Dix ans après l’ouragan Katrina, DJ Augustin et Chris Paul se souviennent

Tout comme le jeune Kelly Oubre Jr qui a dit adieu à La Nouvelle Orléans sans le savoir, l’ouragan Katrina a considérablement influencé la vie de milliers de personnes. Dans le cercle NBA, les réactions se sont multipliées sur le sujet alors que cela fait désormais dix ans que la catastrophe a eu lieu dans la Big Easy. 

« Je ne préfère pas m’en souvenir »

« C’est une des épreuves les plus dévastatrices que j’ai jamais connues. » confie ainsi Chris Paul sur ESPN. « C’était ma nouvelle maison. Je venais tout juste de me faire drafter, c’était la première fois que j’allais quitter ma région et je sentais une belle relation naître avec cette ville. Je ne pouvais pas croire ce que je voyais. »

Encore chez lui en Caroline du Nord, Paul n’en croyait pas ses yeux de voir le Vieux Carré, le quartier français qu’il avait arpenté quelques jours plus tôt, complètement submergé. Ce décor apocalyptique a marqué à jamais le territoire, et ses témoins directs.

En l’occurrence, natif de NOLA, DJ Augustin se souvient que le danger était constant.

« Ma femme, qui était ma copine à ce moment-là, a une amie qui est morte car elle essayait de se hisser en hauteur et elle marchait dans l’eau. Elle n’a pas vu un trou dans le sol et elle s’est noyée. Il y avait des trucs comme ça qui arrivaient mais on n’en a jamais entendu parler dans les médias. »

Invité à donner son sentiment sur cette catastrophe naturelle et humaine, Byron Scott alors coach des Hornets a tout simplement refusé les avances d’ESPN. Son assistant, Jim Cleamons, n’a pas insisté lui non plus. Un vrai traumatisme !

« C’était une expérience terrible. » ajoute Cleamons. « D’une certaine manière, je ne préfère même pas me souvenir de certaines choses que j’ai vues. »

« Tout le monde quittait la ville en même temps »

Si l’ouragan Ivan avait terrorisé la population louisianaise avant son passage, Katrina semblait moins effrayante. Mais pour DJ Augustin, il fallait néanmoins prévoir un plan d’urgence. Au cas où…

« Etant de la Nouvelle Orléans, les ouragans ont fait partie de mon enfance et faisaient office d’histoires effrayantes. Mais ni mes soeurs ni moi n’en avions connus. Mais on a mis notre plan d’évacuation en marche. » reconnait-il dans l’Oklahoman. « Mon père et ma mère, mes deux soeurs et moi, on a empilé nos affaires dans le coffre de notre Chevy Trailblazer. On a quitté la ville pour Houston, avec un cortège de famille – mes tantes, cousins, et mes grands-parents dans des voitures devant et derrière nous. C’était comme une parade. Tout le monde avait fait la même chose. Normalement, il faut cinq heures pour aller à Houston, mais ça nous a pris vingt-quatre heures cette fois-là. Tout le monde voulait quitter la Nouvelle Orléans en même temps. »

Avec ses précieuses boîtes à chaussures remplies des vidéos de ses matchs en jeunes, Augustin a également fait le voyage vers Houston. Vivant à l’hôtel comme Oubre Jr et son père, le clan Augustin a survécu en se serrant les coudes.

Chris Paul ne dit pas autre chose quand il se souvient de ces moments qui ont défini son identité en tant qu’homme. Cette adversité lui a non seulement permis d’ouvrir les yeux sur la nécessité de s’entraider les uns les autres et de travailler ensemble à la reconstruction.

« On a fini par aller en Oklahoma et j’ignorais tout de l’Oklahoma. Mais c’est fou. Je suis tombé amoureux d’Oklahoma City. Le soutien des fans était tout simplement incroyable. C’est ce type d’expérience qui m’a formé en tant qu’homme. Vivre en Oklahoma est une part de moi. Vivre à la Nouvelle Orléans est une part de moi. On grandit et on apprend dans ces situations. Ce sont elles qui ont fait que je suis l’homme que je suis maintenant. »

Dix ans plus tard, la ville est encore marquée ça et là par les blessures de cet ouragan meurtrier. Les plaies se ferment lentement…