Bien évidemment il est assis à côté de son pote Darko Milicic. Le regard un brin dans le vague, il enfile ses chaussettes. Dans un vestiaire somnolant d’un silence mortifère, Nikola Pekovic (12,5 pts et 7 rbds) psalmodie de sa voix rauque, comme s’il ne voulait réveiller personne.
Pourtant, ses Loups sont aux portes des playoffs et sont devenus tendance. « Je me sens chanceux d’être dans cette équipe aujourd’hui. Je suis heureux, » nous lance le pivot monténégrin, impérial au mois de février à l’image de ses 30 pts et 12 rbds contre Houston.
Limité à des bouts de ficelle par Kurt Rambis la saison passée, le vainqueur de l’Euroleague 2009 avec le Panathinaikos exprime enfin le talent qui lui a valu 13 millions de dollars à la signature en juillet 2010. Drafté en 2008, comme Ricky Rubio il a attendu avant de franchir l’Atlantique.
« Ce n’était pas le bon moment pour venir, j’étais trop jeune. J’ai vécu de supers moments au Pana en étant champion d’Europe la première saison. Et puis j’ai tellement appris avec coach Obradovic, sans lui ne j’en serais pas là aujourd’hui », nous explique l’ex-prodige du Partizan de Belgrade, où il est revenu pendant le lock-out.
« Cela m’a permis de me maintenir en forme et de filer un coup de main à l’équipe. J’avais 20 matches dans les jambes en Euroleague et Adriatic League quand je suis revenu en NBA, ça m’a aidé. Je suis arrivé dans une très bonne forme physique et j’ai su vite le mettre à profit », poursuit le musculeux Nikola, dont le faciès barbu patibulaire sied à ses tatouages glorifiant des guerriers serbes.
Il a en fait dû attendre la blessure de son grand ami Milicic pour enfin s’imposer.
« Je le connaissais car on l’a joué la saison passée avec Houston. Il avait tout le temps des problèmes de fautes. Dès début janvier, il est devenu très constant, d’abord à l’entraînement puis en match après la blessure de Darko. Il a saisi sa chance », comment Rick Adelman sur son massif intérieur.
Deuxième joueur le plus adroit de la ligue, Pekovic nous livre une analyse aussi simple que son vocabulaire anglais.
« J’ai simplement eu l’opportunité de montrer que je peux être bon. J’en ai profité en jouant mon jeu. Quand tu as plus de minutes, tout est plus facile. La saison passée a été compliquée, mais pas seulement pour moi. Je n’ai pas beaucoup joué et l’équipe perdait. Je m’attendais à ne pas avoir immédiatement beaucoup de temps de jeu, je m’y étais préparé. Tout ce que j’avais à faire c’était de bosser. »
Snobé par Barkley et le Shaq pour le Rising Star Challenge du All Star Weekend, « j’ai eu plus de temps pour me reposer. Je ne suis ni aigri, ni déçu. Ils devaient avoir leur raison », le champion du monde FIBA U-20 en 2006 avec la Serbie-Monténégro et MVP du Final Four de l’Adriatic Legaue en 2008 a encore deux mois pour confirmer qu’il fait bien partie de la crème des pivots NBA. Il y travaille en tout cas.