Larry Bird a 60 ans : « Je savais que ma carrière n’allait pas durer longtemps »

Légende de la NBA, Larry Bird fête aujourd’hui ses 60 ans. L’ancienne icône des Celtics est désormais le président des Pacers dans son Indiana natal. À l’occasion de son anniversaire, Basket USA a décidé de lui consacrer plusieurs articles. Happy Birthday Larry Legend !

Quand on pense à Larry Bird, plusieurs images mythiques s’entrechoquent. D’abord cet index levé vers le ciel alors que la superstar des Celtics se dirige vers son troisième titre de suite au concours de tirs à trois points en 1988. Ensuite, il y a ce joueur vétéran allongé sur le ventre alors que la Dream Team de Barcelone explose chacun de ses adversaires lors des JO de Barcelone en 1992. Bird en est alors au crépuscule de son immense carrière.

Une carrière très riche… mais relativement courte au final

Treize saisons en NBA chez les Celtics, trois titres de champion NBA, trois titres de MVP de suite, deux titres de MVP des Finales. Une carrière très riche, mais une carrière relativement courte au final…

Larry Bird savait néanmoins qu’il ne pourrait pas tenir beaucoup plus longtemps. Compétiteur acharné, il a consciemment mis en danger sa santé pour assouvir son amour du jeu.

« Je le savais. Je savais que je n’allais pas durer longtemps », avoue-t-il sur ESPN. « Je savais que j’étais en train de me démolir. Mais c’était comme ça. J’avais ce désir de gagner chaque match et la seule manière d’y arriver, dans mon esprit, était d’être dans la meilleure condition physique. »

Malgré les apparences, l’ailier de French Lick était effectivement un joueur qui ne donnait pas sa part au chien. Il a toujours tout donné sur le terrain. Et jusqu’à sa santé en fait…

« Une des choses que j’aurais aimé avoir, c’est plus de force au niveau du haut du corps. Je me souviens de [Robert] Parish qui ne touchait pas du tout le ballon pendant l’été, il faisait du yoga. C’est un point essentiel : les étirements et la respiration. Mais moi, il fallait que je cours plus de 4 km pour m’échauffer. Je devais faire du vélo pendant mes 20 bornes. Je devais faire mes sprints. J’ai toujours ressenti le besoin de faire plus, plus, plus. C’est pour ça que j’ai fini par casser. La force dans le haut du corps aurait, je pense, pu suffire plutôt que tout ce travail de fond. »

Premier joueur de grande taille (2m06) à jouer ailier pour profiter de sa qualité de tir, mais aussi de sa vision du jeu impeccable et de ses fondamentaux au dribble, Larry Bird a également payé de sa personne pour briller en tant qu’extérieur. Tous ces exercises physiques pour échauffer ses muscles ont fini par l’éreinter…

« Probablement. Mais je ne pouvais pas ne pas faire tout ce travail de courses. J’avais ce truc dans mon corps qui me disait d’aller courir – comme un réveil. Quand c’était l’heure de courir, il fallait aller courir. C’était comme ça. Je me souviens de ma deuxième année dans la ligue, on était au All Star Game dans le New Jersey et Artis Gilmore me dit : « Tu es vraiment un bon joueur, Larry. Tu vas être un grand joueur. Mais si tu continues comme ça, tu ne vas pas durer longtemps. » Je lui ai répondu que je ne pouvais pas jouer autrement. C’est comme ça que je joue. »

Un poignet incroyable

D’une certaine manière, Larry Bird a entraîné après lui plusieurs grands joueurs dans la même tradition. Michael Jordan puis Kobe Bryant ont également, avec leur propre interprétation, été des grands malades du travail foncier pour mieux exprimer leurs qualités basket (et artistiques pour ainsi dire) sur le terrain.

Dans le cas de Bird, une donnée fondamentale est sa qualité de tir. Symbole du shooteur blanc pour plus d’une génération, Larry Bird a expliqué quel a été le secret de son adresse incroyable tout au long de sa carrière. Et ce malgré l’index tout tordu de sa main droite !

« Quand j’étais en sixième, on devait aller à l’école avant les cours pour shooter des lancers et faire un peu de musculation. Pas comme maintenant. Mais ils avaient un truc pour le poignet [avec un poids attaché à une ficelle]. Mon coach nous disait : vous devez renforcer votre poignet. Je faisais ça tout le temps. Et je pense que c’est une des raisons pour lesquelles j’ai pu shooter comme je l’ai fait durant ma carrière. Ça a tout changé pour moi. »

A l’instar d’un Kevin Durant dans la NBA d’aujourd’hui, Larry Bird est loin d’être une force de la nature, physiquement parlant. Mais il n’avait pas de distance au niveau du shoot. Et au lieu de parler d’un bras formidable, il est plutôt le joueur avec le coup de poignet le plus incroyable de l’histoire.

« Mon tir était comme un lance-pierres. J’ai beaucoup travaillé sur mes poignets. Je le dis souvent aux enfants, quand ils débutent, que je faisais ça à leur âge. Comme ça, au lieu de tirer d’en bas [en partant de la poitrine], ils peuvent tirer de là-haut [au-dessus des épaules]. C’est intéressant de savoir que [Kevin Durant] a fait ça aussi. […] Ce que je dis toujours, c’est de travailler le poignet et la main gauche, pour l’utiliser comme la main droite. J’ai fait le travail du poignet beaucoup plus que j’ai fait de musculation. J’étais comme Kevin. Je n’aimais pas du tout la musculation. Je pensais que jouer au basket me rendrait suffisamment costaud de toutes manières. »

En fin de compte, Larry Bird a succombé à sa passion. Son corps, mis à rude épreuve depuis son adolescence, va finir par craquer alors qu’il approchera les années 90. C’est forcément dommage quand on revoit les choses a posteriori, en sachant que le freluquet des Celtics aurait peut-être pu s’économiser et mieux gérer son corps.

Mais au final, ce n’était tout simplement pas possible ! Larry Bird n’aurait jamais été Larry Bird sans cette disposition mentale à vouloir tout gagner, et par suite, à être dans une forme physique optimale pour chacun de ses matchs.

Match 6 – Finales 1986 : la performance la plus aboutie de la carrière de Larry Bird