Itinéraire d’un enfant doué

Inutile d’être chauvin pour affirmer que la NBA est tombée amoureuse de Tony Parker. On peut même parler d’année Parker tant le Français est au zénith de sa carrière, mais aussi sur un plan personnel.
Elu meilleur joueur des Finals 2007, il va épouser dans quelques jours l’une des plus belles femmes au monde. A 25 ans, tout lui réussit, et ça valait bien un petit hommage de la part de son nouveau président: « Il est le symbole de la France qui gagne » a déclaré le petit Nicolas.
C’est vrai que TiPi est un symbole. Un symbole de ténacité et de boulot. Il est arrivé à 19 ans en NBA. Frêle et sorti de nulle part, Gregg Popovich l’avait renvoyé dès le premier entraînement.
« Il avait dit: je ne veux plus le voir! » » se souvient TiPi.
Finalement, Coach Pop’ lui redonne une seconde chance. Quelques actions d’éclat plus tard, tout le monde est sous le charme. « Il était fantastique! J’ai dit à mes assistants de faire en sorte qu’il se muscle. On a bien fait de le garder » rappelle le coach des Spurs.
La suite, c’est un conte de fée.
A peine 5 matchs de saison régulière et le voilà déjà titulaire au poste de meneur! Il n’a que 19 ans et ses coéquipiers de l’époque lui font comprendre qu’il a intérêt à ne pas jouer les petits branleurs.
« Je me souviens très bien de cette époque, raconte TiPi. C’était très dur. Popovich m’en mettait plein la gueule. A l’entraînement, je prenais des coups. On m’en demandait toujours plus. J’avais beau inscrire 14 ou 15 points, Popovich continuait de m’engueuler. Je trouvais ça injuste« .
Si les Spurs, et leur coach en tête, harcèle le petit Frenchy, c’est tout simplement parce qu’ils savent que le garçon est doué et qu’il est possible d’en faire un très grand. « Popovich voulait que je sois parfait. Avec le recul, je le remercie » reconnaît Parker.
L’année suivante, en 2003, c’est la consécration. Tony n’a que 21 ans lorsqu’il remporte son premier titre. Il est le meneur titulaire de la meilleure équipe du monde.
Mais ses dirigeants veulent mieux: ils dégraissent leur effectif pour recruter Jason Kidd! C’est un camouflet pour Parker. Il n’a que 21 ans mais il n’hésite pas à s’en prendre à ses dirigeants.
Finalement, Kidd reste à New Jersey.
Parker ne bronche pas. Il ne boude pas. Il retourne à la salle, bien décidé à prouver à ses dirigeants qu’ils ont eu tort de le mésestimer.
« Avec Pop’, on a des relations de père et fils. Je lui ai dit que je voulais être son meneur de jeu. Je lui ai dit que j’allais devenir encore meilleur. Ce fut un moment difficile à vivre mais j’ai bossé encore plus dur à l’entraînement pour leur prouver qu’ils avaient eu raison de me garder » explique Tony.
Aujourd’hui, il n’a plus rien à prouver. Il a 3 titres. Il est allé deux fois au All-Star Game. Il vient d’être élu MVP des Finals.
A 25 ans, il ne compte pas s’arrêter là. Avec la France, il veut aller aux JO de Pékin. Avec San Antonio, il veut encore gagner des titres pour que sa franchise devienne l’égal d’un Chicago, voire d’un LA Lakers.
En fait, le seul moment où TiPi ne sait pas quoi faire, c’est lorsqu’on lui demande de choisir la plus belle bague: celle de champion, ou de futur marié?
« Les deux! Je ne peux pas choisir! Les deux signifient beaucoup pour moi » conclut-il dans un rire. Un rire d’un garçon de 25 ans, déterminé comme jamais. Un garçon dont Popovich dit aujourd’hui qu’il est le joueur le plus mature qu’il a eu sous ses ordres. Un garçon qui se souvient sans doute qu’il ya 11 ans, il attendait que ses parents dorment pour mater les Bulls en finale NBA.