Tom Thibodeau critiqué pour son manque de rotations, Rick Carlisle applaudi pour ses ajustements, Miami en route pour les finales grâce à ses shooteurs remplaçants, les Nets et les Clippers sortis malgré leurs bancs à rallonge.
Certains sont des stars, d’autres resteront anonymes, les meilleurs ont droit de jouer tout au long du match quand les autres ne s’illustrent que lorsque plus rien ne compte.
En NBA comme ailleurs, le banc constitue une clé fondamentale pour le succès. C’est la réserve d’oxygène d’une équipe, la bouffée d’air frais censée amener points, rebonds, défense et énergie à des titulaires en quête d’un second souffle.
La NBA décerne même un titre au remplaçant le plus en vue : celui de meilleur sixième homme (cette année, Jamal Crawford).
Mais au fond, quelle est l’importance réelle de ces escouades de remplaçants dans la conquête du titre ?
Un bilan mitigé pour les bancs les plus offensifs
D’un point de vue purement chiffré, la situation est trouble. Statistiquement, le meilleur banc de la ligue en attaque est loin d’être une garantie pour le titre. À titre d’exemple, il y a neuf ans, l’équipe qui présentait la meilleure « bench mob » n’était autre que Chicago (1er aux points, à l’évaluation, rebonds, passes et contres). Cela n’a pas empêché les Bulls de perdre 2-4 au premier tour contre les Wizards d’un certain Gilbert Arenas. Et les mauvaises langues ne peuvent rien reprocher à Thibodeau, l’équipe était alors coachée par Scott Skiles.
Même scénario en 2004 avec San Antonio, en 2006 (Milwaukee), 2008 (Toronto), 2009 (Dallas), 2010 (Phoenix), 2012 (Denver) et 2013 (LA Clippers). Aucune de ces équipes n’a accroché le titre l’année où leur banc était le plus offensif de la ligue en playoffs.
San Antonio et Dallas, les deux exceptions
En fait, depuis dix ans, seules deux équipes ont remporté le trophée Larry O’Brien avec un banc au top : les San Antonio Spurs en 2007 et les Dallas Mavericks en 2011. En 2007, le banc des Spurs émarge à 29,5 points de moyenne, soit 31% de la production totale de l’équipe. C’est aussi la meilleure équipe de « substitutes » aux rebonds, aux passes et à l’évaluation.
En 2011, le banc de Dallas n’était pas le plus complet (3e à l’évaluation générale) mais il était le plus offensif avec 36,1 points apportés par la second-unit !
À titre de comparaison, l’apport du banc de Miami l’année de son premier titre en 2012 est bien plus famélique avec respectivement 18,2 points (14e de la ligue) et 23,7 d’évaluation (11e). Néanmoins, il a largement progressé l’an passé avec 29,3 points (5e) et 32,8 d’évaluation (4e), ce qui s’explique notamment par les arrivées conjointes de Ray Allen et Chris Andersen.
Même chose en 2008 où la production des remplaçants de Boston n’est que la 13e de la ligue, tandis que celles des Lakers en 2009 et 2010 est respectivement 6e et 13e.
En fait, depuis les Spurs de 2007, seuls les bancs de Dallas en 2011 et Miami en 2013 ont apporté plus de 30% du rendement offensif total de leurs équipes. Tout aussi surprenant, aucun joueur élu meilleur sixième homme de la ligue n’a gagné le titre NBA l’année de sa récompense.
La défense, la meilleure des attaques
Si les bancs les plus offensifs ne font pas forcément gagner le titre, ceux qui présentent une grosse activité défensive génèrent plus de chances de ramener le trophée tant convoité. Ainsi, sur les dix dernières années, six d’entre eux figuraient dans le top 5 des meilleurs bancs défensifs en playoffs (les Lakers, Celtics et plus surprenant, les Pistons sont les quatre autres).
Cette année, cela explique la déroute de Portland (pire banc de la ligue de ce côté-ci du terrain) ou encore les difficultés d’Indiana, antépénultième.
Pourtant, le banc d’Oklahoma est 12e en défense et l’équipe est encore en lice. Au contraire, celui de Memphis présentait la meilleure défense de la ligue et se retrouve éliminé, au même titre que celui de Chicago (2e meilleure défense).
En clair, la défense n’explique pas tout non plus et c’est normal car au final, aucun banc de la ligue n’est le principal responsable du titre. C’est un facteur essentiel de la course mais l’élément déterminant reste le cinq majeur. C’est pourquoi, l’an passé, les Clippers se sont fait éliminer alors que leur banc était le meilleur de la ligue en attaque et en défense. Au final, la « second unit » s’est révélée plus efficace que le cinq titulaire, ce qui ne pouvait fonctionner face à une équipe aussi dense que Memphis.
Cette saison, la situation s’est inversée. Les remplaçants de Memphis se sont montrés plus efficaces que le cinq. Résultat: élimination au premier tour. Idem pour Chicago.
Le titre récompense l’équilibre
Ceci démontre que la réussite est rarement due au hasard. Il couronne l’équipe la mieux construite, celle qui présente l’équilibre le plus subtil entre le cinq et les remplaçants en termes de minutes jouées, d’apport offensif et défensif.
Cette saison, deux équipes se démarquent : San Antonio et Miami. Les deux équipes sont les meilleures en playoffs à l’évaluation offensive et défensive. Le banc texan figure lui à la seconde place de l’évaluation et se révèle le troisième banc défensif de la ligue. Celui de la franchise floridienne est 5e et 4e dans les deux catégories.
Cela signifie que les deux cinq majeurs sont les plus performants de la ligue et que leurs remplaçants baissent à peine de régime quand ils sont sur le terrain. Ce n’est donc pas une surprise si les deux équipes sont actuellement les mieux placées pour se retrouver en finale. Pour la deuxième année de suite.