Interview Vincent Collet : « Qu’on soit favoris ou pas, il faut survivre »

Evidemment déçu de ne pas avoir eu à se battre autant que prévu pour ce dernier match de poule, Vincent Collet s’est montré philosophe avant de quitter l’Hérault pour le Nord. Le cinquième succès de son équipe a tout de même permis d’effectuer une large revue de ses troupes. La phase finale peut commencer. 

Vincent, êtes-vous déçu de ne pas avoir eu à faire à l’équipe israélienne au complet ce soir ?

Très honnêtement, j’espérais effectivement qu’Israël joue au complet mais bon, je n’ai pas de contrôle là-dessus. On ne peut rien y faire, donc il ne faut pas y penser. C’était un peu dommage, d’autant plus qu’on aurait une plus de variété défensive. C’est une équipe qui fait beaucoup de choses habituellement. Ce soir, ils se sont réfugiés assez rapidement dans une zone classique. Il y avait beaucoup moins d’intérêt.

L’entame de match a cependant été plus solide de la part de vos titulaires, un vrai motif de satisfaction on imagine…

Oui, tout à fait. Je partage cet avis. On peut même regretter de ne pas avoir enchaîné dans le deuxième de la même manière, par maladresse parfois et par précipitation d’autres fois. Mais c’est vrai que l’entame de match était plus satisfaisante ce soir. Les titulaires se sont plus impliqués.

Match après match, vos joueurs retiennent les leçons de leurs erreurs, que cela vous inspire-t-il ?

Ça veut dire qu’on s’approche des moments importants et qu’on monte en régime. Même dans la journée, on a senti que le niveau de concentration s’élevait. Et ça va continuer demain et encore samedi. Il n’y a pas de recette miracle, il faut être mentalement à la fois confiant mais pas trop rassuré. Il faut surtout y aller avec un esprit d’équipe sans faille. Il faut que tout ce qu’on vit depuis le début fasse un peu effet boule de neige. C’est le moment de tout donner. Il n’y a pas de questions à se poser.

Comment vous jugez la qualité de votre adversaire en huitièmes, la Turquie ?

Ils ont un pivot dominant, qui fait un début d’Euro remarquable. Il est probablement l’intimidateur le plus impressionnant avec Rudy Gobert dans cet Euro. Ce sont deux joueurs qui ne sont pas, à la base, de vrais attaquants mais des empêcheurs. Mais Semih Erden a vraiment fait des progrès parce que maintenant, il a un vrai impact de l’autre côté. Il prend des positions, il est costaud, il connaît le jeu européen. On sait depuis longtemps qu’il est gênant mais maintenant, il est le vrai point d’ancrage de la Turquie. Et puis, l’autre apport, c’est celui de Muhammed qui apporte une vraie menace dans le tir et puis aussi dans la création. Et ils ont quelques jeunes qui apportent du peps.

Avec ces progrès immenses, Rudy Gobert peut-il poser des problèmes à Semih Erden ? Est-il bien le point d’ancrage intérieur dont l’Equipe de France a besoin pour aller loin ?

Rudy a encore des choses qu’il ne sait pas très bien faire. Et c’est normal, il va apprendre petit à petit. Mais on a les ancrages. Depuis 10 ans, l’ancrage, c’est Boris Diaw. Ce qui change, c’est qu’on a en plus Joffrey qui peut aussi impacter dans la raquette, plus dans un rôle de finisseur que dos au panier. Il n’a pas assez d’alternance pour le moment, il est trop aspiré par le panier.

Les remplaçants continuent de monter en puissance, ce soir, Evan Fournier a retrouvé de l’adresse notamment…

On va avoir besoin de tout le monde. Mais je suis persuadé que les uns et les autres peuvent avoir un rôle important. Je pense à Charles Kahudi qui est très bien depuis le début de l’Euro. Mais j’étais content qu’Evan rentre ses tirs. Et Leo aussi.

Sentez-vous vos joueurs prêts pour les phases finales, défensivement surtout ?

De plus en plus. On est sur des matchs couperet, ce qu’il faut, c’est gagner. Qu’on soit favoris ou pas favoris, il faut survivre. Il faut avoir cet esprit-là. Je pense surtout que la préparation va être différente. Même si on n’a que deux jours, on est très motivé, avec mes assistants, pour donner de bonnes infos. Et puis, forcément, l’état d’esprit de l’équipe va être plus focus que lors d’un premier tour. Mais on ne peut pas anticiper les matchs. On verra samedi.

Propos recueillis à Montpellier