Draft 2018 : Wendell Carter Jr, la tête et les jambes

Draymond Green, LaMarcus Aldridge et surtout Al Horford… Les comparaisons sont plutôt flatteuses lorsqu’il s’agit d’évoquer l’intérieur de Duke, Wendell Carter Jr (2m08, 19 ans). Annoncé dans le Top 10 de la prochaine Draft, son profil intéresserait particulièrement les Bulls (7e choix) où l’ex-Blue Devil va débuter des workouts à partir de demain.

Avec une ligne de stats très complète affichée cette saison pour sa seule et unique année à Duke (13.5 points à 56.1% au tir et 41.3% d’adresse à 3-pts, 9.1 rebonds, 2 passes, 2.1 contre), Wendell Carter Jr est présenté comme un intérieur polyvalent et capable de peser sur un match par bien des aspects, en défense comme en attaque et pas uniquement au scoring. Un joueur d’équipe en somme, capable de briller mais aussi de faire le sale boulot.

Passé par toutes les équipes jeunes de Team USA

Chicago s’est fait une belle réputation en terme de talent précoce en misant sur Lauri Markkanen, mais aussi en ayant révélé un pivot atypique comme a pu l’être Joakim Noah à ses plus belles années. Wendell Carter Jr est un peu un mix des deux, avec la hargne, la combativité et la polyvalence d’un « Jooks », avec un shoot fiable en prime !

Passé par toutes les équipes jeunes de Team USA, le natif d’Atlanta a franchi toutes les étapes avec succès, en trouvant toujours le moyen de se faire une place au milieu de grosses individualités. « Ça m’a permis de montrer que j’étais capable de jouer avec de grands joueurs tout en conservant ma place, de devenir une star dans mon rôle « , avait-il déclaré au Draft Combine. Au point de frapper à la porte de la plus grande ligue du monde à l’aube de ses 20 ans.

« Role player » remarquable à Duke

Au-delà des qualités purement basket de ses petits camarades de Draft, Wendell Carter Jr se démarque également par un parcours et un comportement irréprochables, sur et en dehors des terrains. « Je n’ai jamais été dans l’ego, je veux juste gagner », souligne-t-il modestement. Alors qu’il pouvait être une grosse vedette à Harvard où il aurait pu poursuivre ses études et briller sur le parquet en étant l’option n°1, l’intérieur a opté pour Duke, quitte à passer derrière Marvin Bagley, freshman tournant à 21.1 points, 11.6 rebonds par match cette saison et promis au top 4 de la draft le 22 juin prochain. Sûr de sa force, l’intéressé n’a pas regretté son choix : « Je savais de quoi j’étais capable, comment je pourrais influencer le jeu sans nécessairement marquer. Donc j’ai fait ces choses. J’ai trouvé un moyen de me démarquer sans forcément marquer. »

Wendell Carter Jr n’est pas le plus grand, le plus talentueux ou le plus costaud, et c’est justement ça qui interpelle au regard de son parcours quasi-parfait jusque-là.

« Je suis un compétiteur, surtout en défense, sur les picks… En attaque, je n’ai pas montré beaucoup de choses par rapport à ce que je peux faire. Mais je me considère comme un joueur assez polyvalent. Je peux driver et peut-être shooter de loin, depuis toutes les distances. Je fais tout ce que j’ai à faire pour gagner et c’est ce que j’ai fait. De ce que j’ai vu en NBA, il y a beaucoup plus d’espaces, beaucoup de pick & roll. J’ai vraiment hâte d’y être. La NBA, ce sera davantage dans mon domaine pour montrer ce que je peux faire « .

Fruit de l’éducation cadrée de ses parents : le basket, mais pas que…

Si Harvard l’a officiellement reçu, c’est aussi parce que Wendell Carter Jr a une tête bien faite, fruit de l’éducation de ses parents, Kylia et Wendell senior, anciens basketteurs universitaires et très attentifs à l’évolution de leur fiston. Parfois trop, selon les observateurs du championnat universitaire, ceux-ci n’hésitant pas à exprimer le fond de leur pensée, comme lorsque sa mère a récemment comparé le système NCAA à l’esclavage et la prison. Au-delà du basket, ils préparent aussi Wendell Carter Jr au contexte américain ambiant.

« Je suis une fille du sud du Mississippi et mon mari est un homme noir en Amérique. Nous nous donnons à fond pour nous assurer qu’il soit informé, qu’il reçoive une éducation, regarde des documentaires, reste conscient de ce qui se passe autour de lui et sache que sa vie n’est pas révélateur de la vie de la plupart des hommes noirs. Ce que nous aimons dire aux parents, c’est que nous ne sommes pas les Huxtables ou les Jeffersons (célèbres familles noires de séries TV américaines) ou quelque chose du genre », poursuit Kylie. « Nous sommes votre famille noire typique avec des problèmes typiques de familles noires ».

Pour toutes ces raisons, Wendell Carter Jr est un joueur atypique dont l’évolution sera à suivre. À Chicago ou ailleurs…