[Les Français en NBA] 9e – Johan Petro

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » Ce vieil adage pourrait parfaitement correspondre à l’impact de la France sur la NBA. Encore absente des parquets nord-américains il y a moins de vingt ans, la France est devenue en l’espace de quelques années le premier pourvoyeur de talent, si l’on excepte les Etats-Unis.

Pourtant, ce sont près de trente pays qui ont devancé l’Hexagone en envoyant l’un de leur ressortissant en NBA. Mais depuis 1997 et la sélection d’un certain Olivier Saint-Jean par les Sacramento Kings, ce ne sont pas moins de vingt joueurs tricolores qui ont foulé les parquets du plus prestigieux championnat du monde. Certains sont devenus des stars mondiales, d’autres ont connu des carrières respectables, et d’autres encore n’ont malheureusement pas réussi à y faire leur trou.

Mais qu’importe, rien que le fait de pouvoir dire que l’on a eu la chance de jouer en NBA reste une réussite phénoménale. Formés dans nos centres français ou dans le système universitaire américain, nos compatriotes de la NBA ont conquis la planète basket et le réservoir ne semble pas désemplir. Quatre joueurs draftés en 2013 et 2014 attendent d’ailleurs leur tour…

N°9 : Johan Petro

Formé à: Pau-Orthez
Draft: 1er tour, 25ème choix par Seattle en 2005
Saisons: 8 (2005 à 2013 avec Seattle/Oklahoma City, Denver, New Jersey et Atlanta)
Matchs en saison régulière: 473 (dont 139 comme titulaire)
Matchs en playoffs: 22 (dont 5 comme titulaire)
Moyennes: 4,7 points à 46,2%, 3,9 rebonds, 0,5 passe décisive
Totaux: 2202 points, 1836 rebonds, 227 passes décisives
Record en carrière: 22 points (à deux reprises)

Awards: –

Votes pour la All-Rookie Team : 6 (2006)

Son parcours:

28 juin 2005: Sélectionné par les Seattle SuperSonics au 1er tour (25ème choix) lors de la Draft 2005.
7 janvier 2009: Echangé par les Oklahoma City Thunder avec un second tour de Draft aux Denver Nuggets contre Chucky Atkins et un 1er tour de Draft.
10 juillet 2010: Signe avec les New Jersey Nets en tant qu’agent libre.
11 juillet 2012: Echangé par les Brooklyn Nets avec Jordan Farmar, Anthony Morrow, DeShawn Stevenson, Jordan Williams, un 1er tour de Draft  et un 2e tour de Draft aux Atlanta Hawks contre Joe Johnson.

Gains: $15,845,294

Quel bilan tirer de la carrière de John Petro ? Sans jamais briller, il a tout de même joué pendant huit saisons en NBA, ce qui est bien plus que le quidam des joueurs, et régulièrement connu les joies des playoffs mais sans s’imposer malgré de nombreuses opportunités données par ses coachs.

Mais revenons tout d’abord quelques années en arrière. Très vite repéré par les scouts NBA, Petro se forme dans ce qui est à l’époque la meilleure structure de France, l’Elan Béarnais Pau-Orthez. En 2004-05, âgé d’à peine 18 ans, il joue un rôle assez important au sein de l’équipe en sortie de banc, et montre de belles aptitudes aussi bien en attaque qu’en défense. En fin de saison, le pivot français décide de s’inscrire à la Draft pour tenter sa chance outre-Atlantique. Attendu en milieu de 1er tour, c’est finalement à la 25e place qu’il entendra son nom. Retenu par les Seattle SuperSonics, Petro sait qu’il tombe dans une franchise qui devrait lui donner sa chance très rapidement vu les carences de l’équipe dans la peinture.

Titulaire dès son premier match et disposant de la confiance de son coach, Bob Weiss, Petro montre de bonnes choses mais se retrouve constamment en « foul trouble », ce qui bride considérablement son temps de jeu. Après dix matchs, fini le cinq majeur. C’est depuis le banc que Petro doit faire ses preuves. Il ne joue pratiquement pas du mois de décembre, avant un retour en grâce au début de l’année 2006 où il récupère sa place de titulaire. Cependant, son impact reste limité et bien qu’ayant un temps de jeu moyen d’une vingtaine de minutes, ses chiffres ne grimpent pas vraiment. Il signe toutefois deux doubles-double, termine la saison avec des moyennes de 5,2 points et 4,4 rebonds, et reçoit même quelques voix pour l’élection de la All-Rookie Team.

La deuxième saison de Petro est à nouveau très moyenne. Titulaire en début de saison, il est sorti du cinq de départ après onze apparitions, mais reste dans la rotation du nouveau coach Bob Hill. Petro ne manque d’un seul match sur toute la saison et possède un temps de jeu correct, environ dix-huit minutes par rencontre. Il réalise quelques matchs-références, comme le 11 mars à Toronto avec 13 points et 13 rebonds ou encore le 30 mars face à Memphis avec 22 points, son record en carrière.

En 2007-08, pour sa troisième saison, les observateurs espèrent le voir franchir un nouveau palier mais au final, il ne fait que maintenir son temps de jeu à un peu moins de vingt minutes, et ce malgré une concurrence faiblarde au poste de pivot (Kurt Thomas, Robert Swift, Saer Sene).

La saison suivante, alors que la franchise a déménagé dans l’Oklahoma, Petro est une nouvelle fois titulaire au poste de pivot en début de saison, et une nouvelle fois, il n’arrive pas à saisir sa chance. Après huit rencontres très moyennes, il est sorti du cinq majeur. Le Thunder (nouvelle appellation de la franchise) réalise un début de saison atroce avec une seule victoire en treize matchs, et le coach P.J. Carlesimo est logiquement limogé. Son remplaçant, Scott Brooks, ne fait pas confiance à Petro, et celui-ci voit son temps de jeu se réduire comme peau de chagrin jusqu’à finalement sortir entièrement de la rotation. Le 7 janvier 2009, Petro est envoyé à Denver où il ne joue pas beaucoup (2,2 points en huit minutes).

Conservé par les Nuggets, il connait une saison très difficile en 2009-10, n’entrant en jeu qu’à trente-six reprises. Il faut même attendre le mois de mars pour le voir jouer autre chose que quelques secondes dans le « garbage time ». Avec 3,4 points et 3,6 rebonds de moyenne, on se dit alors qu’il lui sera difficile de trouver un nouvel employeur mais, à la surprise générale, les New Jersey Nets lui offrent alors un contrat de trois ans et dix millions de dollars. Quelle aubaine !

Doublure de Brook Lopez, Petro joue assez peu (onze minutes par match) mais entre en jeu pratiquement tous les soirs. Déjà une victoire pour lui. En 2011-2012, Lopez se casse le pied et Petro hérite encore une fois de la place de titulaire… pour deux matchs seulement. Il apporte cependant de l’intensité et du rebond en sortie de banc pendant une petite dizaine de minutes par match.

Lors de l’intersaison 2012, les Nets déménagent enfin à Brooklyn et affichent des ambitions démesurées. Le front office recrute les stars à tour de bras et Petro est envoyé en compagnie d’autres role players à Atlanta en échange du All-Star Joe Johnson. Alors que son contrat arrive à son terme, les Hawks ne comptent pas vraiment sur lui et il ne joue que des bouts de matchs avant de rentrer petit à petit dans la rotation. Il signe même deux double-doubles au printemps, dont 11 points et 15 rebonds face à San Antonio le 6 avril. Petro intégrer même le cinq de depart en playoffs face à Indiana mais les Hawks s’inclinent au 1er tour. Laissé libre, il ne trouve pas preneur en NBA.

Longtemps en froid avec l’équipe de France, il participe au triomphe de 2013 et décroche le titre de champion d’Europe avant de s’exiler en Chine mais il ne s’adapte pas à la vie asiatique et revient en France, au CSP Limoges, et remporte le titre de champion de France. A seulement 28 ans, il met alors sa carrière entre parenthèses.

Beaucoup de joueurs signeraient volontiers pour avoir une carrière « à la Petro », c’est-à-dire s’installer durablement en NBA. Mais on ne peut s’empêcher de penser qu’avec plus de cent matchs démarrés dans le cinq majeur, Petro aurait pu et surtout dû faire bien mieux…