Interview Alexis Ajinca : « en France, on est fort pour critiquer… »

Après Rodrigue Beaubois, Pape Sy et Kevin Seraphin, c’est au tour d’Alexis Ajinca de répondre aux questions de Basket USA.

Passé de Dallas à Toronto, il y a quelques jours, l’intérieur français raconte son transfert et revient sur les critiques qu’il subit depuis son départ aux Etats-Unis.

A 22 ans, sa marge de progression reste intacte et c’est en NBA qu’il voit son avenir. A moins que le lock-out ne l’oblige à lorgner l’Europe…

Quand et comment as-tu appris que tu étais tradé ?

Je l’ai appris peu un peu avant le match contre Chicago. Le staff m’a dit que j’allais sûrement être tradé donc je suis retourné à l’hôtel au lieu d’assister au match. Je suis rentré à Dallas le lendemain  pendant que l’équipe était encore en road trip en attendant l’officialisation du trade. Deux jours après, Donnie Nelson m’a appelé en disant qu’en effet  j’étais tradé à Toronto. Il m’a souligné le fait qu’il était très content de moi et de mon travail. Il m’a dit qu’il souhaitait retravailler avec moi dès cet été si c’est possible.

Comment as-tu vécu cette situation ?

Je l’ai bien vécu même si j’étais très bien à Dallas. De toute façon il fallait l’accepter.

Qu’est ce qui n’a pas marché à Dallas ?

Les dirigeants m’ont dit qu’ils avaient un joueur en trop et que Toronto me voulait absolument. Dallas avait besoin d’un shooteur donc c’est moi qui ai été choisi pour le trade. Je n’avais pas le choix donc je ne me suis pas pris la tête

Que penses-tu de la ville de Toronto ? As-tu déjà eu le temps découvrir ta nouvelle ville ?

J’ai pu visiter un peu. J’ai trouvé mon appartement rapidement. La ville me plaît bien. Elle m’a l’air assez cosmopolite et très intéressante.

Comment se passe ton intégration à Toronto ? C’est une franchise assez internationale…

Tout se passe bien,  j’ai bien été accepté par l’ensemble du staff et de mes partenaires. Je me sens bien dans ma nouvelle équipe.

Quelle ville préfères-tu parmi celles où tu as joué?

Dallas ! Il fait plus chaud, toute l’activité  n’est pas concentrée dans le centre. Les gens et le public y sont très chaleureux.

Revenons à ton jeu. Tu mesures 2m13, mais on t’a vu  fréquemment shooter à 3 points à Dallas. Te considères-tu plutôt comme un 4 ou un 5 ?

A Dallas, j’avais pour consigne de shooter dès que j’étais en position parce qu’ils me considéraient comme un shooteur. Après je peux jouer 4 ou 5 mais je préfère jouer au poste 4.

Comment vis-tu les critiques émises à ton égard par le public français  et l’image de toi qui est véhiculée par les médias français?

Je suis content d’être en NBA, j’ai travaillé dur pour y parvenir et je continue à bosser pour y rester. Après beaucoup de personnes disent que je n’ai pas le niveau mais je pense que non. Pour moi c’est le problème de la France en général : on est fort pour critiquer mais on ne soutient jamais, encore plus quand il s’agit des jeunes joueurs. Aux Etats Unis c’est tout le contraire.

Tu pourrais revenir en France ?

Oui, j’y pense mais pas dans l’immédiat. Pourquoi rentrerais- je ? Pour rester sur le banc ? En France on ne donne pas aux jeunes leur chance, on préfère faire jouer les Américains. Dans tous les cas ma situation serait la même qu’ici.

Donc, ton avenir passe d’abord par la NBA ?

Pour l’instant je me donne à fond pour gagner ma place aux Etats-Unis. Mes coachs ont tous été satisfaits du travail que j’ai fourni jusqu’à présent donc je ne baisse pas les bras. Beaucoup de joueurs sont passés par là et n’ont pas éclaté dès leurs premières années. Si on prend l’exemple de Jermaine O’Neal, il n’a fait parler de lui qu’à partir de sa cinquième année en NBA.  Je suis jeune et j’ai encore du temps pour m’épanouir et une bonne marge de progression.

On parle beaucoup du lock-out qui pourrait toucher la NBA l’an prochain. Comme tu seras free agent en Juillet, serais-tu prêt à revenir jouer en Europe, voire en France ?

Je n’ai pas d’echos pour l’instant mais selon ce qu’il se dit il y a 90% de chances que le lock out ait lieu. Après il y aura des discussions donc on ne sait pas. Si le lock out a lieu, c’est sûr que revenir en Europe ne me déplairait pas.

Vers quel club irait ta préférence ?

Le club où je rêve de jouer c’est Saint-Etienne. C’est malheureusement impossible pour l’instant.

Propos recueillis par Gilles Galleron pour Basket USA