C’est toujours un peu facile de dire ça après coup mais je ne suis pas surpris par les deux victoires des Spurs sur le terrain du Heat. A vrai dire, je les sentais même arriver après le Game 2.
En fait, les Spurs ont été très malins en nous faisant croire que la défaite de l’an passé était oubliée, qu’ils ne considéraient pas ce match comme une revanche (Tony Parker a d’ailleurs répété plusieurs fois qu’il préférait le terme « rematch » à celui de « revanche ») et je pense que nous sommes tous tombés dans le panneau… y compris le Heat.
Souvenez-vous, une fois qualifié en finale, le Heat avait immédiatement soulevé ce point, persuadés qu’ils allaient faire face à une équipe qui les déteste. Qu’avaient répondu les Spurs ? Qu’ils respectaient énormément le Heat et qu’ils ne les détestaient pas du tout, au contraire.
Sauf qu’en vérité, San Antonio est animé par un incroyable désir de revanche. Ils ne veulent pas seulement battre le Heat, ils veulent les massacrer, les humilier, et ça je pense que Miami ne l’avait et ne l’a toujours pas compris. Il n’y avait qu’à voir les visages des hommes de Popovich après la défaite du match 2. Ou encore leur attitude cette nuit, alors que l’écart est de 25 points, eux se comportent comme s’il était de 5.
Pourtant me direz-vous, Miami s’y connait niveau « haine ». Depuis la composition du Big Three, l’équipe doit constamment faire face à une énorme animosité. Pour preuve, la totalité des Etats-Unis, à l’exception de la Floride, espère voir les Spurs remporter le titre, comme l’an passé. De plus, ils ne sont pas la première équipe à rêver de les faire tomber. Le meilleur exemple sont les Pacers, qui clament haut et fort depuis le début de la saison à quel point ils détestent le Heat.
Miami aime se nourrir de la haine de l’adversaire
Sauf que Miami a appris avec le temps à se nourrir de cette « haine ». Généralement, ils sont mêmes meilleurs dans ces moments. Mais il y a autre différence majeure entre Indiana et les Spurs : Tim Duncan, Manu Ginobili et Tony Parker ont déjà été plusieurs fois champions.
C’est là où les Spurs ont été particulièrement malins, ils ont joué la carte du « petit ». Reprenez leurs récentes déclarations et regardez combien de fois les Spurs parlent du Heat en termes élogieux ? « LeBron James est le meilleur joueur de la planète », « ils sont double champions, ils peuvent revenir », j’en passe et des meilleures. Résultat, la presse délaisse les Spurs, et préfèrent se concentrer, comme toujours, sur les rumeurs ou les boucs émissaires. Face à Indiana, l’attitude de Lance Stephenson ou les performances de Roy Hibbert occupaient tout l’espace médiatique, et permettaient ainsi au Heat de se concentrer uniquement sur son jeu, et de jouer quasiment sans pression.
C’était le cas aussi au tour précédent face au Thunder, où les médias se sont concentrés sur Russell Westbrook. Les Spurs ne donnent rien en interview, et les réponses brèves ou les silences de Tim Duncan, Gregg Popovich et Kawhi Leonard en sont les symboles. Ne rien dire qui puisse motiver l’adversaire…
Contrairement aux Pacers, les Spurs ne provoquent donc pas le Heat. En revanche, sur le terrain, ils leurs sautent à la gorge, la bave aux lèvres, animés par cette envie de « revanche » dont ils nient ensuite l’existence. Ils les provoquent par leur jeu qui frise l’insolence, mais sans jamais en rajouter.
Les Spurs ne donnent rien aux médias pour ne pas motiver l’adversaire
Je crois les Spurs au-dessus du Heat dans le jeu ou tactiquement et c’est évidemment le plus important car c’est essentiellement sur le terrain et non dans les médias que se gagne une finale.
Cela dit, je pense aussi que le mental à un grand rôle sur cette série. Ils ne réveillent pas la bête, insistent sur le fait que la série n’est pas terminée malgré leur avance 3-1, n’énervent pas l’adversaire, même si Miami n’a pas besoin de San Antonio pour comprendre l’enjeu.
En fait, je pense que Miami a oublié à qui ils avaient à faire. Tous répètent sans cesse qu’ils ont l’expérience et qu’ils ont connu suffisamment de situation pour ne pas paniquer mais ils oublient que c’est aussi le cas de San Antonio qui a su jouer le jeu de son adversaire. Je ne serais pas étonné que les joueurs des Spurs se lâchent un peu plus après la finale et que le terme « revanche » ressorte. Un peu comme l’avait fait Kobe Bryant en 2010 face aux Celtics, où l’arrière avait passé sa finale à clamer qu’il n’avait absolument rien contre l’ennemi juré des Lakers, pour finalement reconnaître après le titre qu’il avait menti…