Analyse : Denver a-t-il réussi son recrutement ?

Plus que 21 jours avant le coup d’envoi de la saison et c’est tout naturellement que notre grand dossier sur le recrutement des meilleures équipes de la ligue va bientôt prendre fin. Toutefois, il était impensable de terminer ce dossier sans parler de l’un des finalistes de conférence des playoffs 2009, les Denver Nuggets.

Depuis quelques années, les Nuggets étaient une équipe flashy et sympathique à regarder jouer durant la saison régulière, mais pas vraiment dangereuse en playoffs . En revanche, depuis l’année dernière et le transfert de Billups, les attentes sont différentes, et les chances de Denver bien réelles.

La saison dernière, les Nuggets ont chuté en finale de conférence face aux futurs champions, les Lakers. Cela faisait plus de 20 ans que Denver n’était plus allé au delà du second tour des playoffs et ce beau parcours n’a pas été immérité.

Pour cette saison, les dirigeants l’avaient annoncé, les Nuggets ne feront pas de folie financière et il n’y aura aucun chamboulement dans l’effectif. Avec une équipe sensiblement identique, c’est tout naturellement que l’on s’attend à ce que Denver prenne une nouvelle fois part à la course au titre la saison prochaine. Oui, sauf que si aucun joueur majeur n’a rejoint l’effectif, certains l’ont en revanche quitté, alors la question est : l’effectif des Nuggets est-il assez étoffé pour faire partie du dernier carré ? C’est justement ce à quoi nous allons tenter de répondre ici.

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« Offense wins games, defense wins championships »

Cet adage que l’on doit à Mister Jordan s’applique particulièrement bien à l’équipe de Denver. Certes, ils n’ont encore jamais gagné de championnat, mais les chiffres suffisent à prouver que la défense leur va bien. Les Nuggets sont passés d’une moyenne de 110.2 points inscrits par match en 2007-2008 à 105.2 points par match la saison dernière. Parallèlement, ils sont passés du statut d’équipe « sweepée » au premier tour des playoffs, au statut de finaliste de conférence. Bien sûr, ce n’est pas parce que les Nuggets ont inscrit 5 petits points de moins en moyenne qu’ils étaient plus efficaces. Non c’est surtout parce qu’ils en encaissaient 7 de moins. En 2008, Denver était la 29ème « meilleure » défense du championnat avec 107.3 encaissés par match alors que l’an passé, ils étaient 16ème avec 100.3 concédés.

Evidemment, il y a une raison à ces écarts de chiffres, et cette raison se nomme Chauncey Billups. On dit souvent qu’un seul et unique joueur ne peut faire gagner une équipe mais dans le cas de Chauncey Billups, si il ne peut conquérir le titre à lui seul, on dirait que sa présence est synonyme de finale de conférence. Après avoir mené les Pistons à 6 finales de conférence consécutives, Detroit a chuté à la 8ème place suite à son départ. A l’inverse, son transfert à propulsé les Nuggets en finale de conférence à l’Ouest pour la première fois depuis 1985 ! Sept apparitions consécutives en demi-finale pour Billups, une performance que seulement 4 joueurs sont parvenus à réaliser depuis les Celtics des années 50.

Si le natif de Denver est devenu en peu de temps le patron des Nuggets, il n’en est pas pour autant le seul artisan de la bonne saison de la franchise. Si Billups est le patron de Denver, Anthony en est le franchise player. La saison dernière n’est pas la meilleure de sa carrière sur le plan statistique, mais Anthony a mûri et son impact sur le jeu s’en ressent. Ajoutez à cela le formidable retour de Nenê au plus haut niveau, l’apport de J.R Smith ou encore la présence de joueur solide comme Kenyon Martin, Dahntay Jones, Linas Kleiza ou encore Chris Andersen, et vous obtenez une saison à 54 victoires. Mais ce qui nous a le plus surpris, c’est leur parcours en playoffs.

Depuis l’arrivée de Anthony en 2003, et malgré de bonnes performances en saison régulière, les playoffs semblaient être un obstacle infranchissable pour les Nuggets. Pour Denver, remporter un premier tour c’était comme demander à Superman de faire un 500m papillon dans une piscine remplie de Kryptonite…5 éliminations au premier tour et seulement 4 matchs de post-season gagnés en 5 ans…alors forcément, après qu’ils aient remporté le premier et le second tour 4 matchs à 1, on a été surpris. Même face aux Lakers, les Nuggets n’ont pas été ridicules, mais Los Angeles était plus fort. Cependant, les Nuggets ont vaincu leur principale crainte et ils se sentent désormais capables de faire mieux. En auront-ils les moyens ?

A petit budget, petit recrutement

C’est une certitude, les Nuggets paieront la luxury tax une nouvelle fois cette saison. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de passer outre.

Première victime de cette remise à niveau financière, Dahntay Jones. L’ex-arrière des Nuggets s’est engagé avec Indiana, début juillet, pour 4 ans et 11 millions de dollars. Un contrat loin d’être mirobolant, que les Nuggets n’avaient apparemment pas les moyens de concurrencer. Si statistiquement, Jones n’est pas une grosse perte, sa défense en revanche, leur manquera certainement. Jones est du genre à faire le sale boulot sans rechigner et ce genre de joueur est toujours appréciable. Mais plus que la perte de Jones au sens propre du terme, c’est le changement tactique que son départ entraîne qui pourrait poser problème. J.R Smith, excellent l’an passé, mérite amplement une place dans le 5 majeur. Mais si ce dernier intègre le 5, alors qui pourra sortir du banc des Nuggets et apporter un scoring conséquent ?

Pour compenser le départ de Jones, les Nuggets ont récupéré Arron Affalo. Si ce dernier n’a pas le même potentiel athlétique que Jones, il est en revanche un défenseur sous-estimé qui possède également un meilleur shoot longue distance. Maintenant, il va falloir qu’il s’adapte au système de jeu très différent de Denver car pour l’instant, il n’a pas été fameux lors des deux matchs de pré-saison.

Toujours coté départ, les Nuggets ont également enregistré la perte de Linas Kleiza. Comme pour Jones, les Nuggets ont laissé partir Kleiza pour des raisons purement financières. Certes, il était difficile pour Denver de conserver le lituanien, qui ne pouvait espérer qu’un vingtaine de minutes en back-up d’Anthony, sans lui proposer un contrat intéressant. En revanche, la bonne nouvelle est que, comme Kleiza a signé dans un club grec, les Nuggets conservent les droits sur lui et ils pourraient très bien le re-signer dans deux ans. Date à laquelle ils ne devraient plus être sujet à la luxury tax.

Rassurez-vous, la crise financière n’est pas forcément synonyme de désert du Colorado pour Denver. Par exemple, Malik Allen et James White seront des petits nouveaux dans l’effectif. Le premier a été récupéré par Denver en échange de Walter Sharp et Sonny Weems. Les Nuggets ajoutent là un autre big man à leur effectif, et c’est quelque chose dont ils pourraient avoir besoin puisque les intérieurs Nenê, Martin et Andersen n’ont pas vraiment des santés de fer. James White quant à lui, était très certainement l’un des meilleurs joueurs de D-League il y a un an. Même si White n’était pas en haut de la liste des joueurs souhaités par Denver, les Nuggets récupèrent tout de même un ailier athlétique qui pourrait leur faire du bien. Le seul problème, c’est que White n’a participé qu’à 10 matchs NBA en 3 ans et cela nous empêche de réellement se faire une idée concrète de ce transfert.

Dernières opérations réalisées par Denver, les re-signatures de Johan Petro et Anthony Carter. Pour Petro, notre « frenchie » a le potentiel et le physique pour réussir à trouver sa place dans l’effectif. Pour le moment Petro a déçu, mais il est encore jeune. Son avantage réside dans sa taille (2.13m) qui fait de lui le plus grand intérieur de l’effectif. A lui de s’imposer et pour le moment, il a été plutôt satisfaisant en pré-saison. Anthony Carter était lui une priorité pour Billups. Il est vrai qu’après les départs de Jones et Kleiza, cela aurait fait un peu beaucoup. Carter a donc, comme Petro, prolongé pour une saison de plus. Un excellent back-up pour Billups qui se donne constamment à fond chaque fois qu’il sort du banc.

Justement en parlant de back-up au poste de meneur, les Nuggets ont récupéré Ty Lawson, choisi en 18ème position à la draft par Minnesota puis échangé contre un second tour de draft à Denver. A 21 ans, Lawson a des qualités pour obtenir du temps de jeu à Denver. En attaque, il est super rapide, excellent en pénétration, possède une très bonne vision du jeu et perd peu de ballons. De plus, il est un défenseur agile, capable de réaliser de nombreuses interceptions. En revanche, il lui manque encore un véritable jeu mi-distance car pour l’instant, il est incapable de scorer de loin. Une très bonne opération pour Denver donc, même s’il est probable que l’ex de North Carolina ne soit que 3ème meneur de Denver la saison prochaine, l’avenir de Lawson semble prometteur.

Fini l’attaque à tout va, place à la défense

Au delà du recrutement de Denver, la principale nouveauté réside dans leur changement de mentalité. Fini la tactique « on laisse l’adversaire marquer autant qu’il veut, il faut juste mettre un point de plus que lui », fini les 168 points en seulement 4 quarts-temps, comme en mars 2008 face aux Sonics ! Non, dorénavant à Denver, on défend…enfin.

Le plus drôle, c’est qu’il y a deux ans, lorsqu’on accusait la défense de Denver d’être une véritable passoire, leurs stats dans les domaines défensifs n’étaient pas ridicules. En 07-08, ils étaient numéro 1 aux contres avec 6.6 par match et numéro 2 aux interceptions avec 9 par match. En 08-09, ils étaient respectivement second et troisième (8.8int./5.9ctr.) . Ce n’est pas une chute vertigineuse non plus, mais quand je vois cela, je ne peux m’empêcher d’imaginer le potentiel défensif de Denver.

Le principal avantage de Denver à mes yeux, c’est son 5 majeur. A la mène, inutile de revenir dessus, on sait tous le bien qu’à fait Chauncey Billups aux Nuggets et il sera encore un élément clé de l’équipe la saison prochaine. Même chose pour Anthony. Le natif de New York a du talent et on oublie souvent de le citer lorsqu’on parle de la génération dorée de 2003. Aujourd’hui, il semble avoir compris qu’il doit mettre son talent au service de l’équipe et semble capable de mener celle-ci assez loin en playoffs.
A l’intérieur, l’association de Martin et Nenê s’est avérée efficace la saison dernière. Espérons seulement que les blessures épargnent ces deux joueurs à la santé fragile. Tous deux possèdent un shoot efficace à 3-4 mètres du cercle et leur présence physique permettra aux Nuggets de ne pas être largués dans la raquette face aux cadors du genre.

La seule interrogation au niveau du 5 majeur des Nuggets concernera le poste d’arrière. Coach Karl a récemment déclaré qu’il n’était pas sûr que Smith soit titulaire la saison prochaine. Smith mérite ce poste mais si Karl lui confie le rôle de titulaire, qui apportera les points nécessaires en sortant du banc ? Smith est suspendu pour les 7 premiers matchs de la saison, et George Karl en profitera sûrement pour effectuer quelques tests à l’arrière. Il se pourrait que ces 7 matchs définissent la rotation à ce poste pour la saison.

Enfin, la dernière question concerne le banc. Qui intégrera la rotation ? Andersen, Lawson, Carter, Affalo (ou Smith) Allen et peut être Petro devraient avoir leur place. Le plus gros problème est : qui sera le back-up d’Anthony ?
Balkman devrait intégrer la rotation mais il est plus un ailier fort qu’un ailier. Il a le physique pour jouer en 3 mais il est incapable de mettre un shoot à mi-distance ce qui est un peu gênant pour ce poste. Le problème, c’est qu’il faudra veiller à ne pas cramer Carmelo durant la saison et les choix de Balkman et White semblent un peu légers pour laisser reposer la star des Nuggets.

En bref, même s’il n’y a pas eu de changement majeur, les Nuggets devront tout de même trouver la bonne formule s’ils veulent rééditer leur superbe parcours. Ils en sont capables, ils en ont les moyens et s’ils sont épargnés par les blessures, ils seront clairement une équipe à surveiller. Espérons simplement que leur réduction budgétaire n’engendre pas une réduction de victoire.

Note du recrutement : 5.5/10