Luol Deng ne pouvait pas rester muet. On l’a vu, après le match entre le Soudan du Sud et Team USA, Gilbert Arenas n’avait pas hésité à faire preuve de xénophobie pour qualifier les adversaires des Américains. L’ancien joueur des Wizards avait parlé de « quelques Africains », de « cousins » de Joel Embiid, de joueurs qui n’ont « même pas de chaussures » et « shootent sur des paniers en osier, dans la poussière »…
Joel Embiid n’avait pas caché sa déception face à ce genre de commentaires. Mais Gilbert Arenas n’a pas été le seul à dénigrer l’équipe du Soudan du Sud puisque Paul Pierce avait fait de même.
L’ancien des Celtics, hilare, s’était moqué d’une équipe qui n’a sans doute pas « un joueur de plus de 1m90 » et a réussi à participer aux Jeux olympiques alors que Luka Doncic et la Slovénie (Paul Pierce dira « la Lituanie »…) n’étaient pas là. Le MVP des Finals 2008 s’excusera par la suite.
Face à ces moqueries, Luol Deng, président de la fédération sud-soudanaise, a répondu par un long message.
« Normalement, je ne prête pas attention à ce type de commentaires, mais en tant qu’Africain, leader dans ma communauté et président de la Fédération de basket du Sud-Soudan, je pense qu’il est important de réagir. Je m’adresse à ceux qui ont posé des questions sur ces commentaires, à ceux qu’ils ont offensés et à tous ceux qui ont suivi notre histoire.
Je ne suis pas contrarié ou en colère par ces remarques ignorantes faites par mes anciens collègues ; j’ai été plus déçu de les voir émaner de deux personnes que j’ai toujours respectées. Les commentaires de Paul Pierce témoignent d’une désinformation et d’un manque de recherche. Toutefois, il en a profité pour faire preuve de positivité une fois qu’il a été informé. Je remercie Paul Pierce de s’être excusé, ce que je respecte.
« Nous avons travaillé très dur au cours des quatre dernières années pour être ici, et nous ne pouvons pas laisser quelques secondes nous en priver »
En grandissant, j’ai entendu de nombreux commentaires similaires, et ce sont ces mêmes remarques qui m’ont motivé à changer la donne. Aujourd’hui, les Africains font plus que jamais preuve de solidarité et de soutien les uns envers les autres. Ce n’est pas dans des moments comme celui-ci qu’il faut s’énerver et s’emporter. Beaucoup d’Africains et de Noirs qui embrassent leur héritage africain travaillent dur pour rapprocher tous les Noirs en les éduquant et en partageant des histoires et des moments historiques, en leur montrant que nous avons beaucoup plus de choses en commun que de différences.
Quant aux commentaires de Gilbert, ils étaient certainement plus irrespectueux et cruels. Personnellement, je ne m’en soucie guère. Je n’échangerais jamais ma place avec qui que ce soit ; être africain, c’est spécial. Cependant, pour les jeunes Africains et Afro-Américains qui admirent et écoutent Gilbert, ces commentaires peuvent les amener à avoir une moins bonne opinion d’eux-mêmes et à amener le reste du monde à avoir une moins bonne opinion des Africains. Ceux qui sont facilement induits en erreur peuvent faire des commentaires qui reflètent davantage la haine de soi que la fierté. Il n’y a rien dans notre histoire que nous devrions fuir.
En fait, je tiens à les remercier tous les deux de nous avoir donné cette plateforme pour répondre et informer les autres. Nous avons travaillé très dur au cours des quatre dernières années pour être ici, et nous ne pouvons pas laisser quelques secondes nous en priver. Au lieu de cela, apprécions le moment présent et utilisons ces commentaires comme une occasion d’éduquer. Il vaut toujours mieux être aimé que toléré. Si nous, en tant que peuple, réalisions la grandeur dont nous sommes issus, nous serions moins enclins à nous manquer de respect. »