Comme promis, Laurent Boudias suit pour Basket USA le PIT (Portsmouth Invitational Tournament), le premier camp pré-draft qui se déroule du 8 au 11 avril avec des dizaines de joueurs invités à séduire les scouts NBA et européens.
Un véritable carnet de bord de l’un des plus éminents spécialistes NCAA en France.
Nous avons choisi de vous livrer ses articles tels que nous les recevons.
Laurent utilise un ordinateur US et excusez-nous d’avance pour l’absence d’accents…
Voici sa dernière journée avec la liste des joueurs qui l’ont impressionnés.
Voila, c’est deja la fin du tournoi. Ces 4 jours auront passe vite, trop vite. J’avoue que ce petit voyage m’a permis de me reposer un peu, pas physiquement car je n’ai pas eu de longues heures de sommeil mais nerveusement. Loin du train-train quotidien, des enfants. J’ai hate de les revoir mais passer quelques jours loin d’eux ne fait pas de mal. J’ai rate l’anniversaire de Marcus vendredi. Il a fete ses 15 ans, oh la que le temps passe. Mais bon il arrive a un age ou on n’a plus besoin d’etre present ce jour la. A partir du moment ou il recoit du cash, il est heureux. D’habitude, il vient a Portsmouth avec moi mais la ce n’etait pas possible. Il m’a demande comment ca se passait quand on s’est appele au telephone et je pense qu’il etait plus interesse par l’hotel que par le tournoi lui-meme. L’annee derniere, nous etions au Radisson hotel et il n’avait pas aime. L’enfant gate!
Cette derniere journee s’est donc bien passe. La mauvaise nouvelle, c’est que mon ami l’agent m’a laisse tomber pour ses collegues. La bromance est definitivement une chose du passe. Ce fut un feu de paille mais ce fut fun. Ce genre d’aventures qui se passent sur la route. Ma femme va etre contente de l’apprendre ! Non serieusement, j’espere que ce genre de rencontre ouvrira des portes. Sait-on jamais. Et de toute maniere, j’ai fait une nouvelle rencontre. En fait, je le vois tous les ans (on ne peut pas oublier un tel personnage). Il s’appelle Professor Swish. C’est un coach, un peu extravagant, qui enseigne l’art du shoot et plus precisement m’a t-il explique, l’art du lancer-franc.
Comme promis, je vous donne mes All-Scout selections. Ces equipes sont basees sur une analyse serieuse et detaillee… arf, mais qu’est-ce que je dis ? Ce n’est base que sur la performance de ces joueurs pendant le tournoi et ne constitue pas une evaluation precise des joueurs et de leur jeu.
La premiere selection ne fut pas tres difficile a determiner.
Jermaine Taylor, Central Florida
Paul Delaney, Alabama-Birmingham
Jon Brockman, Washington
David Holston, Chicago State
Tyrese Rice, Boston College
La seconde selection fut un peu plus difficile mais je crois etre parvenu a etablir un consensus avec moi-meme.
Josh Akognon, Cal State-Fullerton
Robert Vaden, Alabama-Birmingham
Kenny Hasbroock, Siena
Alade Aminu, Georgia Tech
DeMarre Carroll, Missouri
Mentions speciales pour les joueurs suivants
Alex Ruoff, West Virginia
Jimmy Baron, Rhode Island (a battu aujourd’hui le record du PIT du nombre de tirs a 3pt dans un match avec 9 tirs primes)
A.J. Abrams, Texas
Gary Wilkinson, Utah State
Michael Bramos, Miami (Ohio)
Garret Siler, Augusta State
Ben Woodside, North Dakota State
Je suis certain que vous verrez des selections differentes sur des sites qui suivent egalement le tournoi ou sur le site du tournoi quand il donnera les recompenses individuelles. Mais j’ai souvent des criteres qui sont legerement differents de la masse. Mon style de jeu quand je jouais est surement responsable de ces criteres mais je pense qu’ils sont importants.
Vous aurez remarque egalement que dans ces deux selections figurent plus d’arrieres/ailiers que de joueurs interieurs. Ce genre de tournoi n’est jamais tres adapte pour que les joueurs interieurs puissent se mettre en valeur. Mais Brockman et Siler se sont mis en evidence et je ne pouvais pas les ignorer.
Et cela m’amene a discuter d’un sujet qui me tient a coeur et dont j’ai commence a livrer quelques secrets. L’evaluation des performances individuelles mais aussi collectives. Les coachs de basketball que je qualifierais de “old-school” (et ce n’est pas pejoratif, bien au contraire) ont souvent l’impression que ce qu’ils voient sur le terrain est la seule et veritable source d’informations. Il est certain que l’impression visuelle est la plus importante et je peux vous dire que voir un joueur evoluer de pres est egalement different de ce que vous pouvez voir sur des films. L’impression n’est pas la meme. Mais ce n’est pas la seule methode d’evaluation et elle a besoin d’etre enrichie par d’autres moyens d’evaluation. Il existe des outils pour confirmer ou infirmer les impressions visuelles. Ce sont des outils statistiques.
Le premier interet de ces outils est d’abord d’evaluer le niveau de jeu d’un joueur ou d’une equipe sur le long terme. L’oeil humain peut etre le meilleur outil mais il n’est pas possible de voir tous les matchs et d’evaluer personnellement tous les joueurs.
Et dans tous les domaines, il est important de pouvoir quantifier des evaluations pour pouvoir comparer “objectivement” (oui l’objectivite est le but recherche, meme si dans les faits, la part de subjectivite est non negligeable) les joueurs ou les equipes, les unes aux autres.
Vous connaissez tous les statistiques qui sont donnees partout, sur tous les sites de basketball et qui sont issues des box-scores (feuilles de marque des matchs). Ces donnees ont cependant de gros defauts dans la mesure ou elles font etat d’une performance sur un match, ou plus exactement par match. Le defaut majeur est que d’un match a l’autre, les circonstances peuvent changer pour une equipe. Les conditions de jeu sont differentes d’une equipe a l’autre et donc la comparaison peut paraitre facile mais est souvent trompeuse. Le meilleur exemple de ce etat de fait est le suivant. Combien de fois avez-vous lu ou entendu parler de la meilleure attaque du championnat ou de la meilleure defense ? J’imagine assez souvent. Et quel est le critere utilise quand ce “classement” est realise ? Le nombre de points par match, points marques ou encaisses selon que l’on parle d’attaque ou de defense. Le probleme de ce critere est qu’il passe completement a cote d’un point crucial, le style de jeu des equipes. Vous avez des equipes qui jouent un jeu sur demi-terrain, utilisant le temps de possession au maximum et vous avez des equipes qui, comme les Phoenix Suns, utilisent le run-n-shoot et n’utilisent guere plus de 7 secondes pour tenter de marquer un panier. Et vous voulez comparer l’attaque et la defense d’equipes aussi differentes ? Oui les Phoenix Suns vont marquer plus de points en moyenne que la plupart des autres equipes mais rien ne prouve qu’ils ont l’une des meilleures attaques. Vous connaissez bien l’adage qui dit qu’on ne compare pas des torchons et des serviettes. Et bien c’est ce qui est fait quand on parle de points marques ou encaisses par match.
Alors qu’elle est l’alternative, mossieur le scout, vous qui etes si malin ?
Euh l’alternative vient en fait du baseball, oui oui. Le baseball est le sport utilisant le mieux les statistiques et pour lequel les statistiques ont la plus grande importance. Des statisticiens ont adapte les statistiques au basketball et sont arrives a developper un nouveau concept, celui des statistiques par possession ou sans tempo. C’est un systeme qui elimine la notion de rythme dans un match et compare les equipes sur leur potentiel de marquer ou d’encaisser un panier sur une possession ou plus exactement sur 100 possessions car c’est plus parlant pour des basketeurs. Avec ce concept, vous etes capable de dire que telle ou telle equipe marque 110 par 100 possessions (ou 1.1 points par possession) et vous pouvez comparer cette equipe avec les autres sans avoir a penser a leur style de jeu.
Il en est de meme pour les autres postes statistiques, tels que les rebonds, passes, contres, etc… Comment pouvez-vous comparer un type qui prend en moyenne 6 rebonds par match avec un autre joueur qui en prend 10 sans faire abstraction du jeu de l’equipe. Par exemple, qui vous dit que le joueur qui prend 6 rebonds par match est moins bon rebondeur que celui qui en prend 10? Parce que le nombre est inferieur? Et si je vous dis que le joueur prenant 6 rebonds joue dans une equipe qui prend en moyenne plus de rebonds que ses adversaires alors que l’autre joueur joue dans une equipe qui est battue systematiquement au rebond. Dans ce cas, le nombre de rebonds pris par match n’est pas un bon indicateur (pourtant les titres de meilleurs rebondeurs sont toujours attribues sur ce seul critere). L’information importante est plutot la suivante : parmi tous les rebonds “disponibles” (susceptibles d’etre pris au cours d’un match ou d’une saison), quel est le pourcentage de ces rebonds pris par une equipe ou par un joueur lorsqu’il est sur le terrain? La, vous avez une information qui indique la reelle capacite d’un joueur a prendre des rebonds (offensifs surtout car le rebond defensif est aussi un travail collectif).
Cet outil statistique est excellent et peut etre utilise dans le cadre d’evaluation de futurs adversaires par une equipe l’employant. C’est un outil particulierement performant quand il est utiliser dans un championnat tel que le championnat de France ou les autres championnats europeens car chaque equipe rencontre deux fois toutes les autres equipes. Les donnees sont plus difficiles a analyser lorsque les calendriers sont differents d’une equipe a l’autre comme en NBA ou en NCAA. Et pourtant, la NBA utilise cet outil. Pas toutes les equipes mais un petit nombre qui s’agrandit petit a petit. Une convention a meme recemment ete organisee pour rassembler les theoriciens et les acteurs de ces statistiques par possession. Un jour la France et l’Europe s’y mettront, je suis sur que le reste de l’Europe s’y mettra avant la France, mais le jour viendra. D’ici la, je serai toujours la essayant de convaincre les clubs francais de l’interet de ces stats. Peut etre avec la nouvelle generation, qui sait? On peut toujours rever.
En attendant, je retourne dans le Maryland, ce fut un sejour agreable.
See you next year Portsmouth!
I’m out of here!