En vacances depuis la fin de la saison régulière en NBA, soit plus d’un mois, Rudy Gobert faisait partie des trois joueurs présents au Gymnase Trévise, aujourd’hui, pour l’événement J-100 organisé par la Fédération Française.
Arrivé un peu à la bourre, l’immense pivot du Jazz a répondu avec beaucoup de gentillesse à toutes les sollicitations médiatiques. BasketUSA en était forcément. Petit point presse avec le grand espoir français !
Tu es en vacances depuis un bon moment maintenant, comment ça se passe le temps « off » pour Rudy Gobert ?
J’ai pris du temps de repos, surtout au niveau basket. J’ai coupé, j’ai pas touché à un ballon pendant un petit moment parce que ça faisait deux ans que je n’avais pas arrêté et puis il y a encore de grosses échéances qui arrivent derrière. J’avais vraiment envie de couper, ça fait du bien. Je reste évidemment en forme avec un peu de muscu mais je prends le temps de répondre aux sollicitations des médias. Et puis, je suis retourné passer du temps avec ma famille. Là, je me sens bien, je me suis bien ressourcé. Je reprends le basket intense à partir de la semaine prochaine sachant que j’ai bien repris la muscu déjà.
C’est ce que le Jazz t’avait demandé en fin de saison ?
Comme il sait que c’est dur pour moi d’arrêter complètement le basket, mon coach au Jazz m’a ordonné de faire un vrai break car il sait que je vais jouer pour l’Equipe de France cet été et la saison NBA va arriver vite derrière.
On t’a suivi sur les réseaux sociaux et tu es passé par l’île de Gorée semble-t-il…
Oui, je suis allé au Sénégal pendant une semaine, c’était ma première visite en Afrique. C’est un lieu historique et c’était important pour moi d’y aller. On sait tous ce que c’est que l’esclavage mais être sur place et visiter les lieux où tout ça s’est passé, c’est une autre sensation. J’ai organisé ça à la fin de la saison, c’est un endroit que je voulais aller voir depuis longtemps. Je suis aussi allé en Guadeloupe une semaine car j’ai mon père là-bas. J’ai parlé à quelques médias aussi mais c’était surtout pour voir la famille et décompresser.
Les All Defensive Teams ont été révélées pendant que tu étais en vacances, tu as suivi quand même ?
Oui, j’ai regardé. J’ai vu. Ils ont fait ce qu’ils avaient à faire. On verra l’année prochaine.
On sent que tu es un peu remonté d’avoir été un peu snobé, non ?
Oui, un peu. De toute façon, je suis toujours motivé pour travailler. Disons que ça m’irrite un peu et que j’ai d’autant plus hâte de revenir en NBA la saison prochaine.
« 100 jours, c’est long et court à la fois »
Avec l’explosion des stats avancées en NBA, certains experts (qui sont les votants) ont tendance à se servir de ces votes justement pour marquer le coup, et voter au coup d’oeil plutôt qu’à l’analyse de ces stats. On pense notamment à cette stat qui calcule le pourcentage de réussite de l’adversaire au niveau du cercle…
J’étais premier sur cette stat là.
Oui précisément…
Oui, il y a de plus en plus de stats avancées. Mais visiblement, ils ne s’en servent pas tellement. C’est comme ça. On verra la saison prochaine.
Comment te sens-tu à 100 jours de l’Euro ?
Impatient. 100 jours, c’est long et court à la fois. On est impatient de commencer mais on sait qu’on aura pas énormément de temps pour se préparer.
Et justement, quel est le programme d’ici au début de la compétition ?
Le 2 juin, je repars aux Etats-Unis pour recommencer le travail sérieusement. Je veux continuer à progresser.
Après une belle fin de saison NBA, n’est-ce pas difficile de mettre de côté tes ambitions personnelles quand tu reviens sous le maillot Bleu ?
Non. C’est un objectif collectif. Bien sûr, j’ai envie d’aider l’équipe et d’être le meilleur possible mais même si je ne joue pas à mon meilleur et qu’on arrive à gagner la médaille d’or, je serai quand même très content. Tout le monde est motivé pour aller chercher cette qualification aux JO et cette médaille.
Jamais, semble-t-il, l’Equipe de France aura eu un secteur intérieur aussi dense et talentueux, ça signifie quoi pour toi ?
Plus l’équipe est dense, plus on aura de chance de gagner. Je suis content qu’il y ait des pivots de haut niveau qui viennent en Equipe de France. Je ne suis pas le genre de mec qui va exiger d’être le seul joueur NBA. Pour moi, c’est bien qu’on ait beaucoup de talent car on va tous se pousser à être meilleurs.
Comme l’a dit le sélectionneur, Vincent Collet, vous allez passer de la position du chasseur à celle du chassé…
On sait tous qu’on sera l’équipe à battre cette année, ça c’est clair ! Avec ce qui s’est passé l’année dernière, plus le fait de jouer à la maison et que Tony soit de retour, ça fait beaucoup de raisons pour lesquelles on sera l’équipe à battre. Mais on joue pour battre les autres, on ne joue pas pour ne pas se faire abattre. On garde la même mentalité et c’est de gagner tous les matchs et d’aller chercher cette qualification aux JO et cette médaille d’or.
« Garder notre mentalité de gagner tous les matchs »
On dit souvent que l’Euro est plus difficile que les Jeux Olympiques ou une Coupe du Monde, est-ce que tu appréhendes cette concurrence relevée des nombreuses nations européennes qui sont très fortes ?
J’avais déjà regardé l’année dernière. Je sais à quoi m’attendre. On sait que ce sera une compétition très difficile mais l’an dernier, c’était déjà une compétition très difficile. Il faudra être prêt.
Mais cette année, tu ne seras plus le rookie ! On t’avait vu l’an passé te faire taquiner à plusieurs reprises par les vétérans…
Je serai toujours un des plus jeunes mais plus le rookie ! Je ne serai plus le petit débutant. C’est sympa. Ça fait partie de la culture de l’équipe.
Ton retour sur le sol français rend l’échéance plus réelle, j’imagine.
Oui, bien sûr. Pour moi, ça sera mon premier Euro en A, donc quoiqu’il arrive, ça sera une première. Mais c’est vrai que ça va être sympa de jouer devant notre public.
Est-ce une pression supplémentaire ?
On peut voir ça comme de la pression mais aussi comme une motivation supplémentaire. Si on n’arrive pas à jouer au niveau attendu, les gens seront déçus. Mais on ne peut pas penser à tout ça. C’est un championnat d’Europe et il faut qu’on se concentre sur le terrain et sur nos adversaires.
On te sent très confiant, sûr de toi, inébranlable presque. Une sorte de « force tranquille » psychologiquement…
[rires] Je ne sais pas trop, c’est plutôt à vous de juger. Mais oui, je n’ai que 22 ans mais j’ai quand même déjà pas mal d’expérience au niveau des compétitions. Je commence à comprendre comment les choses fonctionnent et avec le temps, j’adapte mon approche de ces différents événements.
Tu as découvert le All Star Game cette année à ce propos… Ça te donne des idées pour la suite ?
Oui, c’était la première fois que j’y allais et que j’y participais. C’était vraiment une bonne expérience pour moi. Et oui, ça donne forcément envie d’y retourner.
Propos recueillis à Paris