Cleveland : la grande désillusion

Il n’y a pas eu de miracle au Garden. Plus complets, plus réguliers et tout simplement plus forts, les Celtics s’imposent 94-85 dans le Game 6 et éliminent les Cavs.

Malgré les recrutements de Shaquille O’Neal et d’Antawn Jamison, Cleveland ne remportera pas le titre cette saison.

Pour LeBron James, auteur d’un énorme triple double, c’est un échec de plus. Peut-être le dernier sous les couleurs des Cavs…

C’était sans doute le match le plus important dans l’histoire des Cavaliers. Tant de répercussions en cas de défaite, tant d’espoir en cas de victoire. Et tous les fans attendaient le réveil de LeBron James. Surtout, ils espéraient de l’agressivité de la part de leur roi, de l’envie, voir enfin cette flamme qui semblait s’être éteinte ces derniers jours.

Un dunk au bout de 30 secondes de jeu avait de quoi rassurer son monde. Les Celtics prenaient pourtant les devants grâce à des changements défensifs douteux. O’Neal, censé gêné Garnett, était en fait incapable de le troubler dans ses shoots à mi-distance et le Big Ticket enfilait les paniers. LeBron James, maladroit mais volontaire, s’associait à Mo Williams, très en verve, pour maintenir les siens à flots face au délicieux collectif de Boston.

Car si Cleveland n’était clairement pas la même équipe qu’en saison régulière, leurs adversaires n’y sont sans doute pas pour rien. Une volonté défensive de tous les instants et un partage des tâches en attaque rendaient la tâche des hommes de l’Ohio très complexe.

LeBron James remplissait lui sa ligne de stats. Sans pouvoir pourtant porter son équipe comme il en avait l’habitude. Trop de ballons perdus, trop de choix exaspérants en attaque, cette tendance à ralentir le tempo ou à refuser la confrontation lorsqu’il aurait pu avoir l’avantage. Heureusement, Mo Williams attaquait bien le basket et était dans un bon soir en terme d’adresse. Les Cavaliers revenaient, prenaient même les devants avant qu’un dunk énorme de Tony Allen ne permette aux siens de reprendre la tête à la mi-temps. 51-49.

On avait enfin un match dans cette série. D’autant plus qu’Anthony Parker inscrivait un 3 points dans le corner et que la défense des Cavaliers se faisait de plus en plus pressante. C’était l’instant de vérité pour les deux équipes. Qui assumerait ses responsabilités ? Qui porterait son équipe vers le prochain tour pour affronter Orlando ?

Les deux équipes, très appliquées en défense, souffraient offensivement. Côté Boston, c’est Garnett, profitant du fait qu’Antawn Jamison était incapable de l’arrêter en un-contre-un, qui portait les siens. Côté Cleveland, on attendait bien sûr LeBron James… qui préférait donner la balle à ses coéquipiers. Dans un instant décisif et alors que son équipe prenait l’eau, il n’attaquait le panier qu’une seule fois. Etonnant et déroutant.

Avec 9 points de retard, on ne donnait pas cher de la peau des Cavaliers. Oui mais James reste James et, suite à 2 shoots longue distance consécutifs, il ramenait les siens à 4 petits points. Une nouvelle interception de Rondo, une nouvelle balle perdue par James. Un 3 points assassin de Pierce suivi par un autre, non moins important du toujours précieux Rasheed Wallace, et les hommes de Doc Rivers s’assuraient un avantage définitif.

Cleveland avait abandonné. LeBron James allait aux lancers alors que le public du Garden, sous l’impulsion du journaliste Bill Simmons, chantait « New-York Knicks ! New-York Knicks ! » Un dernier assaut aurait pu renverser la vapeur mais Mike Brown et ses joueurs ne tentaient rien, laissant s’écouler le temps comme pour espérer fuir leur cauchemar.

Les deux équipes se congratulaient sur cette victoire d’un collectif. A coup sur, on a vu le dernier match de Mike Brown à la tête de la franchise de l’Ohio. Pour LeBron James, l’avenir s’obscurcit. Peut-il gagner à Cleveland ? En conférence de presse, interrogé sur son futur, il répétait inlassablement ce qu’il a toujours dit :

Tout ce qui compte est gagner. Je pense que les Cavaliers le veulent mais, au même moment, je me donne toutes les options.

Les fans des Cavaliers attendaient un leader, un messie. LeBron James leur a donné un triple-double. Les ordinateurs seront ravis, ses fans de chair et d’os sans doute moins. A 25 ans, sa légende est encore à construire. Mais, pour l’un des matchs les plus importants de sa carrière, on attendait simplement plus.