’a qu’une envie : prendre sa revanche sur les Bleus.
« Si Pau Gasol a fait le déplacement cette année, c’est qu’il a dans un coin de sa tête ce quart de finale, où leur rêve s’est effondré », confirme Vincent Collet. « Ils rêvaient de jouer les Etats-Unis, chez eux, en finale de la Coupe du Monde et on les a privés de ça. Aujourd’hui, ils savent qu’on rêve de jouer, chez nous, la finale du championnat d’Europe et ils n’ont qu’une idée : c’est de nous en priver ».
Mais comment gêner Pau Gasol ? En conférence de presse, Vincent Collet et ses joueurs ont donné quelques pistes.
Bloquer ses pick-and-rolls avec Sergio Rodriguez
« Face à la Grèce, dans le jeu à deux entre Sergio Rodriguez et Pau Gasol, ils ont eu une certaine liberté, qu’ils exploitent à merveille parce qu’ils sont très forts », assure le coach. « Les problèmes qu’ils posent sur le pick-and-roll sont uniques en Europe. Sur ces aspects-là, ils ont une maîtrise qui est supérieure à toutes les autres équipes. Il faudra qu’on soit à notre meilleur niveau et qu’on ait une activité de tous les instants ».
Lors de leur quart de finale, Sergio Rodriguez et Pau Gasol ont ainsi fait une démonstration de pick-and-roll aux joueurs hellènes. Juste avant la mi-temps, les deux hommes ont enchaîné les paniers sans que les Grecs n’arrivent à arrêter à la fois le dribble du meneur et la coupe vers le cercle du pivot.
Pour les Bleus, il faudra veiller à ne pas laisser autant de liberté à la Roja sur ce type de situations.
Le faire défendre
« Ils ont une défense particulière, qui n’a pas beaucoup changé d’année en année », détaille Vincent Collet. « Ils économisent leurs tours avec des abeilles qui font un travail considérable autour pour couvrir les espaces. Il faudra qu’on soit capable de jouer de façon suffisamment simple pour amener Pau Gasol à défendre. Mais ce n’est pas facile à faire. Les Grecs ont eu du mal dans ce domaine-là. Il faudra que nos joueurs bougent pour les déplacer. Si on laisse Pau Gasol dans l’axe pour défendre son panier, ça devient très compliqué et il faut une adresse très au-dessus de la moyenne pour leur poser des problèmes ».
Comme à Chicago, Pau Gasol est surtout utilisé pour protéger le cercle par l’Espagne. L’équipe ibérique tente en effet de limiter ses sorties sur les extérieurs et les changements, afin qu’il ne soit pas obligé de défier des joueurs trop rapides.
Du côté des Bleus, on admet donc qu’il faudra trouver des moyens d’attaquer le pivot ou du moins de le sortir de l’axe central, où il gêne toute les attaques grâce à ses bras immenses et son sens du placement. Histoire de lui faire prendre des fautes ou de le fatiguer afin qu’il soit moins efficace de l’autre côté du terrain.
Avoir un Rudy Gobert au niveau de l’an passé
Beaucoup disent que le quart de finale face à l’Espagne, lors de la Coupe du Monde 2014, a marqué la naissance du « phénomène Rudy Gobert ». Ce soir-là, le pivot était sorti du banc pour imposer son envergure à un Pau Gasol très gêné.
« Rudy Gobert a progressé depuis l’année dernière mais je ne pense pas qu’ils le connaissaient non plus », commente Nicolas Batum. « Il a été la grande surprise de ce match-là. Cette fois, ils savent à quoi s’attendre. Il a fait une énorme saison avec Utah, il fait un très bon tournoi. Et puis, je ne pense pas que Pau Gasol ait oublié… C’est à Rudy de faire attention et d’avoir la même mentalité que l’année dernière pour le stopper et le limiter. Il en est capable. Il ne pourra pas le faire tout seul et on devra l’aider. Mais Rudy a les aptitudes pour gêner et freiner Pau Gasol, chose que personne n’a réussi pour l’instant ».
Pau Gasol va-t-il davantage s’éloigner du cercle, surtout qu’il est en réussite de loin ? Va-t-il multiplier les feintes face à un Rudy Gobert qui a encore tendance à sauter ? En tout cas, on peut être sûr que le pivot de la Roja a aussi à coeur de prendre sa revanche dans ce duel. Même si son homologue français ne sera pas seul.
« Pau Gasol joue peut-être son meilleur basket et on attend son duel avec Rudy », explique de son côté Florent Pietrus. « Mais Joffrey peut le relayer, moi aussi de temps en temps. Il va falloir le fatiguer, sans oublier ses coéquipiers. Ce serait une erreur de se focaliser uniquement sur Pau Gasol, même si on sait qu’il a une influence énorme sur le jeu de son équipe ».
Propos recueillis à Lille / Crédit photo : FIBA