Steve Nash : « Avec les Suns, on était sans doute un peu en avance sur notre temps »

La finale de conférence à l’Ouest va voir s’affronter deux équipes qui s’appuient sur une arme aujourd’hui largement démocratisée : le tir à 3-points. D’un côté, il y a les Rockets, l’équipe qui tente et rentre le plus de tirs primés (15 sur 42 en moyenne cette saison). De l’autre, il y a les Warriors, équipe la plus adroite dans le domaine, même si son pourcentage a chuté depuis le début des playoffs (33% contre 39% en saison).

Avec cette pratique, en plus d’un jeu « up-tempo » basé sur beaucoup de « small ball », ces deux équipes incarnent la philosophie d’une équipe précurseure : les Suns de Steve Nash, désormais consultant aux Warriors, et Mike D’Antoni, coach des Rockets. « On a laissé une empreinte sur la ligue », pense l’ancien meneur. « C’est amusant de voir ces équipes l’incarner dans une nouvelle dimension. » Puis, il ajoute : « Mais en même temps, ça ne rapporte aucun titre (aux Suns). »

« Certaines personnes ne gagnent jamais »

Un bon moyen de rappeler que malgré le jeu révolutionnaire pratiqué par les Suns à l’époque, jamais cette équipe n’a remporté le titre. Phoenix a pourtant enflammé la ligue pendant des années, en s’appuyant sur son axe Nash – Stoudemire, entouré par une palanquée de shooteurs selon les saisons (Joe Johnson, Quentin Richardson, Jim Jackson, Tim Thomas…).

« C’était le génie de Mike », juge Steve Nash. « Il était capable de s’adapter, tirer le meilleur d’un groupe en donnant beaucoup de confiance. » Une déclaration qui fait écho à « l’ajustement » que Mike D’Antoni dit avoir fait tant avec Steve Nash qu’aujourd’hui avec James Harden et Chris Paul.

Du temps des Suns, les sceptiques étaient nombreux à l’approche des playoffs et se demandaient comment « une attaque en sept secondes ou moins » pourrait fonctionner. Dans le même temps, blessures et coups du sort (la fameuse suspension d’Amar’e Stoudemire et Boris Diaw face aux Spurs) ont aussi eu un rôle pour barrer la route des finales NBA aux Suns.

« On a connu de mauvais rebondissements », regrette le double MVP. « Cela dit, je prends aussi ma responsabilité dans certains de ces matchs décisifs. C’est la beauté du jeu. Tout le monde ne gagne pas chaque année. Certaines personnes ne gagnent jamais. Ça m’affecte toujours, je n’ai pas fait partie d’une équipe championne. Plutôt que de me dire « Pourquoi moi ? », je préfère me demander « Pourquoi pas moi ? »

Même s’il se questionne encore, Steve Nash pense avoir un élément de réponse : les Suns ne sont peut-être pas allés au bout de leur philosophie. L’année où Phoenix commence à allumer de loin, la saison 2004-2005, ils prennent en moyenne un peu moins de 25 tirs à 3-points par rencontre.

Pas assez de tirs à 3-points à l’époque ?

Une statistique énorme à l’époque mais qui ferait de cette équipe… l’une des plus « timides » dans le secteur plus d’une décennie plus tard. Individuellement, quand Stephen Curry et James Harden terminent des saisons à plus de 10 tentatives lointaines par match, Steve Nash lui, pourtant à 43% d’adresse en carrière, n’a jamais fini avec plus de 5 tirs à 3-points en moyenne sur une saison.

Le Canadien était certes beaucoup plus porté sur la création, mais son coach aux Mavs, Don Nelson, lui rappelait souvent : « Tu es un meilleur shooteur que ces gars, je veux que tu shootes. »

« Cela aurait probablement eu beaucoup plus de sens », note Steve Nash. « Mais à l’époque, la ligue dans son ensemble et nous, n’y étions pas prêts. On était sans doute un peu en avance sur notre temps dans notre style de jeu et avec un effectif qui convenait au jeu de cinq ou dix ans plus tard. Tout le monde nous disait qu’on ne pouvait pas gagner en shootant autant à 3-points. Nous réalisons maintenant que nous n’avons pas assez tiré, surtout quand on jouait petit. »