Rasheed Wallace revient en détail sur la baston entre Zach Randolph et Ruben Patterson

Entre 2000 et 2007, la tranquille franchise NBA de Portland va tourner au mauvais film d’action, avec ceux qu’on appellera bientôt les « Jail Blazers » au centre de la scène. Mais, disons le tout de suite, aucun joueur des Trail Blazers ne passera la moindre nuit derrière les barreaux durant cette période.

En revanche, ils vont très souvent défrayer la chronique à cause de leurs comportements excessifs et même carrément violents. À une époque où les instances de la Grande Ligue voulaient précisément se défaire de l’image du joueur « gangster »…

Zach Randolph passe deux semaines à l’infirmerie !

En l’occurrence, une des légendes les plus prégnantes de l’histoire des Blazers de cette époque, c’est le différend qui va opposer Ruben Patterson, l’arrière défenseur auto proclamé « Kobe Stopper », et Zach Randolph, jeune intérieur qui ne s’apercevra que trop tard de la conséquence de ses actes.

« On a appelé ça : ‘la claque qu’on a entendue dans le monde entier !' », se marre aujourd’hui Rasheed Wallace qui narre toute l’histoire dans le podcast Gil’s Arena. « On était à l’entraînement un jour. Il y avait mon gars Zach et mon gars Qyntel Woods. Ils étaient toujours l’un avec l’autre, super proches. Dans le bon sens du terme. À l’entraînement, comme d’habitude, on se chambrait, on jouait dur ! En l’occurrence, Rube était en défense sur Qyntel et ce dernier en avait un peu marre de se prendre des coups tout le temps. ‘Je ne joue déjà pas en match, laisse moi un peu jouer [à l’entraînement]’ ! De son côté, Rube disait plus ou moins la même chose mais ça commençait à monter. »

Puis tout ce beau monde indiscipliné va se détendre dans le jacuzzi que les Blazers viennent d’installer.

« Une fois dans les vestiaires, Bonzi et moi, on jouait les Vince McMahon [l’ancien patron de la WWE, ndlr] : ‘Z-Bo n’a rien à faire de vos co******* !’ Ça continue, on est tous dans le jacuzzi, un truc immense, flambant neuf. On devait être sept gars là-dedans ! On se chauffait les uns les autres. Du grand classique : ‘Tu vas lui laisser te parler comme ça ?’ Et puis, on retourne aux vestiaires et là, ils en sont venus aux mains. Ils étaient l’un sur l’autre, façon catch. Et Zach avait le dessus. Mais là, je vous jure, Rube a fait un truc de médaillé olympique [de lutte]. Il s’est tout simplement décalé un peu et ça a mis Zach en mauvaise posture. Et là, bam ! Sur le sol du vestiaire en béton, où il n’y a que quelques centimètres de moquette, Zach se retrouve au sol. M**** ! C’était de ma faute et celle de Bonzi. Zach s’est retrouvé à l’infirmerie pendant deux semaines avec le dos en compote. On était mal pour lui ! »

La bagarre s’ébruite…

Une histoire de « trashtalking » qui va trop loin et se finit en bagarre dans un vestiaire NBA, les Blazers ne sont pas les premiers, ni les derniers, à le vivre ! Par contre, Rasheed Wallace et les siens ne s’attendaient pas à ce qu’elle sorte du vestiaire si rapidement…

« On voulait évidemment garder ça pour nous. Mais quelques jours plus tard, des gars d’autres équipes venaient nous voir pour nous demander ce qui s’était passé dans les vestiaires. Je ne sais pas comment c’est sorti mais c’est sorti très vite. Ça ne devait être qu’un truc de camaraderie, un truc entre coéquipiers mais c’est allé beaucoup trop loin et ça s’est ébruité ensuite. Et puis, surtout, il y a eu la revanche [de Z-Bo]. »

En effet, l’intérieur sophomore n’était encore qu’un remplaçant qui cherchait encore sa place dans l’effectif de Portland à l’époque, sans parler de sa place dans le paysage NBA. Avec sa tête de poupon, il n’avait pourtant aucune intention de se laisser marcher sur les pieds et d’accepter sa soumission à son coéquipier habitué aux montées subites de colère noire !

L’heure de la revanche

Tout est parti d’une nouvelle anicroche entre Ruben Patterson et Qyntel Woods, le grand copain de Z-Bo.

« On est à l’entraînement et Rube et Q se prennent la tête sur une action, l’un en demandant la faute, l’autre en niant qu’elle existe. Les coachs essaient de dédramatiser la situation et on continue à jouer. Mais aucun des deux ne voulait lâcher l’affaire, ils étaient l’un face à l’autre, tête contre tête pour ainsi dire. Et puis là, on l’a tous vu mais on ne s’y attendait pas. Tu as Z-Bo qui sort de nulle part et vient asséner un énorme coup de poing au visage de Rube. Une patate du gauche dans l’oeil. On saura plus tard qu’il lui avait fracturé le visage ! »

Ruben Patterson ne se morfond pas, et au contraire, il entre dans une rage folle !

« Mon Dieu, je n’avais jamais eu autant peur en NBA dans ma carrière jusque-là ! Là, Rube s’est transformé en l’incroyable Hulk, sauf pour la couleur verte ! Il est devenu de plus en plus noir, dans une rage de plus en plus forte ! Rendez-vous compte, il aura fallu neuf personnes pour le retenir d’aller taper Zach. Il y avait moi, Dale Davis, Pipp’ et Bonzi. Il nous a tous échappé les uns après les autres. Rube était fou : ‘Sheed, je vais le buter. Je vais poser mes mains sur lui et je vais le tuer !’ Moi, je me disais, il va l’étrangler jusqu’à la mort, c’est n’importe quoi ! Et quand je reviens aux vestiaires, qui je vois ? Ce bon vieux Zach tout tranquille, qui se préparait à prendre sa douche. Je lui ai dit : ‘Mec, fais ton sac, prends tes affaires et rentre chez toi au plus vite !' »

Suspension, amende, excuses…

Au final, Zach Randolph sera suspendu pour deux matchs, plus 100 000 dollars d’amende. Il a eu tellement peur de la réaction de Ruben Patterson, le pétard ambulant, qu’il s’était réfugier chez Dale Davis. Tout en devant s’excuser auprès de RubenPatterson pour ce coup de poing à l’oeil.

Selon les sources de l’époque, Ruben Patterson n’avait pas accepté les excuses de son coéquipier, mais les deux « boxeurs » vont se côtoyer jusqu’en 2006, date à laquelle Patterson sera échangé à Denver…

Pour le plus grand bien de Zach Randolph, qui était alors devenu un titulaire indiscutable chez les Blazers, après le départ de Rasheed Wallace à Detroit notamment.