Cible (justifiée) de nombre de critiques il y a peu, Scott Brooks a pris son temps… mais il a fait les ajustements nécessaires pour son équipe. Reconnaissons d’abord qu’il a eu l’immense chance d’assister au miracle du retour de Serge Ibaka qui a délivré une performance dantesque. Mais le technicien du Thunder, à la réputation de frileux, avait pris les bonnes décisions en rénovant son cinq majeur hier soir, lançant notamment Reggie Jackson dans le grand bain, tout en se passant pendant tout le match des fidèles Thabo Sefolosha et Nick Collison.
Le cinq majeur du Thunder: 85 points!
Ibaka et Jackson titulaires, la donne était complètement changée pour les Spurs. Les options prises durant les deux premières manches n’ont pas fonctionné hier pour les texans. Car si Ibaka a mis des shoots sur l’émotion immense du moment, et a surtout révolutionné la défense du Thunder (sur Tony Parker), l’impact de Reggie Jackson est plus impalpable… mais il est tout aussi important.
« Il a été très bon car il a attaqué la défense. Il me donne l’opportunité de jouer sans ballon, de bouger et de me démarquer ou d’aider l’équipe ailleurs que dans le scoring. » précise Russell Westbrook. « Reggie a surtout fait les bons choix. Il a produit du bon basket, en étant agressif, en trouvant les gars, aux rebonds et en restant lui-même. »
Avec ses 15 points et 5 passes, le discret Jackson continue de se faire un nom au sein du Thunder. Surtout, c’est lui qui a mis à mal la défense des Spurs pas habitués à avoir à juguler le duo Durant – Westbrook, plus Ibaka l’improbable revenant… et encore moins le dynamique et bondissant Jackson. Rendez-vous compte, le cinq majeur du Thunder a cumulé 85 points quand celui des Spurs a fini à 47 ! Une énorme différence par rapport aux matchs précédents…
La jeunesse au pouvoir : l’identité retrouvée du Thunder
Mais si la bataille des cinq majeurs a largement tourné à l’avantage d’OKC, celle des bancs a elle (et logiquement) favorisé les Spurs (50-21). Mais si l’on excepte le match précisément exceptionnel de Manu Ginobili (23 points en 24 minutes… mais seulement 2 points en deuxième mi-temps), les seconds couteaux du Thunder ont fait du bon boulot avec notamment Steven Adams (7 points, 9 rebonds, 4 contres).
Plus spécifiquement, Brooks a enfin fait appel à ses jeunes pousses. Après avoir essayé Perry Jones III à San Antonio, c’est Jeremy Lamb qui a été envoyé au feu. Le garçon sorti de Connecticut il y a deux ans a prouvé que ses deux premières saisons passées au chaud sur le banc du Thunder n’avaient pas servi à rien. Avec 6 points, 3 rebonds en 16 minutes, Lamb a surtout démontré qu’il pouvait rivaliser à ce niveau de compétition du côté défensif du terrain. Doté de bras immenses et de grosses aptitudes physiques, Lamb continue son apprentissage mental. Hier était une belle étape pour lui.
« Mes coéquipiers me le disent en permanence : reste prêt, reste prêt ! [Hier] soir, mon numéro a été appelé et je suis heureux d’avoir pu répondre présent et d’avoir pu créer des choses pour l’équipe. J’étais concentré sur ma mission et ça a bien marché pour nous. Mais ce n’est qu’un match. On va continuer à regarder les vidéos et progresser encore. »
En redonnant du temps de jeu à ses jeunes pépites, Scott Brooks a surtout remis la philosophie du Thunder en adéquation avec ses choix de coach. Timide jusqu’à l’excès dans ses rotations, Brooks semble enfin avoir réussi à surmonter ses peurs en lâchant davantage la bride et ouvrant plus largement son banc. Hier soir, même Hasheem Thabeet a eu du temps de jeu !
Plus de mouvements avec et sans ballon
Plus relâché que jamais dans cette série, le Thunder a pu jouer au basket de manière efficace. Les balles perdues (18) sont encore trop nombreuses mais le plaisir a été retrouvé.
« Le plus important, c’est qu’on a bien bougé le ballon. On a fait beaucoup de vidéos, et ça a payé. On a bien fait vivre le ballon, allant d’un côté à l’autre pour trouver des tirs ouverts ou alimenter l’un des meilleurs duos de la ligue. C’est bon de jouer comme ça. Ça, c’est du vrai basket et il faut qu’on joue ainsi 48 minutes au prochain match. » claironne Caron Butler.
Battus à plate couture dans l’agressivité et dans la bataille intérieure, les coéquipiers de Derek Fisher avaient mis un point d’honneur à relever le défi une fois de retour devant leur public.
« Contre les Spurs, il faut être au niveau dans l’intensité et dans la concentration. Dès le début du match. Notre mentalité a été bonne. On a perdu des ballons mais nos intentions étaient les bonnes. Et puis, on a été plus intelligents. Moins on fera d’erreurs, moins les Spurs auront de munitions » conclut le sage Fisher.
Propos recueillis à Oklahoma City