Les Lakers au fond du trou

« Sérieusement ? ». Le cri du cœur d’une jeune supportrice des Lakers après la 18e défaite de ses favoris dimanche, en dit long sur la frustration du peuple angeleno. Malgré 26 rebonds de Dwight Howard et 18 pts de Kobe Bryant dans le dernier quart temps, les Lakers s’inclinent encore (105-112), au terme d’un money time sous adrénaline. Avec six joueurs en double figure et 33 assists pour 8 balles perdues, Denver a parfaitement joué le coup.

Pour les Lakers de l’ère D’Antoni, la seule pourpre qui vaille est l’alchimie. Pour devenir impériale, la dignité des anges doit régler ses problèmes d’équilibre. Arrivé en sous-estimant la multitudes des soucis à régler au sein d’un vestiaire qu’il peine à contrôler, le successeur de Mike Brown  doit gérer les mécontentements individuels en cherchant une solution collective au malaise de sa phalange, en quête d’identité et de confiance.

Le réveil de Pau Gasol

La dernière fois que les Nuggets étaient venus défier les fragiles angelenos dans leur cocon, D’Antoni arborait le sourire du satisfait au terme d’une démonstration d’adresse. Un mois de désillusion plus tard, les artifices offensifs brûlent encore d’un feu doré. En encaissant 236 points dans ses deux oppositions préalables, Denver a prouvé que défendre les Lakers relevait pour eux de la sinécure.

La première mi-temps dominicale confirme la tendance : 60 pts pour LA malgré Kobe limité à 2/6, avec 56% d’adresse et 19 passes (dont 7 pour Nash) sur 23 paniers inscrits. Dans cette bonhomie collective (7 joueurs à 6 pts et plus), Pau Gasol se réconcilie avec lui-même, le public et son coach. Le voir à 11 pts et 5/6 est pour D’Antoni un soulagement. Kobe réclamait plus de gonfle pour son compère de brassard, le staff l’a entendu. Surtout, quand le Catalan sort de sa torpeur Dwight Howard n’en paye pas la conséquence : 10 pts et 13 rbds à 4/5.

Seulement voilà, car évidemment il y a un mais. Profitant de 9 rebonds offensifs, les Nuggets, à l’image des 10 tirs de Corey Brewer en 13 minutes, shootent beaucoup plus. Même à 46%, ils rentrent aux vestiaires avec le même matelas sur l’autel de 15 pts en contre attaque, 10 sur des secondes chances et 36 dans la raquette. JaVale McGee et Iguodala (22 pts) compensent la maladresse de Danilo Gallinari (2/9).

Logiquement, quand l’Italien retrouve la mire et que McGee continue sur sa lancée, les Pépites prennent 6 points d’avance à l’aune du dernier quart temps. Même en contrôlant mieux le rebond, les Lakers subissent le contre coup de la maladresse de Kobe et de leurs 14 balles perdues en 36 minutes. Pau redevient muet et hormis Hill et Meeks, ça manque d’agressivité. Le tempo est favorable aux jeunes loups du Colorado, qui passent la barre du +10 en début de quart. Sur un énorme effort défensif de Metta World Peace à -9, le Staples déploie l’enthousiasme de l’espoir.

Le public scande « We Want Phil »

Sur le 24e rebond de Superman, Nash décale Kobe qui part au drive inscrire son 6e panier du quart temps. Hormis deux lancers de Jordan Hill, le meilleur scoreur NBA a mis tous les points des Lakers, revenus à -4 à l’orée des deux ultimes minutes. La 25e prise d’Howard devait sonner l’hallali, il va finalement stigmatiser les maux profonds d’une équipe perdue dans les affres du doute : une interception ubuesque de Ty Lawson sur une passe du pivot All Star et une accélération du Gringo qui laisse Nash sur place. Denver a repris 8 points.

Le double MVP, vexé, fonce alors tête baissée dans la raquette adverse et balance une passe lobée pour Gasol. Sur l’action, le double champion d’Europe se casse le nez et George Karl sort Earl Clark de son roupillon. L’entraîneur de Denver le choisit pour aller tirer les deux lancers de l’Ibère, rentré aux vestiaires. Le pivot remplaçant fait le plein, puis retourne s’asseoir… Sur la possession suivante des Lakers, Kobe soulève l’écrin d’adrénaline, LA est  revenu à une possession primée. Dwight Howard choisit le meilleur moment pour s’offrir son 4e contre de la soirée. Vous vous en doutez, il va encore y avoir un « mais ».

Le met indigeste s’appelle cette fois Gallinari, qui sort un missile improbable en fin de possession. L’ultime bombinette de Kobe, auteur de 18 pts dans le dernier quart temps, ne servira à rien : troisième revers de rang avant d’aller se coltiner Houston, San Antonio et OKC.

Dans les tribunes, on entend des « We Want Phil »…

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