C’est peut-être la conférence de presse la plus célèbre de l’histoire NBA. Le 7 mai 2002, Allen Iverson se présente devant la presse, après l’élimination des Sixers au premier tour, face aux Celtics de Paul Pierce et Antoine Walker.
Une envolée mémorable, un remix…
Suite à l’élimination, son coach Larry Brown, avec qui sa relation était toujours explosive, l’a critiqué pour avoir raté des entraînements collectifs. Et de ces 30 minutes de questions/réponses, l’histoire retiendra quelques phrases (« Nous sommes assis là, je suis censé être le « franchise player », et on parle d’entraînement ?!« ) et cette envolée où « The Answer » répète le mot « practice » 14 fois en deux minutes !
Mais le contexte est finalement beaucoup plus complexe que le remix de DJ Steve Porter, laissé à la postérité.
Car Allen Iverson a encore en tête la tentative d’échange, deux ans auparavant, les Sixers étant alors tout proches de l’envoyer chez les Pistons. Sa réponse lors de la saison 2000/01 a été fabuleuse, et les Sixers n’étaient qu’à trois victoires du titre suprême, mais la campagne suivante est beaucoup plus compliquée, avec des blessures, un bilan en forte baisse (de 56 à 43 victoires) et donc cette élimination d’entrée face à Boston.
Critiqué par son coach, l’arrière de Philadelphie a une discussion houleuse avec Larry Brown le 7 mai, et la tension ne redescend que lorsque l’entraîneur promet à son joueur de ne pas l’échanger, et de repartir pour une saison.
Allen Iverson accepte de tenir une conférence de presse le soir-même, pour valider cet accord.
Derrière la colère, la mort de son meilleur ami
Sauf que comme l’explique son biographe Kent Rabb, dans « Not A Game », quelque chose a changé lorsque « The Answer » revient pour répondre aux journalistes. Larry Brown pense que son joueur a bu, mais Allen Iverson assure qu’il a simplement été emporté par la colère face aux questions des journalistes.
Une colère dont on ne comprendra la raison qu’à la fin de la conférence de presse, une partie souvent oubliée où Allen Iverson rappelle qu’il a perdu son meilleur ami, Rahsaan Langeford, quelques mois plus tôt. Une tragédie absurde, une mauvaise blague dans un bar qui se transforme en règlement de comptes à la fin de la soirée…
Un tragédie qui a suivi l’arrière de Philly, éternel écorché vif, durant toute la saison.
« J’espère que c’est le cas (que les problèmes sont finis et qu’il va pouvoir rebondir). Mais ce n’est pas vraiment à propos de moi. Je suis égoïste par rapport au fait que ma fille doit en passer par là. Ma fille a sept ans. Demandez-vous : si votre fille devait écouter les gens dire du mal de son père ou de sa mère tout le temps, comment vous sentiriez-vous, honnêtement ? Si vous avez des enfants, je sais que vous le comprenez. C’est ce que ma fille vit à l’école. Elle rentre à la maison et dit que son professeur lui a raconté que son père ne devait pas partir. Papa, la fille de ma classe dit que tu te fais échanger. Tout ça pour un jeu, un putain de jeu. Beaucoup d’entre vous ne peuvent pas se mettre à ma place, parce que vous ne pourriez pas le supporter. Mais essayez juste de vous mettre à ma place. Même pas pour un putain de jour, mais juste pour une minute et essayez de gérer ce que je dois gérer dans ma vie. Mon meilleur ami est mort et nous avons perdu. Et c’est ce que je dois endurer pour le reste de l’été, jusqu’à ce que la saison redémarre. C’est ce que je dois traverser… c’est ma vie en un mot. Maintenant, vous pouvez tous rentrer à la maison et vous pouvez vivre votre belle vie. Vivez-la bien, vivez votre vie au maximum. »