Detroit – Chicago : les Bulls se tirent une balle dans le pied

Même le plus taré des ingénieurs de grand 8 ne pourrait imaginer une montagne russe comme celle des Bulls. Elle est sans égale, unique. Les Six Flags les envient et Disney World en rêve. Amateur de vertige et de tournis, vous ne serez pas déçus. Face à des Pistons privés d’ailier fort et laminés dans le deuxième quart temps (14-36), Chicago a trouvé le moyen de passer de +19 à -16 en 19 minutes, en l’occurrence les dernières. Inexistants sur le repli et fantomatiques en attaque en seconde période, les Bulls subissent une nouvelle désillusion, symbole d’une inconstance dramatique. Reggie Jackson (22 pts, 11 passes) et l’inattendu Spencer Dinwiddie (10 pts, 10 passes) redonnent le sourire à Detroit, qui dans une fin de saison sans enjeu aspire juste au progrès et au plaisir. Cette victoire 107-91 leur apporte les deux.

« Nous étions fatigués et il aurait donc fallu que nous jouions avec intelligence. Nous ne l’avons pas fait et nous laissons filer un match que nous aurions dû gagner ». Voilà pour Joakim Noah. « Un match n’est jamais fini si vous commencez à ne pas revenir en défense et offrir des paniers faciles. Il faut continuer de jouer, ce que nous n’avons pas fait en étant incapable d’arrêter leur série quand elle a commencé, alors que nous menions de 19 pts en milieu de troisième quart. » Voilà pour Tom Thibodeau.

L’improbable duo Anthony-Drummond

Les deux constats dégagent la même amertume. La colère doit être contenue, elle ne s’étale pas sur la place publique, surtout au sein d’un vestiaire habitué au mea culpa. Ce n’est pas la première fois que Chicago joue au bipolaire mais cette fois, la maladie inquiète.

Menés de 10 pts après les douze premières minutes, les Taureaux ont profité du positionnement de Tayshaun Prince au poste 4 pour manger leurs hôtes. Pendant que Detroit rate 13 de ses 15 shoots, ils infligent un 26-6 à des Pistons sans ressort, avec Aaron Brooks à la baguette, 15 de ses 19 pts ayant été inscrits en première mi-temps. Sans Greg Monroe ni Shawne Williams et Anthony Tolliver (4 pts) puni par les fautes, Stan Van Gundy est à poil au poste 4. Son expérimentation Prince a été un échec béant, mais le Stan est têtu et il a la carapace dure.

Après six minutes dans le troisième quart, alors que ses ouailles prennent le bouillon et que Chicago est encore au-dessus des 50%, il retente un autre coup de poker. Son « all in » ? Associer Joel Anthony et Andre Drummond dans la raquette. « Non seulement ils n’avaient jamais joué ensemble mais ne s’étaient même jamais entraîné ensemble. Nous devions tenter quelque chose, ils ont fait en sorte que ça marche », commente le patron de Detroit.

Un 54-19 encaissé en 19 minutes…

C’est en grande partie grâce au binôme que Reggie Jackson d’abord – 17 pts, 7 passes dans le 3e QT – et Spencer Dinwiddie ensuite – 10 pts et 6 passes dans le 4e QT – ont pu assommer des Bulls devenus apathiques. Quand Dre (14 pts, 9 rbds) est reparti souffler sur le banc, SVG a remis Prince en 4. La seconde expérience a été plus convaincante, le champion 2004 combinant 9 rbds et 2 interceptions dans le dernier quart.

Pendant que Detroit s’emballait, Chicago coulait. En 19 minutes, les Bulls encaissent un 54-19 franchement honteux. Seul Pau Gasol (17 de ses 27 pts en seconde période) sort la tête de l’eau pendant que le reste de l’effectif cumule 18 pts à 7/30 en 24 minutes après la pause. Les 12 pts inscrits dans le dernier quart constituent le summum du pastiche.

« Si nous avons gagné ce soir c’est parce que tous les joueurs ont contribué », se félicite Van Gundy. « Mes coéquipiers m’ont rendu le boulot facile, en défense et sur les écrans. Ils m’ont permis d’attaquer le cercle et de scorer en transition », rend lui hommage Reggie Jackson.

Les deux équipes se retrouvent le 3 avril, au United Center. Entre temps Chicago aura affronté deux membres du top 8 de sa conférence, dont Toronto, 3e de l’Est.