Ils poussent au rebond, ils tiennent les bras sur les aides, ils retiennent les adversaires sur les écrans. Ce sont les tricheurs anonymes de la NBA, ceux que la ligue ne punit pas. Ceux à qui elle ne donne pas d'amende. Hier, LeBron James a ainsi retenu Jeremy Lin sur un écran afin de libérer Ray Allen.
Est-ce moins grave que du flopping ? L'action m'a laissé avec un sentiment ambivalent. Evidemment, il y aurait dû avoir faute et le fait que les arbitres aient laissé passer le geste du “King” est gênant. D'un autre côté, je ne peux m'empêcher d'admirer le talent de ces tricheurs qui flirtent avec les règles et font gagner leurs équipes par leur faculté à ne pas se faire prendre.
L'action de LeBron James est ainsi un modèle du genre. L'ailier de Miami retient Jeremy Lin avec sa main gauche, au niveau de la ceinture, hors du champ de vision de l'arbitre, placé sur la gauche du terrain.
Car savoir tricher, c'est également un atout. En novembre, Grantland consacrait un article à Andrew Bogut, devenu maître dans l'art de tenir et d'accrocher. Ces petites choses peuvent paraître anodines mais elles libèrent des coéquipiers, permettent une aide ou en retardent une autre et pèsent finalement dans la balance.
Un jeu du chat et de la souris entre joueurs et arbitres
“Si on ne triche pas, c'est qu'on n'essaye pas assez”. Dans le milieu sportif, le dicton est célèbre. Attention, je n'admire pas tous les tricheurs. Ceux qui mettent en place un système organisé, prémédité, afin de prendre un avantage sur leurs adversaires (notamment par le dopage) m'énervent évidemment. Par contre, j'aime ce jeu du chat et de la souris entre le joueur qui repousse les limites de la règle et l'arbitre, qui doit lui décider quand le sportif va trop loin, quand il a franchi la zone grise de l'interprétation et de la dissimulation.
C'est un jeu d'instinct mêlé à pas mal d'expérimentations. Il a ses maîtres, ses Dennis Rodman, ses Andrew Bogut, ces sportifs qui jouent perpétuellement les équilibristes avec la ligne jaune. Savoir où se trouvent les arbitres, profiter de leurs angles morts, pousser la règle afin d'en profiter mais en le cachant assez pour ne pas se faire prendre, c'est bel et bien un talent comme un autre qu'on peut apprécier. Même si celui-ci est rarement mis en valeur.
Hier, LeBron James l'a utilisé pour réaliser une action décisive. Ça ne restera sans doute pas le sommet sportif de sa carrière et ça ne fera pas remonter sa cote auprès de certains mais, au final, on ne peut que sourire et s'incliner. Le sport est dominé par l'humain, par l'erreur, par la subjectivité. Tant que la technologie ne permettra pas de juger les règles de façon absolue, il y aura un jeu autour des règles. Et dans celui-ci, LeBron James a été hier soir le plus malin. Bien joué et à la prochaine fois, pour un nouveau duel passionnant… avec les arbitres.