Il y a quelques mois, Nicolas Batum semblait tranquillement se diriger vers la retraite, avec les Jeux olympiques de Paris en guise de jubilé. Après la dernière Coupe du monde, le capitaine des Bleus pensait en tout cas qu’il était sans doute temps pour lui de laisser sa place dans le cinq majeur de l’Equipe de France, pour se contenter d’un rôle en sortie de banc. Mais lors de la préparation, et surtout lors du premier match des Jeux olympiques 2024 face au Brésil, « Batman » a rappelé pourquoi il reste, à 35 ans, indispensable à Vincent Collet et ce groupe.
« Quand on fait l’analyse des sept matchs qu’on a fait en préparation, si on compte le « scrimmage » face au Canada, il était souvent dans les cinq qui « performaient » le plus » explique le sélectionneur. « C’est notre joueur qui met du liant, qui est facilitateur. Ce soir, en plus, il a mis des points, mais ça c’est pas systématique, même si je lui demande d’être plus agressif qu’il peut l’être en NBA. Mais bon, je ne m’attends pas à ce que Nico marque autant à chaque sortie. Par contre, on sait qu’il a aussi beaucoup d’importance dans le relationnel de passes. »
Vincent Collet regrettait quelques ballons « envoyés dans le décor » par le joueur des Clippers qui, à l’image de son équipe, a pu s’enflammer par moment en tentant des choses trop compliquées, comme cet alley-oop impossible pour Isaïa Cordinier. Mais avec ses 19 points à 6/13 au tir, 5 rebonds, 2 passes et 2 interceptions, pour un +/- de +15 en 35 minutes sur le parquet, il a tout de même réussi un grand match.
Mieux servir Victor Wembanyama, pour mieux s’en servir
Surtout, c’est son placement en défense sur Marcelinho Huertas dans le deuxième quart-temps qui a fait basculer la rencontre pour les Bleus, le meneur n’arrivant plus à se jouer de la défense tricolore après ça.
« Ça a été une chose » confirme Vincent Collet. « Mais au-delà de ça, c’est aussi le fait de changer beaucoup (sur les écrans). Donc on a mis Nico sur le meneur parce que comme on savait qu’on allait « switcher », ça permettait qu’ils ne puissent même pas utiliser le « mismatch » (duel avantageux), parce que Nico ne souffrait pas sur ces duels poste bas. Et on savait que nos grands pouvaient aussi gêner Huertas et Yago sur le un-contre-un ».
Pour Victor Wembanyama, Nicolas Batum a joué un rôle « de fondation » pour les Bleus lors de ce premier match.
Quant à l’intéressé, qui a intercepté et touché énormément de passes, notamment dans les deuxième et troisième quart-temps, il mettait surtout en avant l’importance de servir « Wemby » en bonne position, pour pouvoir « jouer autour » et profiter de l’attention que le Rookie de l’année en NBA provoque chez les défenses adverses.
Doit-il être particulièrement agressif dans cette version des Bleus ? « La grande énigme Nicolas Batum depuis quinze ans » sourit-il en s’éloignant, dans les couloirs du stade Pierre-Mauroy. « Peut-être, peut-être pas… »
Propos recueillis à Villeneuve d’Ascq