La recette du succès selon Gregg Popovich

17 saisons consécutives à plus de 60% de victoires depuis 1997-98, 11 à plus de 70%, 5 finales de conférence, 4 titres, les Spurs sont au sommet de la ligue depuis maintenant une quinzaine d’années. Soit depuis l’arrivée de Gregg Popovich au milieu de la saison 1996-97 et c’est tout sauf un hasard.

En effet, si les Spurs ont eu du succès, c’est évidemment grâce au talent de leurs joueurs mais aussi et surtout grâce à « Coach Pop », qui a su faire en sorte de construire un groupe de joueurs capables de se sacrifier et de tout donner pour l’équipe année après année.

« Je pense que ça dépend totalement du caractère et de la qualité des joueurs, de leur état d’esprit » explique-t-il dans une longue interview accordée au San Antonio Express News. « Evidemment, je suis un maniaque et je vais me tenir à cette mentalité car je suis construit comme ça mais je ne peux pas léguer cet état d’esprit. C’est peut être bien ou mal, je ne sais pas. Mais je ne joue pas tous les soirs. »

« Il faut donc trouver 10-12 gars avec le même état d’esprit. Ça ne veut pas dire que vous allez gagner le titre mais vous allez avoir ce dévouement et ce courage de revenir chaque année et d’essayer d’être la meilleure équipe possible. Il faut du caractère et de la ténacité et cela incarne bien les joueurs que nous avons. Il faut voir comment les joueurs réagissent aux entrainements, avec leurs coéquipiers, voir à quel point c’est important pour eux. Vous pouvez vous épargner beaucoup de problèmes en essayant de faire ce travail en amont. »

« Les gars se font vraiment avoir en jouant pour moi »

Si Gregg Popovich cherche des joueurs au profil bien particulier, c’est parce que lui-même reconnait qu’il n’est pas facile d’évoluer sous ses ordres.

Ancien membre de l’US Air Force, il impose une discipline de fer à ses joueurs mais dans une NBA faite de joueurs à l’ego souvent surdimensionné et où les statistiques individuelles ont tout de même beaucoup d’importance, il faut de la poigne pour imposer ses règles, notamment lorsqu’on limite le temps de jeu de ses stars, comme le fait Gregg Popovich.

« On fait ça depuis une décennie. Pendant l’année, on veut baisser leur temps de jeu pour les protéger des blessures. Cette année, on voulait maintenir tout le monde sous les 30 minutes, c’était le plan. Il n’y a rien de nouveau. Mais je pense toujours à nos gars et à leurs stats. Ils se font vraiment avoir en jouant pour moi. Je parie que nos gars jouent moins dans le quatrième quart-temps que la plupart des bons joueurs de la ligue. Je serais prêt à parier ça. Ça nuit à leurs stats, sans aucun doute, mais par chance j’ai des joueurs qui ne pensent pas à ça. »

Un groupe où tout le monde est respecté

Une mentalité qui explique aussi pourquoi les Spurs se sont souvent tournés vers l’étranger.

En effet, les Spurs ont toujours fait partie des équipes comptant le plus de joueurs nés en dehors du sol américain. Cette année encore, les Spurs comptent cinq joueurs majeurs qui ne sont jamais passés par une université US (Parker, Ginobili, Splitter, Diaw, Belinelli).

Un « melting pot » qui fonctionne très bien à San Antonio, comme nulle part ailleurs.

« Quand on les recrute, c’est parce qu’on pense qu’ils pensent plus au groupe qu’à eux-mêmes. Après, je pense que c’est une question de respect de leur faire savoir que vous comprenez qu’ils sont d’un autre pays et de créer des situations où la camaraderie peut se développer, comme aller au musée par exemple. Il existe des tas de situations où les gens ont l’impression de se sentir chez eux et d’être appréciés par tout le monde. Ça aide à construire un groupe qui a envie de joueur ensemble. Ça ne veut pas dire que vous allez gagner tout le temps mais au moins, vous apprécierez de venir à l’entraînement et de passer du temps avec le groupe. »

Sur le terrain, cela se traduit par un groupe qui pratique peut-être le plus beau basket actuel et qui se bat pour remporter un cinquième titre en 17 ans.