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Les blogs de la rédaction

Steve Nash, l’enfant de la balle devenu maître d’art

Par  — 

steve-nash-blogSi ce bon Stevie a encore semé le trouble sur la toile en postant récemment une vidéo de son swing, qu’il s’est empressé de désamorcer avec une lettre ouverte au public des Lakers, je voulais débuter ma chronique qui lui est dédiée par cette passe magistrale qu’il délivre à Tim Thomas. 

D’abord parce qu’elle est, pour moi, la quintessence de son art. Rapidité du dribble, vitesse d’exécution, mouvement permanent… et surtout, sens du panier, intelligence de jeu, vision panoramique et flair tout simplement ! Steve Nash, c’est le gars qui pue le basket à plein nez quand même.

Le basket pour les Nuls… mais qui marche en NBA !

Avec ses airs de ne pas y toucher, Nash est un accélérateur de particules. Un simple mouvement de la tête lui permet d’enclencher un système et bim, voilà déjà Stoudemire ou Marion accroché au cercle…

A l’époque, à Phoenix, Nash rend le basket facile, plaisant, accessible à tous. Si lui, le petit chevelu qui galope aux quatre coins du terrain peut y arriver, tout le monde peut y arriver. Nash, c’est un peu le basket pour les Nuls… mais qui marche ! Fort même, et en NBA s’il-vous-plaît ! Deux titres de MVP comme preuve ultime.

Car, il faut s’en souvenir (pour ne pas tomber dans l’ébahissement béat et bêta), certaines possessions « made in D’Antoni » sont quand même du plus simple acabit : Nash remonte la balle rapidement, sert Stoudemire dans la peinture et ce dernier met tout dans le cercle. Je me souviens de féroces séries de playoffs contre les Mavs où les défenses étaient carrément prohibées. Le ballon allait de panier à panier à un rythme échevelé… Les tignasses de Dirk et de Nash se rendaient en l’occurrence coup(e) pour coup(e).

Exemple dans ce match 6 de la demi-finale de conférence en 2005 face aux Mavericks, Steve Nash est tout simplement irrésistible. Au sommet de son art, le meneur à la fleur d’érable dégoûte son ancienne équipe avec 39 points (à 14/24 aux tirs dont 5/8 à trois points et 6/6 aux lancers !), 12 passes et 9 rebonds en 50 minutes de temps de jeu, dans un match remporté en prolongation par ses Suns (130-126).

Sa performance dantesque dans ce match est l’exemple le plus parfait de la domination de Nash à l’époque. Quand on dit domination, on ne parle pas forcément de celle, physique, pachydermique de l’HipopoShaq; ni celle, sanguinaire et sans partage de Michael Jordan; mais celle, artiste et flamboyante du perfectionniste qu’est Nash. Double MVP presque en passant, à la dérobée quand on y pense a posteriori, Nash était « in situ » un incroyable phénomène à admirer.

L’artiste à son apogée (2005-2007)

J’ai eu la chance de pouvoir le voir jouer, pour ma première visite à Phoenix en 2006, et le meneur des Suns était alors une véritable rock star. Avec son look volontairement décalé d’adulescent, si peu ringard qu’il en devenait cool, Nash était un « must see » à chacune de ses apparitions. En totale admiration devant le jeu proposé par les Suns dans ses années dorées de 2005 à 2007, je me gavais littéralement de tous les matchs de Phoenix que TNT et ESPN ne manquaient pas de diffuser à chaque fois. Comme l’Amérique en son entier, j’étais avalé par la « tornash » venue d’Arizona…

Et il y avait de quoi faire avec Stevie ! Souvent, il fallait effectivement plusieurs ralentis pour bien comprendre ce que le lutin des Suns venait de réaliser. Dans le vif du sujet, cela semblait tenir du miracle. Mais à la revoyure, c’était tout bonnement du savoir-faire, du travail rondement mené, l’artiste dans ses oeuvres quoi !

Son sens du placement quand il jouait le un-contre-un, sa manière de se protéger du contreur quand il partait à l’aventure du panier, avec ses 80 kg tout mouillés, son fameux step-back enchaîné de la filoche à trois points… Tout ça, ce sont des fondamentaux, des heures d’entraînement à répéter les mêmes gestes, des journées à jouer au basket contre son frère (quand ça ne finissait pas en chamailleries !)…

Comme le raconte son père, Steve Nash avait une manière bien à lui de calculer ses pourcentages aux tirs quand il était plus jeune. Sa technique ? Il tirait 100 fois au panier d’un endroit et obtenait directement son résultat. Idem pour le foot, quand il était encore plus petit. Cette fois, c’est maman qui raconte que le petit Steve se lançait des défis à lui-même, de réaliser 70 jongles du pied droit. Et ainsi de suite… Un perfectionniste, on vous dit !

Sans les oreilles coupées, Nash a un côté Van Gogh, éternel insatisfait et autodidacte intégral ! Sans cesse porté par son amour du sport (et de tous les sports), Nash a toujours poursuivi sa passion pour s’améliorer. Progresser, encore et toujours… mais à sa manière et à son rythme. A ce titre, il a ainsi apporté une touche inédite lors du concours de dunks d’Amare Stoudemire en 2005 à Denver, avec deux passes venues de son passé (héritage) de footballeur.

Autodidacte et bosseur infatigable

Avec son père qui est footballeur professionnel, la famille voyage beaucoup et l’enfance de Steve est donc assez mouvementée. Mais Nash comprend rapidement que toutes ces expériences sont une richesse. Steve Nash est un gamin curieux qui est même très doué pour les échecs à l’école. Il est de manière générale doué pour tous les sports qu’il pratique, que ce soit le foot où on lui garde chaudement une place dans la sélection nationale de jeunes, ou à la crosse (le hockey sans la glace), sport auquel tous les jeunes canadiens s’essayent au moins une fois dans leur vie.

Idolâtrant Wayne Gretzky, en qui il retrouve la même volonté d’outrepasser des limites physiques, Steve Nash ne manque cependant pas de suite dans les idées. Pour lui, pas de hockey cependant… « Un jour je serai une star NBA », aurait-il dit à sa mère.

Sans véritable modèle dans son sport, et sans aucun intérêt de la part des grandes facs des US of A, le meneur natif d’Afrique du Sud projette alors de tracer son propre chemin. Un parcours singulier qui l’a d’abord amené à Santa Clara, sur le campus des Broncos construit sur le site même de la mission espagnole fondée plusieurs siècles auparavant, en 1777. Qualifié par Dick Havey, le coach qui l’a recruté, comme « le pire défenseur que j’ai jamais vu », Nash avait cependant démontré tout le potentiel d’un futur grand avec sa qualité de shoot et la pureté de ses fondamentaux.

Et ça paye rapidement sur les parquets avec Santa Clara qui se qualifie dès 1993 pour le tournoi NCAA pour la première fois depuis cinq ans sous la houlette de Steve Nash. Ce dernier entraîne même ses Broncos à éliminer Arizona au premier tour… avec des lancers-francs clutch en fin de match ! Rien de spectaculaire mais Nash continue d’avancer et de modeler, petit à petit, ce qu’il deviendra à Phoenix, pour ses deux années suspendues à jamais dans l’histoire, entre 2005 et 2007.

Quand Nash est drafté par les Suns en 1996, dans cette draft hallucinante qu’Allen Iverson a décrétée être la meilleure de l’histoire, le meneur canadien est encore un illustre inconnu. Son air bonhomme et son physique lambda lui réservent même quelques quolibets. Et ce n’est pas avant l’an 2000 et sa troisième saison chez les Mavs que Nash se fait réellement un nom dans cette ligue de stars.

Durant ces quatre premières campagnes NBA, Nash est un piéton comme les autres. Il tourne à 7 points de moyenne et peine à se faire sa place dans les rotations des Suns puis des Mavs. Symbole vivant du shooteur pur pour les fans actuels de NBA, Nash ne vogue alors qu’autour des 40% de réussite aux tirs… Mais le joueur est possédé par sa passion et, n’y voyez nul accident, lors de sa deuxième période à Phoenix (entre 2004 et 2012 soit 8 saisons), Nash n’est tombé qu’une fois sous la barre des 50% aux tirs… et c’était pour finir à 49% dans sa « pire » saison en termes d’adresse ! Comparer ces chiffres avec ceux d’autres meneurs (All Star même) et vous comprendrez la mesure de l’exploit.

Le maître rattrapé par le temps…

A son rythme, selon ses envies, avec le travail en trame de fond permanente, Steve Nash a fini par réussir à tirer son épingle du jeu sans dévier de son éthique bien personnel. Au contraire, quand il est au sommet avec ses deux titres de MVP dans la poche, Nash a complètement inversé les rôles. Il n’est plus celui dont on se moque mais il est celui qu’on écoute et qui fait rire.

https://www.youtube.com/watch?v=RH42FxLDfuw

Quand Van Gogh voyait des arbres japonais en Provence, Steve Nash voyait lui des passes (et des actions de jeu) que personne, non plus, n’avait encore imaginées. Et comme un artiste ne doit jamais révéler ses secrets de fabrication, il semblerait qu’on ne sache jamais vraiment ce qui se cache derrière Steve Nash.

Personnage médiatique, Nash a laissé libre cours à son envie de faire des films, et honnêtement, sa venue aux Lakers ne m’avait jamais convaincu au niveau sportif. Sa fin de carrière en eau de boudin n’a fait que me renforcer dans mon opinion: Nash est venu à LA pour Hollywood… pas pour les Hollywood Nights quand les Lakers portent leur maillot à manches noires… Avec son documentaire « The Finish Line » ou ses apparitions aux côtés de son acolyte Baron Davis, lui aussi fasciné par l’industrie du cinéma, Steve Nash a clairement préparé son après-carrière en venant s’installer aux Lakers. C’est évidemment un choix très discutable dans la carrière du joueur, et la tournure des événements tend à confirmer toutes ces craintes… mais Nash n’a pas eu le choix.

Comme il vient de l’écrire ce matin sur sa page Facebook, la légende canadienne a tout essayé et tout donné pour revenir en forme et terminer sa carrière dignement aux Lakers. Steve Nash n’a vécu que d’une seule manière tout au long de sa magnifique carrière NBA : à ses conditions. Il est donc bien malheureux qu’il n’ait pas eu la possibilité (physique) de la terminer dans les mêmes termes.

Steve Nash rêvait de jouer en NBA et a largement dépassé ses rêves les plus fous avec huit capes All Stars, sept nominations dans les meilleurs cinq NBA ou encore cinq titres de meilleur passeur de la ligue. Pour un gamin qui est né en Afrique du Sud et qui a grandi au Canada, ce n’est pas un mince exploit !

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