Tremblement de terre à Cleveland

Chahutés par une équipe de Boston enfin en place, LeBron James et les siens entendaient bien remettre les pendules à l’heure à domicile et s’assurer, enfin, le contrôle de la série. Mais rien ne fonctionna comme prévu et, à l’image d’un LeBron James fantomatique, les Cavaliers sont apparus dépassés, tétanisés par l’enjeu. Et seul Shaquille O’Neal a tenu son rang. En face, le « Big Four » des Celtics a tourné lui à plein régime, chacun apportant sa contribution au moment souhaité pour l’emporter largement, 120-88.

Pourtant, le début de match annonçait de bonnes choses pour les Cavaliers. O’Neal et Jamison pilonnaient à l’intérieur alors que James distribuait. Ce n’était pas du grand basket mais on pouvait sentir la tension du match 5, souvent décisif, dans la Q Arena. Personne ne voulait reculer ni laisser d’opportunités faciles à l’adversaire.

A ce jeu-là, Cleveland semblait plus à l’aise et Mo Williams, dont on attendait tant, marquait à mi-distance pour propulser les siens à +8. Temps-mort pour les Celtics. Le match allait changer.

Rajon Rondo, bien gêné jusqu’à présent, rejoignait le banc et les Celtics commençaient leur entreprise de destruction. Un 16-0 qui décidera du sort du match. Face à un Paul Pierce qui se démultipliait, Cleveland ne proposait plus rien, perdant balle après balle. LeBron James, sans doute encore gêné par son coude, enchainait les tirs horriblement plats.

Surtout, face à une défense des Celtics rarement à ce niveau depuis son titre en 2008, « King James » n’a pas su trouver de solutions pour animer le jeu offensif de son équipe. Coupable de garder le ballon en main trop longtemps, il permettait trop souvent aux rotations adverses de se mettre en place, même lorsqu’un décalage avait été fait.

Pas un seul panier en première mi-temps pour lui et, forcément, on attendait son réveil à la pause. Car à 50-44 pour Boston, rien n’était encore joué. Mais Ray Allen, qui avait profité de la défense très permissive de Mo Williams en première mi-temps, réussissait deux shoots consécutifs à 3 points pour accroitre encore l’avance des siens.

Rajon Rondo, très discret jusque là, récupérait Mo Williams en défense et en profitait immédiatement. 12 points pour lui dans le seul troisième quart-temps. LeBron James avait enfin marqué son premier panier du match et les Cavaliers, repoussés très loin, tentaient de combler l’écart à 3 points. Sans succès.

Un bon passage de Glen Davis permettait alors aux hommes de Doc Rivers de gérer une avance désormais conséquente. Côté Cleveland, Shaquille O’Neal semblait le seul à ne pas avoir abandonné. Mike Brown s’inspirait alors de son mentor, Gregg Popovich, pour tenter un ultime retour. Menés de 20 points à 5 minutes de la fin, ils se mettaient à jouer le « Hack-a-Perkins ». La stratégie avait marché pour les Spurs face aux Pistons (sur Ben Wallace) cette saison mais l’appliquer à un match de playoffs, en particulier avec un tel écart, était tout simplement ridicule.

120-88 au panneau d’affichage. Une belle fessée. Un tremblement de terre qui laissera certainement des traces. Le roi James n’est pas mort mais, jeudi soir, il lui faudra être surhumain pour résister à la pression du Garden et de Celtics attirés par l’odeur du sang. Il en est certainement capable, même s’il est en difficulté sur cette série. Sa faillite, associée à celle de quelques-uns de ses lieutenants, pourraient marquer un tournant dans l’histoire des Cavaliers. Et l’histoire, justement, a rendez-vous au Boston Garden.

Mais, en attendant, LeBron James a apporté de l’eau au moulin de ses détracteurs avec une nouvelle déclaration maladroite.

J’ai gâté trop de gens avec mon jeu. Quand vous faites 3 mauvais matchs en 7 ans de carrière, c’est facile de les pointer du doigt.