24 secondes, la marque de baskets "Made in France" bientôt sur les parquets • Basket USA

24secondes---montante-blanche---perspective Une chaussure de basket « Made in France », c’est possible. Dans quelques jours, la marque 24 Secondes va le prouver avec le lancement de ses premiers modèles.

Pour en savoir plus sur cette aventure, rencontre avec Louis-Florent Beng, l’homme qui est à l’origine de cette aventure.

Comment est né le projet 24 secondes ?

J’ai un ami qui est entraineur de basket et qui est très branché « Made in France », tout en étant très porté sur les bonnes affaires. Pour le titiller un peu, je lui demandais : « Toi qui es entraineur de basket, si on sort une basket fabriquée en France qui coûte 15 ou 20 euros de plus qu’un modèle de chez Nike, est ce que tu l’achèterais ? » Il m’a répondu que oui. Pour s’amuser, on a commencé à imaginer quelques designs de chaussures avec mon collègue designer. Derrière, on a commencé à regarder si c’était possible, s’il y avait encore des usines, des gens qui étaient capables de nous aider sur un développement technique en France. On s’est rendus compte assez rapidement que c’était possible, donc on s’est mis à bosser dessus de manière un petit peu plus sérieuse.

On a créé les designs en s’appuyant un peu sur l’équipe de Quimper, qui évolue en Nationale 1. On les a sollicités sur le design, la technicité, les choses sur lesquelles ils étaient sensibles. De là nous avons sortis des premiers prototypes qui ont pas mal évolués. Maintenant nous avons une première série de montantes qui sont sur notre site temporaire et nous sommes en train de finaliser le développement technique des chaussures basses.

Le « Made in France », c’était quelque chose d’important dans la démarche ?

Complètement. Quand nous avons regardé le paysage de la chaussure de basket, nous avons remarqué qu’il n’y a quasiment plus que deux acteurs. Quand j’ai arrêté ma petite carrière dans les années 90, il y avait encore pas mal d’acteurs : Reebok, Converse, Fila… Des marques qui ont complètement disparu de la carte. Maintenant, il n’y a plus que Nike et Adidas, et quelques marques chinoises.

Vous annoncez sur votre site, « des chaussures qui tiennent toute la saison » ? Il y a une démarche développement durable ou une volonté de faire des produits de qualité ?

C’est plus une démarche qualitative que développement durable. Après, c’est sûr que quand la basket ne fait pas 10 000 kilomètres et qu’on travaille avec un petit panel de sous-traitants qui sont tous situés localement dans un rayon de 60 à 100 kilomètres. C’est sûr que oui, il y a un impact écologique qui est beaucoup plus faible. Nous, ce qu’on voulait, c’était essayer de développer un produit qualitatif en s’appuyant sur des savoirs-faire locaux, notamment à Roman, où est situé notre partenaire.

Ce sont des gens qui ont pas mal souffert de toutes les vagues de délocalisation qui ont eu lieu ces 20 dernières années et qui sont à la recherche de projets un peu comme celui-ci pour trouver un second souffle. Donc nous avons travaillé avec quelqu’un qui est dans la chaussure depuis 30 ans, et qui connait bien la technicité des produits. Il nous a aidé à faire évoluer un peu le design que nous avions créé pour l’adapter aux données techniques et aux propriétés que nous souhaitions avoir sur la chaussure, notamment au niveau de la légèreté et de l’adhérence.

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Aujourd’hui, est-ce que c’est facile de faire produire une basket en France ?

Facile, non. Parce que ça demande de l’investissement. Monter une marque dans le textile, c’est assez simple et on peut se lancer avec peu ou pas de moyens. Là, il faut avaler un développement technique qui est long et fastidieux. Et ça demande pas mal d’investissements, notamment pour tout ce qui est outillage. Les semelles sont injectées, ou alors c’est du coulage haute pression, donc il y a des outillages qui coutent quand même assez cher. C’est un peu plus compliqué de fabriquer une chaussure que de faire un T-shirt.

Quelle est votre ambition pour 24 secondes ?

Nous allons lancer officiellement lancer la marque avec une campagne de financement participatif. Le premier objectif, c’est d’atteindre les 300 pré-commandes. Pour l’instant, nous avons lancé le site temporaire, et nous avons un peu plus de 600 fans sur la page Facebook. En une semaine c’est pas mal. Les retours sont super positifs, à la fois sur le projet et le concept « Made in France », mais aussi sur le design des produits. On est assez ambitieux et enthousiastes. L’objectif c’est de faire mieux que ces 300 pré-commandes, et si possible beaucoup mieux.

Maintenant, on ne se fixe pas non plus d’objectif chiffré à moyen ou long terme, mais on ne se fixe pas non plus de limite. Je pense que nous avons une chance de trouver notre place. Même en fabriquant en France, on ne sera pas plus chers que les autres, voir même un peu moins cher sur certains modèles. Si les produits plaisent et que les gens sont bien dedans, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas.

Au niveau technique, vous pensez pouvoir rivaliser avec les modèles Nike les plus courants ?

On ne va peut-être pas aller chatouiller Nike tout de suite parce qu’ils sont clairement au-dessus du lot en terme de technicité. Même par rapport à Adidas, ils sont assez loin devant. Je ne vais pas venir claironner que mes produits sont plus techniques que Nike alors que ça fait huit mois que nous avons commencé à bosser sur le projet. Ce serait un peu fou de dire ça.

Je pense qu’on va être sur une technicité moindre par rapport aux produits de Nike, mais on a eu un développement technique qui est vraiment intéressant au niveau de la semelle, à la fois par rapport à l’amorti et sur le motif de la semelle d’usure par rapport à l’adhérence. Là-dessus, on a fait une grosse étude, avec pas mal de développement en 3D. Je pense qu’on va avoir quelque chose de vraiment chouette. Même au niveau de la tige, on a quelque chose où on est bien maintenu. C’est une chaussure qui est confortable et c’était ce qu’on voulait. On a quelque chose qui est à la fois confortable, résistant et léger.

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Quelle va être votre stratégie de promotion ?

Ce qu’on se verrait bien faire, c’est fédérer tout le petit monde du basket en France, où même pourquoi pas en Europe. Ce ne sera pas des contrats sponsoring à la Nike ou Adidas, mais ont aimerait bien qu’il y ai des joueurs de haut niveau qui portent nos produits.

Par exemple quelqu’un comme Boris Diaw. Ce n’est pas une star surpuissante qui enflamme les Top 10, mais c’est un mec qui renvoie d’autres valeurs. C’est un mec qui est là tous les étés en équipe de France, quand les autres préfèrent ne pas venir. C’est un mec qui est collectif, qui renvoie des valeurs qui sont pas mal dans l’esprit de la marque. Alors peut-être éventuellement avec des joueurs comme ça s’ils sont intéressés pour nous filer un coup de main ou qu’on bosse ensemble. Pourquoi pas. À plus court terme, on va sans doute essayer de draguer quelques joueurs de Pro A par exemple.

Il y a des acteurs qui font vivre le basket en France. Et c’est pour ça qu’on s’est dit qu’il y avait sans doute une possibilité. Il y a un record de licenciés qui est battu tous les ans, il y a des audiences télé qui augmentent, il y a des résultats en équipe nationale chez les jeunes, donc il y a une dynamique qui nous fait dire que c’est le moment où jamais pour tenter un projet comme celui là.