Il y a deux jours, les Bleus ont réussi l’impossible : battre la grande Espagne chez elle, à Madrid. Cet Everest émotionnel et sportif cache néanmoins un défi encore plus grand : celui d’éviter le mal des montagnes et de se reconcentrer pour affronter une Serbie qui monte en puissance depuis le début la compétition.
À 22h (France 2 et Canal+ Sport), ce soir, les Bleus devront donc faire face à une nouvelle épreuve en demi-finale : plus subtile, plus intérieure peut-être. Mais pas moins dangereuse.
Le plus beau est fait, le plus dur reste à faire
« On n’avait pas montré, jusque-là, ce niveau de jeu », explique ainsi Vincent Collet lorsqu’on lui demande si ce groupe n’a pas été sous-estimé. « Qui pouvait prévoir ou penser qu’on puisse arriver à le faire ? C’est facile à dire maintenant qu’on l’a fait mais, franchement, même après le match face à la Croatie, il était difficile de l’imaginer. On a été capable de le faire une fois mais il ne faut pas croire que c’est notre niveau. Pour que ce soit notre niveau de performance, il faut le refaire demain [aujourd’hui] et ainsi de suite. Mais je ne suis pas sûr qu’on soit capable de le refaire ».
Le sélectionneur des Bleus est prudent et connait bien les problématiques de ce tournoi si particulier. Pour s’offrir une finale Team USA – Espagne, l’organisation ibérique avait mis en place un tirage spécial qui croisait les groupes au minimum, obligeant les équipes à se rejouer.
Les quatre équipes du groupe A ont d’ailleurs éliminé les quatre équipes du groupe B pour se hisser en quart de finale. Le problème, c’est que cela offre des confrontations déjà vues. Battues en poule, la France et la Serbie ont pris leur revanche face à l’Espagne et le Brésil pour atteindre la demi-finale. Est-ce que la France, après avoir réussi l’un des plus beaux exploits du basket français, parviendra à se reconcentrer pour éviter d’être battue par la troupe de Sasha Djordevic, dont elle avait pourtant triomphé en poules ?
C’est la question qui se pose, même si Vincent Collet et les anciens, comme Boris Diaw et Florent Pietrus, ont assuré que le groupe était rapidement passé à autre chose et visait déjà plus loin.
Contrôler Milos Teodosic et l’attaque serbe
Comme face à l’Espagne, une victoire française passera d’abord par la défense. Avec Raduljica, Bjelica, Bogdanovic, Krstic ou Jovic, les Serbes ont trop d’armes offensives pour que les Bleus se lancent dans un concours offensif. Il faudra donc ralentir le rythme et tenir le génial Milos Teodosic.
« Milos Teodosic est monté en puissance au cours du tournoi », confirme Vincent Collet. « C’est une des problématiques qu’on va avoir à gérer. On ne peut pas lui laisser autant de liberté que les Brésiliens l’ont fait. Quand il est en réussite comme ça, non seulement il fait briller les autres mais, en plus, il score. Ça devient impossible ».
En poules, on se souvient que Vincent Collet avait demandé à ses joueurs de faire pression sur le meneur, en début de deuxième mi-temps, afin de lui faire lâcher le ballon le plus vite possible.
Offrir trop de liberté au joueur du CSKA Moscou, c’est ainsi s’exposer à du pick-and-roll permanent et des changements de jeu qui déstabilisent toute la défense et offrent des shoots extérieurs ou des bonnes positions sous le cercle. Sans compter qu’il faut également tenir le choc dans la peinture.
« Ce qui m’impressionne, c’est la façon dont ils sont montés à partir du huitième de finale. La surprise serbe, c’est Miroslav Raduljica qui apporte un gros plus », reconnait le sélectionneur français. « Au premier tour, il était esseulé parce que Nenad Krstic n’avait pas encore d’impact mais maintenant qu’il est revenu aux affaires, Raduljica est toujours là. On sort des Gasol donc ça peut pas être pire au poste cinq mais ce n’est pas loin et puis c’est équilibré ».
Répéter la performance défensive dans la peinture
Pour l’emporter ce soir et s’offrir une finale de rêve face aux Américains, il faudra donc que les Bleus aient conscience que la victoire face à l’Espagne n’était qu’une étape et pas une finalité. Bien sûr, personne dans l’équipe ne le disait mais le phénomène peut être inconscient.
Il faudra également que les intérieurs français (Joffrey Lauvergne, qui a l’habitude de briller contre la Serbie, et Rudy Gobert) tiennent le choc sous les panneaux face à des joueurs plus puissants et plus physiques. Pour rentrer un peu plus dans l’histoire du basket français et s’offrir une place en finale.
L’effectif serbe
Meneurs : Milos Teodosic, Stefan Markovic
Extérieurs : Nemanja Bjelica, Bogdan Bogdanovic, Stefan Jovic, Nikola Kalinic, Marko Simonovic
Intérieurs : Stefan Bircevic, Rasko Katic, Nenad Krstic, Miroslav Raduljica, Vladimir Stimac