Depuis le 2 décembre, Rudy Gobert est entré en jeu à quatre reprises, pour 7 minutes en moyenne. Sa dernière apparition sur un parquet NBA remonte au 11 décembre, à Sacramento. Entre la déception des DNP et un très bon passage en D-League, le rookie du Jazz apprend à prendre son mal en patience. Basket USA est allé en discuter avec lui.
« Il faut éviter d’être dans la frustration »
« Il faut que je reste prêt et que j’accepte de ne pas jouer. Il faut que je sois patient, j’ai le temps. Je dois éviter de ruminer de la frustration et de tomber dans un état d’esprit négatif. Les deux, trois premières fois où je n’ai pas joué, je l’ai mal pris. Sur le coup ça m’a vraiment fait chier mais j’ai bien parlé aux gens autour de moi et eux aussi m’ont dit des choses constructives. Maintenant je comprends le système. La NBA, il faut être à l’intérieur pour bien cerner son fonctionnement », nous a confié Rudy avant l’affrontement face aux Clippers.
Convaincant en pré saison et rentable sur son maigre temps de jeu en novembre, l’ancien choletais paye les retours de Marvin Williams et Trey Burke.
« Il y a des gars qui sont revenus et le coach joue plus petit avec Marvin en 4. Comme Derrick a signé son gros contrat, c’est logiquement la première option avec Enes en doublure », reconnaît-il, lucide.
Le processus d’apprentissage passe aussi par la maîtrise des règles tacites au sein des franchises.
« Les mecs qui sont devant moi sont là depuis trois ans donc à moins que je ne devienne Dwight Howard en deux jours, je ne vais pas leur passer devant comme ça. Même si je suis aussi bon, ils préfèrent mettre les gars en qui ils ont confiance et qui sont déjà en place. Mais même Enes joue moins lui aussi, à peine 20 minutes par match. Pour moi c’est clair que s’il joue 16 minutes, je ne vais même pas en jouer 5, sauf dans garbage time », poursuit le 27e choix de la draft 2013.
« Mon objectif n’est pas de jouer en D-League »
Gobert est un ambitieux timide. Au fond de lui, il est persuadé de pouvoir être une force dans les raquettes NBA. Cette conviction intime serait presque son premier ennemi.
« La D-League ça m’a fait du bien clairement, c’est toujours bien de jouer et de se remettre en forme. Surtout que je savais à l’avance que ça n’était que temporaire. Mais bon, mon objectif n’est pas jouer dans cette ligue, donc je ne vais pas dire que j’ai apprécié. Je sais que je peux jouer en NBA dès aujourd’hui. J’attends juste de pouvoir le faire, même si je sais que j’ai encore du chemin à faire », nous assure le troisième pivot du cancre de la conférence Ouest.
En attendant un coup de moins bien ou une blessure qu’il ne souhaite à aucun de ses coéquipiers – « mais ça peut aussi être une opportunité pour moi, comme ça l’a été pour Tony Parker dans sa première année par exemple » – Rudy bosse sans gamberger. Son éthique de travail le rend très apprécié du staff technique et cette période de disette, cette confiance met du baume au cœur, surtout quand au pays il entend déjà le chant des critiques.
« En France ça commence à parler mais je m’en fous. Tu connais ça toi, tu sais comment ça marche hein ! », se débonde Rudy en nous interpellant.
Nous ne sommes pas franchement d’accord et lui disons, c’est comme ça qu’on fait avancer les débats.
« Il faut juste que je montre petit à petit que je peux apporter quelque chose, qu’ils peuvent me faire confiance. Les gars devant moi préfèrent la défense à l’attaque, donc je dois montrer que je peux être un plus offensivement. Je continue d’écouter et de bosser pour progresser », conclut-il.
Parole de jeune sage.