Eloigné des parquets depuis la fin de la saison passée après une carrière longue de 17 ans et 1 000 matchs joués en NBA, Nazr Mohammed livre sur son blog les secrets de sa longévité au sein de la ligue avec un seul mot d’ordre : « sacrifice ».
« Une carrière NBA, c’est un marathon »
Une saison NBA, c’est long… En tant que joueur, on oublie trop souvent que c’est un marathon et pas un sprint. Il est important de savoir garder son rythme au fil des mois et de toujours regarder loin vers l’horizon. Tout le monde veut commencer les 82 matchs, marquer tant et tant de points, prendre tant et tant de rebonds et être un All-Star. Mais il faut regarder la vérité en face. La plupart des joueurs ne pourront pas accomplir tous leurs objectifs lors d’une seule et même saison. C’est impossible. Beaucoup de joueurs deviennent impatients parce qu’ils se focalisent sur leurs ambitions personnelles et des objectifs qu’ils ne pourront pas atteindre. Certains n’y arriveront même jamais. Nous vivons dans une société ou nous voulons tout et tout de suite, et la NBA n’échappe à la règle. Parfois, il faut savoir ranger son égo au placard et s’occuper de l’essentiel à savoir rester en bonne forme physique et aider son équipe de n’importe quelle manière que ce soit. Ce n’est pas toujours facile à accepter et j’ai moi-même eu du mal à intégrer cette philosophie quand j’étais jeune.
« Comprendre très jeune ce dont l’équipe a besoin »
Les gens me demandent souvent quel est le secret de ma longévité en NBA. C’est quelque chose que j’ai très vite compris dans ma carrière de joueur professionnel. Le basket est un sport d’équipe et il faut souvent supprimer le « je » de l’équation pour le bien de son équipe. Pour gagner, il ne faut pas avoir peur de se sacrifier. Ce n’est pas toujours juste mais c’est comme ça. Un joueur peut avoir des qualités évidentes mais pas celles dont l’équipe a besoin pour gagner. On peut penser que le coach fait une erreur en nous laissant sur le banc mais le seul résultat qui compte est celui inscrit sur le tableau d’affichage à la fin du match. Prenons l’exemple d’un joueur très doué en attaque qui pense pouvoir marquer à chaque possession. C’est très bien mais ce n’est pas forcément ce dont l’équipe a besoin. L’équipe a plutôt besoin de quelqu’un capable de faire le pressing et de défendre sur le porteur du ballon. Ou alors de quelqu’un qui peut rentrer en cours de match et apporter son énergie et sa vitesse sur des séquences courtes. Ou encore d’un joueur qui peut pousser les vétérans à bout lors de l’entraînement et les préparer pour les matchs. Il faut savoir endosser le rôle que l’on vous demande. Parfois, il faut simplement se poser cette question, « De quoi cette équipe a-t-elle besoin et que puis-je apporter pour combler l’une de ces faiblesses ? » Les jeunes joueurs qui comprennent cela sont généralement ceux qui joueront pendant très longtemps en NBA.
Je me souviendrai toujours de ce que Terry Stotts (aujourd’hui à Portland) m’avait demandé un soir de match alors que je jouais pour les Atlanta Hawks. Un jour, il vient me voir et me dit, « Nazr, nous n’avons pas besoin d’utiliser tout ton talent aujourd’hui ». J’ai trouvé ça fou qu’un coach puisse dire cela mais j’ai vite compris ce qu’il voulait dire. Quand on débarque en NBA, on veut montrer ce que l’on est capable de faire : ses moves, comment dominer au poste, etc. Mais l’équipe avait juste besoin que je prenne des rebonds, que je fasse opposition sur les tirs adverses, pose des écrans, et, si besoin, finisse les actions en attaque. Bref, beaucoup de choses qui ne se voient pas sur la feuille de stat ou dans les Top 10. Pas besoin pour moi de jouer mon meilleur basket. Mais par contre, il faut toujours et impérativement être à 100% en terme d’effort. Certains joueurs auront l’opportunité de se montrer assez tôt dans leur carrière, d’autres devront attendre quelques temps, surtout s’ils sont dans une bonne équipe. Le temps de jeu, le nombre de tirs tentés ne seront pas forcément ce qu’ils peuvent espérer mais c’est le sacrifice nécessaire pour être dans une équipe qui gagne.
Plus tôt un joueur se met au service de l’équipe, mieux il se positionnera sur le long-terme
J’ai joué beaucoup de rôles au cours de ma carrière. J’ai été titulaire, joueur de rotation, et je me suis retrouvé tout au bout du banc. Ne pas jouer autant qu’on le souhaite, ou ne pas jouer du tout, est très difficile à vivre. Je peux comprendre la frustration et la déception que l’on peut avoir en regardant un match sans entrer en jeu. Cela dit, mon conseil à ceux qui ont du mal à faire ce sacrifice est très simple : peu importe votre situation au sein du groupe, soyez le meilleur coéquipier possible. Personne n’aime côtoyer un joueur aigri et amer lorsque les choses ne vont pas dans son sens. Une équipe est une combinaison de joueurs et chacun connait ses problèmes. C’est parfois difficile à accepter mais le plus tôt un joueur se met au service de l’équipe, le mieux il se positionnera sur le long-terme. »