En juin prochain, on fêtera les 20 ans du premier titre de Sa Majesté, obtenu aux dépens des Lakers de Magic Johnson (4-1). Pour atteindre cet anniversaire symbolique, Basket USA vous propose un voyage exceptionnel dans la galaxie MJ.
L’homme, le joueur, le businessman… Vous saurez tout du plus grand basketteur de tous les temps en revivant, en textes et en images, l’enfance, l’adolescence, l’ascension et le couronnement de celui que l’on surnommait « Air Jordan ».
Deuxième partie de l’incroyable saga Michael Jordan.
A 12 ans, c’est surtout le baseball qui intéresse Mike. C’est l’un des meilleurs joueurs de Little League comme pitcher (lanceur) et outfielder (joueur de champ extérieur). A la Emsley A. Laney High School, son cœur balance entre le baseball, le foot US (il évolue au poste de quarterback de l’équipe junior des Buccaneers) et le basket (il est meneur). La balle orange n’a pas forcément sa préférence. Juste avant le tournoi régional des seniors, une place se libère dans l’effectif. Mike tourne alors à 20 points de moyenne chez les juniors. Il croise les doigts pour être pris. Leroy Smith lui est préféré parce que plus grand (1,95 m contre 1,82 m). Le jeune Jordan se rend au tournoi mais c’est pour s’asseoir sur le banc, s’occuper des équipements et passer les serviettes.
« J’étais content d’y aller avec les copains, même pour porter les sacs », assurait-il.
L’épisode se transforme en révélation. Il décide de se donner au basket sérieusement. Très sérieusement.
« En revenant, je me suis juré que rester assis à regarder les autres jouer ne m’arriverait plus jamais. A partir de là, j’ai travaillé mon basket comme jamais. »
En six mois, il va prendre 10 cm. Mike commence à battre son grand frère Larry sur le terrain familial. Le football américain et le baseball passeront tour à tour à la trappe. Durant l’été 1979, avant sa dernière année de lycée, Mike est invité à participer au Five Star Basketball Camp, un rendez-vous qui permet aux meilleurs joueurs de l’Etat de montrer leurs talents. Dans sa catégorie d’âge, il explose tout en s’adjugeant cinq trophées. On lui propose de rester une semaine supplémentaire. Il ajoutera quatre titres… En repensant à ce séjour, Mike expliquait :
« Ce fut le tournant de ma vie ».
Michael évolue maintenant dans l’équipe première du lycée. Pour son premier match, North Carolina l’emporte et il se fend de 35 points. Bourreau de travail, Jordan remet souvent le couvert à l’entraînement avec l’équipe réserve. Il commence à sortir les figures qui constitueront sa signature bien des années plus tard. Leur caractéristique : elles sont spectaculaires et aériennes. C’est aussi à cette époque qu’il acquiert la confiance nécessaire pour prendre ses responsabilités dans les moments chauds.
Lors d’un match à New Hanover, il inscrit les 15 derniers points de son équipe. Mike Brown, un joueur de North Carolina, est assis dans les tribunes. A son retour sur le campus, il raconte ce qu’il a vu et conseille au staff des Tar Heels de surveiller le phénomène. Dean Smith envoie un assistant pour voir. Juste pour voir…
En ce mois de novembre 1980, une dizaine de journalistes locaux se pointent chez les Jordan. Mike est assis sur le canapé familial, en T-shirt et survêt’, encadré par son père, chemise blanche au col ouvert, et sa mère, coiffure soignée et regard tendre. Michael annonce à tous qu’il ira à l’université de North Carolina. Cela lui permettra de ne pas s’éloigner de ses racines. Pour lui comme pour ses proches, c’est un soulagement. Il n’est encore qu’un lycéen dans sa dernière année de high school et ne veut pas s’embarrasser d’un secret de Polichinelle.
A l’époque, Jordan ne figure même pas dans la liste des 300 meilleurs lycéens du pays, publiée par le « Street and Smith ». Seul le rapport élogieux de deux assistants poussera Dean Smith à se déplacer pour admirer l’oiseau rare. Dean a une règle : chaque année, il réserve un spot dans son starting five à un freshman. C’est ainsi que Jordan déboulera dans le cinq majeur des Tar Heels, couvé par deux stars adulées, James Worthy et Sam Perkins. Tout frétillant, Mike passera l’été suivant à squatter le gymnase du lycée pour réussir son passage en NCAA. Bosser, être à la hauteur devient une obsession.
Les observateurs les plus avisés ont un avis très mitigé sur son potentiel. L’un d’eux, Jim Bukata, ira jusqu’a déclarer :
« D’après les scouts de North Carolina, ce Michael Jordan est le joueur le plus excitant de tous les lycéens qui arrivent en NCAA. Mais on sait bien que les gens de cette région exagèrent un peu… »
Cinq mois plus tard, l’exagération a laissé place à la stupéfaction. Mike est capable de décrocher la lune avec sa détente sèche de 1,05 m. Il fait trembler les défenses de Caroline du Nord en s’affichant à 27.8 points de moyenne. C’est un joueur à la fois précieux, modeste et déterminé. Spectaculaire au possible, il ne fait qu’accomplir un vieux rêve :
« Gamin, je savais que j’allais grandir et que je pourrais sauter très haut. Je voulais mesurer 2,15 m et smasher comme un fou ».
Frêle, MJ doutait un peu de ses moyens en débarquant à North Carolina. Il s’était préparé au pire : voir sa carrière de basketteur s’arrêter au bout d’un cursus de 4 ans. Il ignorait évidemment qu’un destin unique l’attendait.
Plus tard, au sujet de son statut d’icône planétaire et de figure majeure de la communauté noire, il déclara ceci :
« Je ne juge pas les gens en fonction de la couleur de leur peau. Je les vois pour ce qu’ils sont. C’est la plus grande leçon que j’ai reçue de mes parents, celle que j’ai gardée de mon enfance. Je sais que je suis reconnu en tant que Noir mais à mes yeux, nous sommes tous – et avant tout – des êtres humains. A Wallace, mes copains et voisins étaient les enfants Teachers. Une famille blanche. A Wilmington, j’ai grandi avec David Bridges, un Blanc, et Adolph Silver, un Noir. C’était mes meilleurs potes. Plus tard, à Chicago, ils ont pratiquement habité chez moi avant que je ne me marie. Au college, j’ai partagé ma chambre avec Buzz Peterson qui était blanc. Je pense que tous les hommes sont égaux. Je ne crois pas aux races. Je crois en l’amitié entre les hommes et en la valeur des individus. »
A suivre…
Photos : D.R.