Ron Artest fait gagner les Lakers au buzzer

C’est pour des instants comme ceux-là que l’on aime les playoffs. C’est pour des instants comme ceux-là que l’on aime la NBA. Passer du bonheur au désespoir en quelques secondes, du dégout à l’admiration dans le même laps de temps et sentir ses pulsations cardiaques s’accélérer pour finir le souffle coupé, un sourire ou un rictus involontairement dessiné sur le visage. Les Lakers, dominateurs une grande partie du match, avaient laissé les Suns revenir à égalité avant que Ron Artest, coupable d’une énorme erreur de jugement à peine une minute avant, ne vienne donner la victoire aux siens. 103-101. Magique.

Qui aurait pu croire que l’on vivrait un tel final en début de match ? Kobe Bryant récoltait deux fautes rapides qui l’envoyaient sur le banc mais les Lakers prenaient rapidement l’ascendant. Steve Nash maintenait les siens à flots avant que Kobe ne revienne surmotivé en début de deuxième quart.

Trois paniers longue distance consécutifs et les Lakers prenaient 16 points d’avance. Lamar Odom profitait des espaces pour enfiler lui aussi les points et les Suns étaient en difficulté. Surtout, leur banc, si efficace jusque là, était complètement éteint.

Ne proposant quasiment plus aucun mouvement d’attaque, ayant perdu toute volonté de courir, les remplaçants étaient punis par Alvin Gentry qui faisait dès lors confiance à ses titulaires.

Malgré tout, et après une fin de mi-temps mal gérée par Los Angeles, les Suns revenaient à 8 points. 53-45.

20 points d’avance…

Le scénario se répétait alors. Gasol, bien gêné par la défense en zone des Suns en première mi-temps, retrouvait toute son efficacité. Phoenix enchainait shoots forcés, pénétrations précipitées et pertes de balle et les Lakers reprenaient quasiment 20 points d’avance.

Sauf que cette équipe n’abdiquait pas. Steve Nash menait ses troupes à l’assaut et alors que Jared Dudley se mettait enfin à courir et que Channing Frye punissait à 3 points, les Suns recollaient à 6 longueurs à l’entame d’un dernier quart-temps complètement fou.

Les Lakers refaisaient l’écart après un 3 points de Kobe. La tension montait. Vujacic et Dragic, qui se détestent ouvertement, même s’ils sont compatriotes, prenaient tous deux une technique mais le Laker avait réussi à agacer son jeune adversaire.

Los Angeles maintenait un petit écart avant que Steve Nash ne prenne les choses en main. Usant des rotations défensives adverses, il jouait systématiquement le un-contre-un face à Pau Gasol et semblait ne pas pouvoir rater en shoot. Son vis-à-vis, Derek Fisher, n’était pas en reste puisqu’il accumulait les shoots importants pour garder un léger avantage.

Artest vendange…

Sur un dernier tir de Nash, les Suns revenaient à 3 petits points. Ron Artest prenait un shoot de la ligne des lancers. Raté. Mais Pau Gasol captait le rebond et, avec une petit minute à jouer, on s’attendait à voir les Lakers temporiser. Artest, lui, décidait de prendre un 3 points précipité. A nouveau raté et les Suns avaient du temps à revendre pour tenter d’égaliser.

A cet instant du match, Artest était un idiot qui allait faire perdre les Lakers. Les Suns donnaient le ballon à Channing Frye, adroit ce soir et avec un match-up favorable qui lui permettait d’obtenir plus facilement un shoot ouvert. C’était là aussi à côté de la cible.

Pau Gasol coupait vers le cercle, recevait le ballon et avait l’occasion de tuer le match. Il s’élançait pour un dunk rageur, criait pour obtenir la faute mais aucun son ne sortait du sifflet des arbitres. Nouvelle occasion pour Phoenix.

Steve Nash prenait alors sa chance de loin. Raté. Il prenait son rebond, servait Jason Richardson. Raté. Channing Frye récupérait encore le cuir, redonnait la balle à Richardson qui balançait le tout vers le cercle. Ça cognait la planche avant de rentrer.

…puis devient le héros

Egalité. 101 partout. Jason Richardson avait quasiment envoyé son équipe en prolongation et on imaginait déjà Phoenix en train de le célébrer. Il restait 3.5 secondes et on attendait forcément Kobe Bryant. Et c’était lui qui était servi pour un shoot très compliqué. Airball… Mais Ron Artest passait par là, attrapait le ballon puis le lançait vers la planche. La cloche retentissait alors tandis que le cuir déchirait les filets.

Artest, transparent jusque là, venait de faire gagner son équipe. Tous ses coéquipiers, ivres de joie, l’entourèrent pour le féliciter. Jason Richardson, héroïque quelques secondes plus tôt, avait oublié de bloquer au rebond.

« Je ne sais même pas pourquoi je l’ai laissé sur le terrain », déclarera Phil Jackson à-propos d’Artest.

Peut-être que le destin, qui voit les Lakers remportaient un game 5 toujours ultra-décisif, était lui au courant.