Grenade sera en ébullition, mercredi soir (22h), pour la rencontre entre la France et l’Espagne. Les Bleus ont eu un petit aperçu de ce qui les attend le premier jour, lorsque « La Marseillaise » a été sifflée par une partie du public espagnol alors que Vincent Collet et sa troupe défiaient le Brésil.
La défaite de l’an passé et la rivalité entre les deux pays depuis plusieurs années risquent de surmotiver la « Roja » et ses supporters. Côté français, on s’attend d’ailleurs à un match très compliqué. Vincent Collet admet d’ailleurs que le « rapport de force a changé » entre la France, qui a perdu Tony Parker, et l’Espagne, qui récupère Pau Gasol, Serge Ibaka ou encore Juan Carlos Navarro par rapport à l’an dernier.
En conférence de presse, ce matin, les Bleus ont évoqué quatre clés pour aborder cette rencontre.
Eviter de subir dès l’entame du match
« Si on n’est pas prêt, on peut en prendre 50, » prévient ainsi Vincent Collet. « C’est la réalité de la situation. Il faudra être prêt à résister et ne pas leur faciliter la tache. Ils sont en mission. Ils n’avaient pas d’a-priori contre le Brésil mais ils étaient possédés. Ils vont l’être encore plus demain soir, parce qu’il y a un compte à régler ».
La France devra donc être prête au combat dès la première minute du match.
« Comme souvent, depuis quelques années, l’Espagne assomme ses adversaires dès l’entame », continue le sélectionneur. « Le premier cinq est très, très fort. Il faut être conscient de ça mais on l’avait dit l’année dernière et ça ne nous avait pas empêchés d’être boxés dès l’entame. C’est une vague, une déferlante qu’il faut arriver à endiguer. Cette capacité permet de faire un vrai match ou, au contraire, d’être dans les cordes, de courir après le score, de faire une somme d’efforts énorme et, malgré tout, de ne pas revenir ».
Ecarter le jeu
C’est ce qu’ont connu les Brésiliens, hier soir, eux qui ont été assommés par les 30-14 de l’Espagne dans le premier quart-temps. Défensivement, il faudra donc être solides et s’inspirer de ce que la France avait fait en 2012, lors des Jeux olympiques de Londres.
En quarts de finale, les Bleus avaient fait très peur à la troupe de Pau Gasol en écartant le jeu.
« Comme d’habitude et en particulier contre les équipes qui ne disposent pas d’intérieurs shooteurs, ce qui est le cas du Brésil mais malheureusement un peu notre cas également, elle fait défendre ses deux intérieurs en zone avec les trois petits qui pistent et chassent les extérieurs adverses », explique Vincent Collet.
Boris Diaw, Florent Pietrus ou Joffrey Lauvergne pourraient donc avoir pour consigne de sortir de la raquette et d’artiller de loin. Quitte sans doute à forcer leur nature et leurs habitudes.
« Plutôt que de parler de l’Euro, il faut plutôt parler du match des Jeux olympiques puisqu’à deux minutes trente de la fin, nous étions en situation de gagner. C’est plus un match référence pour moi car, d’une part, ils avaient la même équipe, à part Ricky Rubio. Il y avait Tony Parker évidemment mais nous avions réussi en jouant beaucoup avec Boris Diaw et Florent Pietrus. Ce jour-là, on avait réussi à trouver de la surface de jeu. Boris et Florent avaient cumulé cinq ou six paniers à trois points [cinq en effet, à 2/2 pour Florent Pietrus et 3/6 pour Boris Diaw] et si les intérieurs ne peuvent pas s’écarter, contre eux, ça devient très compliqué ».
Tenir le choc face à Pau Gasol
À Londres, les Bleus avaient surtout bien gêné Pau Gasol, étincelant depuis le début du tournoi.
« Ce jour-là, on avait relativement bien limité Pau Gasol [10 points à 3/7, 11 rebonds]. Il faut être capable de le refaire mais, défensivement, la prestation avait été très bonne. On leur avait posé des problèmes défensifs avec un score dans les 60 points [59-66]. On n’avait pas donné grand-chose mais on avait fait un match de haut vol », se rappelle Vincent Collet.
Mais il ne s’agit pas de la mission d’un seul joueur (Boris Diaw ? Florent Pietrus ? Joffrey Lauvergne ?). Pour faire face au géant espagnol (23.7 points et 6.7 rebonds de moyenne dans la compétition), il va falloir être solidaires et se relayer. Même si la mission s’annonce compliquée.
« Pau Gasol n’a jamais aussi bien joué de sa carrière », confirme Nicolas Batum. « Il est sur un nuage en ce moment. Nos intérieurs vont devoir être costauds, prêts mais ils ne vont pas être seuls. On ne peut pas défendre sur Pau Gasol en un-contre-un. Je pense que personne, au monde, ne peut le faire à l’heure actuelle ».
Dédramatiser pour ne pas rentrer dans la frustration
Vincent Collet et ses joueurs admettent d’ailleurs que, cette année, l’Espagne semble « dans une autre catégorie » par rapport à la France. Une défaite demain serait donc logique et les Bleus ont avant tout tenté de dédramatiser un revers, qui ne changerait pas grand-chose pour la suite.
« C’est un match de poules », a d’ailleurs immédiatement expliqué Nicolas Batum. « On les a joués en 2011, 2012 et 2013 mais c’était des matches couperets. Ce n’est pas à la vie, à la mort comme ces dernières années. Faut pas se projeter ou se mettre dans une mauvaise approche avant un match comme ça. Il faut l’aborder sérieusement, c’est clair, mais ce ne sera pas la fin du monde demain soir ».
L’important, ce sera de rester concentrés, de ne pas lâcher et de ne pas craquer mentalement.
« Il va falloir être sereins, rester lucides, ne pas se prendre la tête et ne pas être pris de panique à cause de l’ambiance, de la pression ou des Espagnols qui vont faire un certain nombre de choses. Il faut rester très calmes et ne pas rentrer dans leur jeu justement. Ils vont vouloir qu’on panique parce qu’on est une équipe très jeune. Ils vont vouloir rentrer dans nos têtes mais je suis serein. On a l’habitude de les affronter maintenant ».
Car pour les Bleus, c’est sans doute le match face à l’Iran, le jour suivant, qui sera décisif. En cas de défaite face à l’Espagne, il faudra alors se relancer pour se qualifier en huitième de finale.
« Il faut se dire que, quoi qu’il en soit, le Mondial ne sera pas terminé et que, le lendemain, il faudra être capable de battre l’Iran, qui est bien plus fort que l’Egypte », rappelle Vincent Collet.
Propos recueillis à Grenade