Le lock-out est terminé et Nicolas Batum, la recrue star de l’été nancéien doit faire ses valises et retourner aux Etats-Unis. Le SLUC Nancy savait que ce n’était qu’un passage et doit maintenant laisser filer son meilleur joueur de l’autre côté de l’Atlantique.
Tout de noir vêtu, comme pour marquer la fin de son aventure nancéienne, le jeune international (23 ans en décembre) nous a donné rendez-vous place Stanislas, un lieu qu’il affectionne, pour se confier sur son aventure française, couronnée de succès.
Est-ce que c’était compliqué de retrouver le jeu européen après plusieurs saisons en NBA ?
NB : Non parce que tous les ans je joue en équipe de France avec les règles FIBA. Je n’ai pas fait la transition NBA-Pro A directement. Elle s’est faite assez rapidement, on a fait 21 matchs avec l’équipe de France. Je ne sens pas trop les changements de règles, quand je suis sur un terrain, n’importe où, c’est la même chose.
Quelles sont les différences que vous avez ressenti entre la NBA et l’Euroleague ?
NB : C’est moins athlétique, mais c’est physique! Ils mettent les coudes et « entre guillemets des coups de P.U.T.E » (sic) mais c’est costaud. C’est des jeux plus longs, ils t’endorment, c’est plus technique. Les deux sont durs.
En France vous avez retrouvé un jeu plus collectif qu’en NBA ?
NB : À Portland on a un jeu qui tourne bien, donc ça ne me change pas trop non plus.
Quel était le vrai changement ?
NB : Le rythme des matches. En NBA, on a 3, 4 voire 5 matchs par semaine donc c’est beaucoup plus physique. Mais c’est plus facile pour ma famille de venir me voir jouer ici.
Ça vous change de jouer chaque match à fond alors qu’en NBA vous pouvez en laisser filer quelques uns sachant qu’il y en a 82 ?
NB : (Sourire) Des fois je me fais un peu chier (sic). (Rires) Heureusement qu’il y a l’Euroleague parce qu’au début avec un match par semaine je trouvais ça un peu long, je n’ai plus trop l’habitude. C’est vrai que quand j’étais sur le terrain, j’essayais de « kiffer » chaque match parce que je ne savais pas quand j’allais repartir mais je ne regrette pas d’être venu !
« La NBA, c’est le business ; la Pro A, c’est la famille »
On a l’impression que depuis cet été et l’Euro, vous avez pris une nouvelle dimension…
Ici à Nancy j’ai essayé de devenir plus mature. D’être là dans les moments chauds, de prendre la balle en fin de match. C’est un truc où je dois progresser et j’essayais de faire ça à chaque match, de montrer de la sérénité et faire voir aux autres que ça ne sert à rien de paniquer. C’est quelque chose que j’ai beaucoup appris en équipe de France cet été.
Est-ce que vous pensez que votre rôle va changer quand vous allez retourner à Portland ?
J’espère !
D’autres différences entre les Etats-Unis et la France ?
NB : Tout ! A la salle, à Portland, je viens les mains dans les poches. Une bonne trentaine de personnes s’occupent de nous à chaque match. T’as juste à penser à une chose, jouer au basket. A Nancy on joue devant 6000 personnes. A Portland je joue devant 20 000 personnes, c’est plus grand que Bercy ! Au niveau des déplacements aussi. A Portland, il y a plus de 200 employés pour seulement 15 joueurs. On a un Boeing privé, pas un Jet, un Boeing ! Je ne suis pas dépaysé de revenir ici, c’est des trucs que j’ai connus avant quand j’étais au Mans et si ça me monte à la tête ma mère est vite la pour me faire redescendre.
Justement, est-ce que ça fait du bien de retrouver un basket « normal » ?
NB : Franchement ? Oui ! De savoir d’où tu viens. Au début je pensais que j’allais trouver ça bizarre de revenir mais non, je reviens je suis comme les autres. Avec Adrien (Moerman) on vient en voiture ensemble tous les jours, c’est cool. Ici, c’est plus bon enfant. En NBA c’est très business, c’est très show. Ici c’est plus familial, tu connais tout le monde c’est plus regroupé et chaque personne est là à fond derrière. Je ne dis pas qu’à Portland ils ne sont pas à fond mais ça fait grosse entreprise.
Quelle est votre notoriété là-bas ?
NB : À Portland on est des rocks stars ! On est la seule équipe professionnelle. On fait salle comble à chaque fois, les gens sont à fond derrière nous. Quand je sors avec ma copine il faut qu’on sache où on va sinon c’est la folie !
Ce n’est pas gênant parfois ?
NB : Non, les gens t’arrêtent dans la rue, c’est normal, ils sont contents. Je me souviens quand j’étais petit et que je demandais un autographe, si le mec ne voulait pas, ça me faisait chier ! Le seul truc que je n’aime pas, c’est quand je suis en train de manger. (sourire) Quand je suis avec ma famille, ma copine où en rendez-vous, j’aime pas. J’ai juste dit non une fois quand je m’étais fait opérer de l’épaule.
Et en France, vous êtes plus médiatique, vous vous « Parkerisez »…
NB : (rires) C’est bien qu’il y ait un impact pour le basket français, c’est pour ça aussi qu’on était rentré.
Comment trouvez-vous la vie nancéienne ?
NB : J’adore, c’est tranquille, c’est une petite ville sympa. Les gens sont cools, je ne me prends pas la tête. Moi qui adore manger, il y a des restaurants magnifique franchement je « kiffe ». Je me sens bien ici..
Justement, n’avez-vous pas peur que Nancy perde pied après votre départ ?
NB : Quand je vais partir, ils trouveront les ressources. Ils avaient fait une bonne préparation sans moi, ils étaient invaincus. Ils vont recruter.
Gélabale ?
NB : (Grand sourire et silence) Je ne sais pas…
Dernière question, plus sur le style…Que pensez-vous des cravates de Jean-Luc Monschau ?
NB : (rires) Je l’ai déjà taillé un peu par rapport à ça, je sais que c’est les couleurs de la Lorraine mais ça fait un peu catalan aussi. Ça lui va bien, ça le met en valeur !
Vous pensez porter ça avec vos costumes en NBA ?
NB : Moi ?! Non ! Seulement si je perds un pari ou pour faire honneur à la Lorraine. (rires)
Propos recueillis par Antoine Tiberi