Après 35 titularisations consécutives, Ian Mahinmi a débuté dimanche la rencontre face à Golden State sur le banc, et finalement il n’est même pas entré en jeu.
Joueur le plus âgé de l’effectif de la capitale américaine, Ian Mahinmi est un compétiteur mais il comprend aussi que son expérience et son leadership sur le banc sont également utiles à ses jeunes coéquipiers. Pour Basket USA, le natif de Rouen a abordé la neuvième place à l’Est des Wizards, évoqué le rôle primordial des vétérans dans les effectifs NBA mais aussi décrit le type de leader qu’est Bradley Beal, avant de conclure sur l’équipe de France.
Ian, après un début de saison difficile, vous avez redressé la barre pour revenir dans la course aux playoffs. Au regard de la jeunesse de l’effectif, est-ce que vous êtes surpris de ne compter que quatre défaites de plus que les septième et huitième places ?
Non seulement l’effectif est jeune mais on a aussi essuyé pas mal de blessures. Je pense que presque tout l’effectif a été blessé à un moment donné. On vient tout juste de retrouver un effectif « au complet ». En plus de ça, on est jeune donc c’est vrai qu’au regard de toutes ses circonstances, le bilan est loin d’être mauvais.
On parle beaucoup, à juste titre, des performances de Bradley Beal mais pouvez-vous nous dire quel genre de leader il est dans le vestiaire et hors du terrain ?
Brad, c’est quelqu’un qui essaie d’être un leader vocal mais c’est quelqu’un qui est davantage leader par l’exemple. C’est quelqu’un qui est très régulier, qui a toujours la même éthique de travail, une très belle éthique de travail d’ailleurs. Il n’a pas peur des moments chauds, des moments difficiles, des hauts et des bas, etc. Pour moi, c’est un très bon leader en devenir parce qu’il y travaille encore. Il ne faut pas oublier qu’il est très jeune. Il a quel âge ? 26, 27 ans (ndlr: 26 ans), donc il travaille encore sur son leadership mais je pense que c’est quelqu’un qui a la tête bien vissée sur ses épaules.
« Cette année j’ai plus de minutes et je suis en bonne santé »
Si vous aviez d’autres coéquipiers, peut-être méconnus du grand public, à mettre en avant concernant votre bonne forme des dernières semaines, qui seraient-ils ?
Davis (Bertans) ! Davis est dans une bonne période. Les gens ne connaissent peut-être pas forcément Ish Smith qui fait aussi de très bonnes choses pour nous récemment. Et après, on a pas mal de jeunes comme Rui Hachimura, Isaac Bonga, Thomas Bryant, Troy Brown. Ce sont tous des petits jeunes qui sont petit à petit en train d’éclore et qui ont su saisir l’opportunité qui leur a été présentée.
Sur le plan personnel, vous réalisez une des meilleurs saisons de votre carrière. On pourrait même dire que vous avez trouvé la fontaine de jouvence. Quel est votre secret pour avoir réussi à repartir de l’avant cette année ?
(Il rigole) C’est vrai que l’opportunité est là. Je suis en bonne santé, je suis en bonne santé (il insiste). Et puis je n’ai jamais arrêté de travailler donc je me sens bien, je bouge bien. C’est aussi un peu une question d’opportunité. Là cette année j’ai plus de minutes et je suis en bonne santé.
En parlant d’opportunité, malheureusement vous perdez à la fois votre place de titulaire et celle dans la rotation ce soir. Est-ce une décision du coach pour la fin de la saison ?
Je ne sais pas encore mais c’est vrai que… On va voir ce que ça donne dans les prochains matchs. Tu sais, à ce stade, on est encore dans la course aux playoffs donc je vais me contenter de prendre les matchs les uns après les autres. Et si mon nom est appelé ou pas, ce n’est pas grave. Du moment qu’on gagne les matchs, c’est le plus important. Et puis, le temps du bilan personnel n’a pas encore sonné.
Vous êtes le doyen de l’équipe, est-ce que vous prenez à cœur ce rôle de vétéran que ce soit de façon vocale ou simplement dans l’exemple pour aider vos jeunes coéquipiers ?
Bien sûr, bien sûr. C’est un rôle que je prends à cœur, comme tu as pu le souligner, que ce soit sur ou en dehors du terrain. J’essaie toujours d’être exemplaire, je fais entendre ma voix, que ce soit pendant les temps-morts, à la mi-temps, après les matchs. J’essaie souvent de conseiller les plus jeunes, de rester positif et… oui c’est vraiment un rôle que je prends à cœur. Et puis tu sais, c’est ma treizième saison en NBA donc forcément j’ai beaucoup de vécu, beaucoup de matchs accumulés, et ce rôle d’ailleurs de façon assez naturelle.
Ça pourrait toutefois ne pas être le cas surtout quand vous devez vous « battre » pour du temps de jeu avec Thomas Bryant, avec Mo Wagner, deux jeunes pivots qui ont une carte à jouer sur le long terme avec les Wizards ?
Ouai, mais non… Le combat, il n’est pas contre eux. Le combat, c’est nous contre les adversaires. Faut pas perdre ça de vue. Après, oui à l’entrainement on se tire la bourre, on essaie de se rendre la vie un peu difficile mais c’est normal car on essaie de progresser. Il y a un respect mutuel, une compétition qui est saine, et pour moi ça fait aussi partie d’une de mes qualités. Je ne vois pas les choses forcément en tant que guéguerre. Je pars plus du principe que nous sommes ensemble contre les autres équipes.
« Parmi les joueurs de ma génération, il n’y a plus grand -monde »
Vous êtes actuellement la pire défense de la ligue. Statistiquement et sur le terrain, vous êtes l’un des meilleurs défenseurs de l’équipe, comment est-ce que vous abordez ce rôle d’extension du coach sur le terrain ou d’adulte sur le terrain, si je peux dire, pour aider vos coéquipiers ?
Tu sais, la défense c’est aussi de l’expérience. On a des joueurs qui sont athlétiques, qui peuvent être bons défenseurs mais qui ont besoin d’un peu plus de bouteille, d’accumuler des répétitions, et une certaine connaissances de leurs adversaires. Tu sais, moi, tous les joueurs, je les connais presque tous. J’ai joué contre eux énormément de fois, je connais leurs tendances. Il y a beaucoup de choses qui rentrent dans cette équation défensive. Donc je pense que c’est important pour moi, en tant que bon défenseur, d’être le relais du coach et d’essayer d’aider les autres le plus possible.
Continuons sur ce même sujet. Il y a de moins en moins de vétérans dans les effectifs NBA, pensez-vous que ce soit un problème pour le développement des jeunes joueurs ?
Je pense que c’est important de garder des vétérans. Tu sais, il y a une passation à faire. Et cette passation, quand elle n’est pas bien faite, parfois ça met en péril certains jeunes et certaines équipes. Pour moi, c’est un constat qui est vrai. Il y a de moins en moins de joueurs âgés. Je le vois d’ailleurs. Parmi les joueurs de ma génération, il n’y a plus grand monde. Et c’est vrai que c’est un détail qui a son importance et qu’il ne faut pas prendre à la légère parce que comme je disais la passation doit être faite des vétérans aux jeunes, mais aussi des coaches chez les jeunes. Mais il y a un monde entre les coaches et les joueurs qui, je pense, peut être comblé avec justement la présence de bons vétérans.
Vous avez annoncé être disponible pour les JO et l’équipe de France cet été.
Bien sûr !
Qu’est-ce qui vous pousse à être disponible après de nombreuses années d’absence ?
C’était un peu la question à répétition de tous les journalistes « alors l’équipe de France, l’équipe de France » et au bout d’un moment j’avais envie d’y répondre. C’est vrai que là je me sens bien, je suis en bonne santé, et pourquoi pas. Je ne me fixe pas de limite et j’ai envie de me rendre utile à l’équipe de France si (ndlr : il insiste sur le « si ») besoin. Et j’avais envie de le faire savoir. C’est pour ça que je l’ai dit publiquement. Et si c’est une envie des joueurs et du sélectionneur, et de son staff, ben pourquoi pas. Moi, si je peux aider l’équipe à gagner un titre, une médaille, ou à se battre contre les plus grands au monde, et puis les Jeux olympiques, c’est la seule compétition que je n’ai pas faite, donc pourquoi pas.
Propos recueillis à San Francisco.