Il y a deux ans, nous vous avions proposé une saga Michael Jordan à l’occasion des 20 ans du premier titre des Bulls, en 1991 face aux L.A. Lakers (4-1). A l’occasion des 50 ans de « Sa Majesté », nous reprenons le feuilleton avec une 23e partie consacrée aux Finals 1993 face aux Phoenix Suns.
Ce fut un championnat long et beau… On l’a écrit : la saison 1992-93 avait démarré doucement pour les Bulls. Les « Dream Teamers » se disaient fatigués par leur été olympique. Bill Cartwright et John Paxson, les vétérans, furent souvent sur la liste des blessés. Horace Grant faisait un peu la gueule, estimant que ses talents n’étaient pas suffisamment reconnus. B.J. Armstrong, lui, découvrait le rôle de meneur starter. La quête d’un troisième titre NBA consécutif ne pouvait pas être un long fleuve tranquille. Il y eut des défaites étonnantes, surtout au Chicago Stadium, et des performances irrégulières. Les Bulls (57 victoires en saison régulière) se rassurèrent en répétant que tout rentrerait dans l’ordre pour les playoffs. Le moment de vérité…
New York mène 2-0…
Premier tour, 3-0 contre les Hawks. Demi-finales de Conférence Est, 4-0 contre les Cavaliers. Les Knicks possèdent l’avantage du terrain pour la finale de Conférence et l’affaire se présente plutôt mal. John Starks défend comme un mort de faim sur Michael Jordan et se prend pour « His Airness » en attaque. Patrick Ewing domine dans la raquette. La défense physique des New-Yorkais perturbe clairement les Taureaux. 2-0 pour les Knicks après les deux premières manches au Madison Square Garden.
Avant le Game 3 dans l’Ilinois, la presse rajoute un peu d’huile sur le feu. « MJ » a été vu dans un casino d’Atlantic City tard dans la nuit la veille du Match 2. Ce n’est un secret pour personne : le jeu – l’autre – est son péché mignon.
« Je suis rentré me coucher à 2h du matin. J’ai eu mes 8 heures de sommeil. Où est le problème ? », s’emporte l’accusé, passablement agacé.
Grâce au retour en forme d’Horace Grant, Chicago enlève la troisième manche. « MJ » passe un peu à côté (3/18 mais 16 lancers). La presse continue de s’intéresser à son goût pour les paris. Avant le Game 4, un livre écrit par l’un de ses « amis » assure que Mike est un vrai malade du jeu. Il devrait plus d’un million de dollars… La réponse ne tarde pas : Jordan boycotte la presse jusqu’à nouvel ordre et fait publier un communiqué pour mettre les choses au point. Il ne souffre d’aucune addiction pour le jeu, n’a pas perdu sa fortune sur les tapis verts et aimerait qu’on parle davantage de ses perfs sur les parquets que de sa vie privée. Comme ses 54 points (18/30, un seul tir dans la raquette) dans le Match 4… Du grand art pour permettre aux Bulls d’égaliser à 2-2.
Chicago a-t-il fait le plus dur ?
Retour à New York. Ça devient sérieux. On l’a écrit aussi : tout bascule dans les dernières secondes du Match 5, quand l’ailier Charles Smith se fait contrer à quatre reprises sous le cercle. Victoire 97-94 des Bulls qui mettent un terme à une série de 27 victoires des Knicks au Madison. Les Taureaux se qualifieront 4-2 après un dernier blow out (96-88). Les spécialistes estiment que le plus gros challenge de Chicago était de battre New York. Véritables miraculés des playoffs, les Suns de Charles Barkley ne représentent pas, à leurs yeux, un obstacle insurmontable. Leurs 62 victoires en saison régulière, record de franchise ? Elles ont perdu de leur éclat avec les deux défaites à domicile face aux Lakers pour lancer la campagne de playoffs 1993. Ce n’est que le deuxième voyage de Phoenix en Finales, après celui de 1976. Et puis « Sir Charles » reste le challenger, même auréolé de son titre de MVP de la saison régulière. Il s’était fait botter les fesses à deux reprises par les Bulls de Jordan à l’époque où il évoluait chez les Sixers (4-1 en 1990 et 91). Il n’a pas encore dépassé le maître.
FINALES NBA 1993
Game 1, 9 juin
Les observateurs semblent avoir vu juste. Chicago mène de 14 points après le premier quart-temps (34-20). L’écart grimpe à +20 dans le deuxième. Un avantage conservé assez tranquillement grâce aux 27 pions de Scottie Pippen et aux 14 de Michael Jordan dans le seul quatrième quart-temps. Victoire des hommes de Phil Jackson 100-92. Le collectif des Bulls tourne à plein régime. B.J. Armstrong étouffe complètement le meneur des Suns Kevin Johnson. Les doubles champions en titre paraissent tout simplement intouchables.
« La pression est sur eux désormais », commente sobrement le « Maître Zen ».
Les stats de Michael Jordan : 31 pts (14/28), 7 rbds, 5 pds, 5 ints, 1 ct
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Game 2, 11 juin 1993
Nous sommes toujours à Phoenix. Les pronos se vérifient. Charles Barkley a beau marquer autant que le n°23 chicagoan (42 points) et dominer celui-ci aux rebonds (13 prises contre 12), les Bulls assoient leur supériorité avec un deuxième succès 111-108. Scottie Pippen est parfait dans son rôle de lieutenant avec un triple-double (15 pts, 12 rbds, 12 pds), son troisième en playoffs, et un contre sur une tentative de tir à 3 points de Danny Ainge à 26 secondes de la fin. Horace Grant bat son record en playoffs (24 unités). Kevin Johnson pointe toujours aux abonnés absents (4 pts). Phoenix avait encore sa chance en début de quatrième quart-temps (91-89)…
« Notre expérience a fait la différence », constate « Sa Majesté ».
« Nous sommes au fond du trou », rumine Charles Barkley. « On est dans le bon Etat pour ça. On file droit dans le Grand Canyon. »
Direction Chicago pour la suite des hostilités. La suite et la fin, tant elles paraissent devoir être courtes. Phoenix est la première équipe de l’histoire à perdre les deux premiers matches d’une Finale NBA à domicile. Et Chicago la première à remporter les deux premiers matches d’une Finale NBA à l’extérieur.
Les stats de Michael Jordan : 42 pts (18/36), 12 rbds, 9 pds, 2 ints
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Game 3, 13 juin 1993
Sans doute trop sûrs d’eux, les Bulls mordent la poussière à l’issue d’une partie exceptionnelle. Il faut trois prolongations pour désigner le vainqueur. Les deux équipes ont tour à tour leur chance. Les Suns sont les plus prompts à la saisir. Victoire 129-121. Chicago ne mène plus que 2-1.
« C’est le plus grand match auquel j’aie participé dans ma carrière », s’emballe « Sir Charles ». « On a tout donné et les Bulls peuvent en dire autant. »
Jordan a rapporté 44 pions mais il n’a converti que 19 tirs sur 43. Pippen n’a guère fait mieux (26 pts à 12/35). Touché au coude droit dans le Game 2 et contraint de prendre des anti-inflammatoires avant la rencontre, Barkley rend une belle copie (24 pts, 19 rbds). Dan Majerle (28 pts) plante six paniers primés sur les neuf de son équipe, record égalé dans une Finale NBA. Le dernier, à 3:04 de la fin de l’ultime prolongation, marque le début d’un run décisif pour les Suns (9-0). Sans le réveil de Kevin Johnson (25 pts, 9 pds), tout ceci n’aurait servi à rien. Le meneur de Phoenix a joué 62 minutes – autre record – sur 63 et enquiquiné « MJ » en défense, Majerle s’occupant de Pippen.
Pour l’anecdote, le coach des Suns, Paul Westphal, avait déjà participé à un match des Finales décidé en triple overtime : joueur à Phoenix, il avait perdu 126-128 le Game 5 des Finales 1976 contre Boston. La franchise de l’Arizona devient ainsi la première équipe de l’histoire à avoir disputé deux matches des Finales avec une triple prolongation. Interrogé sur la différence entre les deux marathons, Westphal fit preuve d’humour :
« Cette fois, les gentils ont gagné… »
Les stats de Michael Jordan : 44 pts (19/43), 9 rbds, 6 pds, 2 ints, 1 ct
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Game 4, 16 juin 1993
Vexée, « Sa Majesté » prend les choses en main. L’addition est salée : 55 points (21/37, 13/18 aux lancers). Mais les Suns seront restés dans la course jusqu’au bout grâce au quatrième triple-double de Charles Barkley en playoffs (32 pts, 12 rbds, 10 pds). Mené 104-106 dans la dernière minute, Phoenix a l’occasion d’égaliser. Kevin Johnson laisse échapper la balle, récupérée par B.J. Armstrong. Chicago l’emporte 111-105, Michael Jordan signe la deuxième meilleure performance de tous les temps en Finales derrière les 61 points d’Elgin Baylor en 1962.
« Je considère que c’est l’un de mes meilleurs matches », commente le héros du soir. « A chaque grand rendez-vous, j’essaie d’évoluer à mon meilleur niveau. Quand nous avions besoin d’un gros panier, j’ai marqué un gros panier. C’est mon rôle dans cette équipe, quel que soit le prix à payer. J’avais décidé de prendre les choses en main. »
A 3-1, l’affaire semble pliée. Tout Chicago se prépare à célébrer le « threepeat ». Non sans une certaine appréhension. Les émeutes qui avaient suivi le deuxième titre sont encore dans toutes les mémoires. Charles Barkley ironisa avant le Game 5 en expliquant à ses coéquipiers qu’il fallait l’emporter pour sauver la ville de Chicago…
Les stats de Michael Jordan : 55 pts (21/37), 8 rbds, 4 pds
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Game 5, 18 juin 1993
Vedettes de cette cinquième manche : « Sir Charles » (24 pts), Kevin Johnson (25) et le rookie Richard Dumas (25). Les 41 pions de Michael et les 22 de Scottie ne suffisent pas. Phoenix verrouille le rebond (45-35).
« Dieu veut que nous soyons champions du monde. Je lui ai parlé l’autre nuit », croit bon de balancer le franchise player des Suns dans une interview à NBC…
La série repart dans l’Arizona. 3-2 pour les Bulls. Si Phoenix l’emporte, le duel décisif aura également lieu à l’America West Arena. La peur commence à se lire sur certains visages côté Chicago.
« Si nous sommes les meilleurs, nous devons le prouver et nous imposer deux fois à domicile », clame Paul Westphal avec lucidité. « Si nous n’en sommes pas capables, nous ne méritons pas d’être champions NBA. »
Les stats de Michael Jordan : 41 pts (16/29), 7 rbds, 7 pds, 2 cts
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Game 6, 20 juin 1993
Pour chasser le doute, les Bulls prennent les devants. Leur adresse à 3 points est remarquable (10/14 sur l’ensemble du match, record NBA). Les Suns ne sont pas dans un grand soir mais l’écart n’est que de -5 à la mi-temps (56-51). Armstrong, Pippen et Jordan évoluent à leur niveau. C’est Horace Grant, totalement inefficace en attaque (1 pt dans cette manche, comme dans le Match 5), qui met son équipe dans le rouge. Sans sa défense infatigable et son activité incessante au rebond, ce serait évidemment pire. Phoenix accuse huit longueurs de retard à l’entrée du dernier quart-temps après avoir été flashé à -11 dans le deuxième et -10 dans le troisième. Le public, qui semblait chloroformé en première mi-temps, sort de sa léthargie et devient totalement bouillant. Avec le soutien d’une foule en transe, la franchise de l’Arizona grignote son retard. Les Bulls menaient encore 87-79. Ils ont maintenant l’air au bout du rouleau. Six minutes et neuf secondes sans marquer le moindre panier… Au secours, Michael !
A une minute de la fin, 98-94 pour Charles Barkley et sa bande. Balle aux Suns pour ne rien arranger. « Sir Charles » fixe la défense et offre un shoot à Frank Johnson. Si c’est dedans, c’est fini. Mais c’est raté. Rebond de Jordan. Coast to coast, lay-up. 98-96, 38.1 secondes à jouer. « MJ » a inscrit les 9 points de son équipe dans ce quart-temps. Sur l’attaque suivante, c’est Dan Majerle qui la joue petit bras derrière l’arc. Airball, expiration des 24 secondes. Quatorze secondes et un dizième à jouer, balle à Chicago. Durant le temps mort, Phil Jackson demande à ses joueurs :
« Est-ce que vous voulez le tenter ? Vous voulez tenter le 3 points ? »
La suite ? Comme dans un rêve. Jordan, qui subit une prise à deux, donne à Pippen. Scottie drive et trouve Grant à l’intérieur, sous la menace du pivot des Suns Mark West. En pleine crise de confiance, Horace ressort pour John Paxson au large. Inspiration géniale. Danny Ainge a délaissé Paxson pour aller presser Grant et ne peut que constater les dégâts. La main de Paxson ne tremble pas. Le ballon part de si loin qu’il est déjà entré dans l’histoire avant d’avoir transpercé le filet. Panier primé, le 10e des Bulls dans ce match (record). Shoot de légende. Une action clutch qui permet à Chicago de prendre les commandes (99-98) à 3.9 secondes de la fin. Les points de Paxson furent les seuls d’un Bull autre que Jordan durant tout ce quatrième quart-temps… Plus tard, le sniper affirma que rien de tout cela n’était prévu. Il était « resté derrière la ligne au cas où quelque chose arriverait » !
« Il n’y avait personne autour de moi. J’ai eu un bon feeling quand la balle a quitté mes mains… J’ai juste réceptionné le cuir et j’ai shooté, comme je l’ai fait toute ma vie. Je joue au basket depuis l’âge de 8 ans. Des tirs comme celui-là, j’en avais pris des centaines de milliers dans l’allée de ma maison. C’était une action naturelle pour moi. »
« Je n’aurais pas pu imaginer final plus dramatique », commenta Phil Jackson. « Durant toutes mes années passées en NBA, je n’avais jamais vu un match des Finales s’achever de cette façon. »
Personne ne pourra priver les doubles champions sortants du « threepeat » annoncé. Horace Grant inflige un contre à Kevin Johnson sur la dernière possession des Suns. Game over. Les Minneapolis Lakers avaient réalisé l’impossible exploit entre 1952 et 54. Les Celtics avaient monopolisé le titre pendant huit ans (1959-66). Le Chicago de Michael Jordan laissera lui aussi son empreinte dans le livre des records. T-shirt et casquette « Threepeat NBA Champs », bouteille de champagne dans une main et cigare (non allumé) dans l’autre, Mike sourit comme il ne l’a pas fait depuis longtemps.
« Avec l’adversité que nous avons rencontrée sur le terrain et en dehors toute cette saison, ce troisième titre est le plus grand de ma carrière. Ce fut le plus difficile. »
Il était une fois les Chicago Bulls, la plus grande équipe du monde, et Michael Jordan, le plus grand joueur de tous les temps. Quarante-et-un points de moyenne en Finales NBA, c’est un record. Quarante pions quatre fois de suite en Finales NBA, qui dit mieux ? Personne ! Personne n’avait réussi ça plus de deux fois. Seuls Jerry West et Rick Barry avaient collé 30 points dans chaque rendez-vous d’une Finale. Deux jours plus tard, dans le Grand Park de Chicago envahi par 250 000 fans pour la célébration officielle du titre, Mike annonce au micro :
« Notre destin est sûrement de gagner un quatrième titre l’année prochaine ! »
Un tacle glissé pour Charles Barkley et ses apparitions divines… Michael sait-il déjà qu’il n’en sera rien ? Lui seul peut répondre. Le terme « threepeat » avait été inventé par Pat Riley à l’époque où Lakers avaient la possibilité de réaliser la passe de trois. Une femme d’affaires s’est déjà réservé le « four on the floor ». Un fabricant de T-shirts a pensé à « Four ever ». Ce Bulls-Suns aussi, c’est for ever. Cette série restera comme l’une des plus belles Finales de l’histoire. Personne ne pouvait renverser « Sa Majesté ». Pas plus Charles Barkley que Clyde Drexler l’année précédente. Troisième titre NBA consécutif. Troisième titre de MVP des Finales consécutif (du jamais-vu, Magic Johnson ayant remporté ce titre trois fois lui aussi mais pas à la suite). Une série vraiment atypique : à l’exception de Chicago dans la quatrième manche, l’équipe qui se déplaçait l’a toujours emporté.
Les stats de Michael Jordan : 33 pts (13/26), 8 rbds, 7 pds, 1 int
Le Top 10 des Finales NBA 1993
https://www.youtube.com/watch?v=nUDbwZJzcBE
Le 23 juillet suivant, le père de « MJ », James Jordan (56 ans), est assassiné sur une aire de repos, alors qu’il dormait au volant de son véhicule. Son corps sera retrouvé le 3 août et identifié le 13. Michael est profondément affecté par ce drame. Il a perdu sa passion pour le jeu et décidera de se retirer une première fois des parquets peu avant le coup d’envoi de la saison 1993-94. Adieu les rêves de quadruplé.
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INTERVIEW JUIN 1993
MONDIAL BASKET : La Finale s’est-elle déroulée comme tu le prévoyais ?
Michael JORDAN : On a gagné, c’est ce qu’on voulait. Je ne pensais pas remporter les deux premiers matches à Phoenix et encore moins perdre deux des trois matches à Chicago. Je n’aurais jamais imaginé un tel scénario. Mais je m’en moque complètement !
MONDIAL BASKET : Parle-nous de la dernière attaque…
M.J. : J’étais bien pris. Scottie a bien fait de donner le ballon à Horace. Et Horace a eu raison de l’offrir à John ! Horace venait de manquer un shoot facile peu de temps avant. « Pax » était démarqué. Quand il a reçu le ballon, j’ai tout de suite su que c’était bon. Je savais qu’il ne raterait pas l’occasion.
MONDIAL BASKET : As-tu douté ?
M.J. : Nous possédons une équipe expérimentée, on l’a souvent prouvé mais nous n’avons pas réussi à faire ce que nous voulions en quatrième quart-temps. On jouait mal mais on n’était pas largués au score non plus. Ça permet de se dire que rien n’est jamais perdu. La preuve !
MONDIAL BASKET : A quoi tient ce titre ?
M.J. : A un travail acharné toute l’année, à deux ou trois actions qui font la différence en Finales… Faire partie de l’histoire tient à peu de choses, en fait. Tout ce que je sais, c’est que dans une dizaine d’années, lorsque mes enfants auront grandi et qu’ils me parleront du « threepeat », je leur sourirai fièrement.
MONDIAL BASKET : Les Bulls sont-ils la meilleure équipe de l’histoire ?
M.J. : A chacun son opinion… Avec 16 titres, les Celtics doivent évidemment être considérés comme une très grande équipe. Mais c’est différent de remporter trois titres de suite à notre ère, avec autant de talents dans la Ligue. Les autres équipes qui ont réussi un « threepeat » évoluaient à une époque bien différente. Nous avons le sentiment que les Bulls actuels doivent être considérés comme l’une des toutes meilleures formations de l’histoire.
MONDIAL BASKET : Es-tu le meilleur joueur de tous les temps ?
M.J. : Je voulais remporter un troisième titre consécutif parce que Larry Bird, Magic Johnson et Isiah Thomas n’avaient pas réussi à faire ça. Je ne prétends pas être meilleur qu’eux et je ne fais pas campagne pour qu’on me considère comme le meilleur joueur de l’histoire mais réussir la passe de trois signifie beaucoup pour moi. C’est quelque chose que personne ne pourra jamais m’enlever.
MONDIAL BASKET : Charles Barkley a dit que tu n’avais pas toujours l’air très heureux…
M.J. : Nous avons connu pas mal de difficultés cette saison et j’ai été attaqué personnellement à plusieurs reprises. C’était parfois très pesant. Je désirais ce titre pour mettre les choses au point. Comme je le dis dans une pub, j’aimerais que l’on me considère avant tout comme un basketteur et qu’on me laisse en paix au sujet de ma vie privée.
MONDIAL BASKET : Te surprends-tu parfois ?
M.J. : Je vais sans doute vous étonner mais oui. Encore maintenant, je me demande comment je réussis certains trucs… Je ne cherche surtout pas la réponse ! Je fais, c’est tout.
MONDIAL BASKET : Où te sens-tu le mieux et avec qui ?
M.J. : Chez moi, avec ma famille. Je peux faire ce que je veux, quand je le veux. Je suis tout simplement Michael. Pas une star, pas une idole…
MONDIAL BASKET : Un message pour tes fans français ?
M.J. : Comment dit-on « threepeat » en français ?
MONDIAL BASKET : Triplé…
M.J. : C’est trop dur à dire ! (Il essaie) « Threepeat », c’est mieux…
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EN BREF
– En 1991, la Finale NBA avait été diffusée dans 74 pays. En 1992, il y en eut 93. Pour 1993, on atteignit les 109, dont 56 en direct. Au total, 20 langues différentes furent utilisées. Parmi les nouveaux veinards figuraient les habitants du Burkina Faso, de la Tunisie ou encore du Bophuthatswana.
– 21,8 millions de ménages ont regardé le dernier match. Sur l’ensemble de la Finale, la part d’audience a été de 17,8%. Record battu. Le précédent était détenu par la Finale 1987 L.A. Lakers-Boston Celtics. Jordan-Barkley mieux que Magic-Bird !
– On craignait des débordements en marge de la célébration du « threepeat ». Après le pétard mouillé du Game 5, certaines consignes avaient été de nouveau données le soir de la victoire finale des Bulls. Le calme a été à peu près maintenu. Ce jour-là, il n’y eut qu’un meurtre à Chicago alors que la moyenne était de trois par jour.
– Pour les matches à Chicago, Michael Jordan est toujours arrivé au volant de la même voiture. Il laissa ses BMW, Porsche, Ferrari et autres Lamborghini au garage. Son choix : une Mercedes 600 SEL VIZ coupée, gris foncé métallisé. Même confiance à la marque allemande pour Charles Barkley avec une Mercedes 500 cabriolet noire.
– Lors de la célébration du « threepeat » au Grand Park de Chicago, chaque joueur est passé au micro. Best of.
John Paxson : « Il y a quelques semaines, je jouais avec mon fils dans le jardin. Il a marqué un panier et m’a dit que c’était le tir décisif, à la sirène. Il avait ajouté : « Ce serait super, papa, si tu réussissais la même chose un jour… » Ça y est, je l’ai fait ! »
Horace Grant : « Si vous nous supportez comme ces trois dernières années, je vous garantis un quatrième titre ».
Scott Williams : « Quand je suis venu à Chicago, je pensais toucher trois mois de salaire et me faire virer. Alors remporter trois bagues de champion… »
Scottie Pippen : « Let’s go 4 in a row ! »