La NBA s’ouvre toujours plus au reste du monde avec 108 joueurs non-américains sur la ligne de départ au début de la saison 2019-2020. La présence de Bruno Fernando s’inscrit dans cette dynamique, à la différence près que l’intérieur des Hawks est un pionnier pour son pays, l’Angola. Le pays du sud-ouest de l’Afrique, où le basket est pourtant roi, n’avait encore eu aucun représentant dans la grande ligue.
L’anomalie est désormais réparée grâce au parcours fulgurant du natif de Luanda, qui a encore du mal à réaliser qu’il fait partie d’une équipe NBA, et qu’il a même 13 minutes de temps de jeu en moyenne sur quatre matches.
« J’ai rêvé de prendre un jour une photo devant une salle NBA, pas d’y jouer », peine-t-il encore à réaliser. « C’est juste quelque chose que j’apprends à accepter. De toute évidence, personne n’a jamais été dans cette position. Pour moi, être le premier à ouvrir la voie à tout le monde, de montrer que c’est possible, c’est un honneur. Je représente les Hawks d’Atlanta, ma famille, l’Angola et tous les autres ».
Drafté cinq ans après son arrivée aux Etats-Unis
Arrivé aux Etats-Unis en 2014 pour intégrer le lycée de Montverde (Floride), Bruno Fernando a du s’adapter à une nouvelle culture seul, loin de sa famille, apprendre l’anglais et il s’est réfugié dans le basket et le travail pour compenser le mal du pays. Une attitude qui s’est avérée payante puisque après avoir poursuivi sa formation à l’IMG Academy, la fac de Maryland lui a permis de continuer à croire en son rêve. C’est lors de son année freshman avec les Terrapins qu’il a terminée en double-double en moyenne (13.6 points, 10.6 rebonds) que l’intérieur a eu le déclic.
« Je crois que ça a été le tournant. Je me suis dit : Je peux le faire, je suis légitime ici », s’est-il remémoré dans l’Atlanta Journal Constitution.
Tout est allé très vite ensuite, avec le grand tourbillon émotionnel de la Draft comme point de bascule d’une nouvelle vie. Au moment où Adam Silver a ainsi prononcé le nom du premier Angolais de l’histoire, en 34e position, drafté par les Sixers avant d’être envoyé en Georgie, sa mère Natalia David et son père Bernardo n’ont pu retenir leurs larmes, eux qui ont naturellement une grande part dans ce succès familial.
« Tout ce ce qu’on avait imaginé en train de devenir réalité à présent », a précisé Bruno Fernando. « Et nous avons tous travaillé en ce sens, ce n’était pas uniquement moi. C’était mon père qui me conduisait à l’entraînement à 5 heures du matin, ma mère qui était là, qui préparait le petit déjeuner et le déjeuner et qui me donnait des conseils avant que j’aille à l’entraînement, mes frères et sœurs, tout le monde travaillait avec moi pour ça ».
Une première réussie face à Joel Embiid
Ses premières sorties difficiles en présaison étaient à mettre sur le compte de la nervosité selon son coach, qui a eu la confirmation du talent de son rookie ensuite, lorsque l’intérieur a trouvé ses repères. « J’étais tellement concentré, à essayer de tout maîtriser, que je me suis perdu », a-t-il concédé. Depuis le début de la saison régulière, il s’est davantage montré à son avantage, notamment face aux Sixers de Joel Embiid qu’il n’a pas hésité à secouer, un signe de caractère pour son première rendez-vous avec le pivot, malgré la (courte) défaite des Hawks.
« Il a été agressif », a noté Lloyd Pierce. « Il a scoré près du panier, il a essayé d’être physique face à un gars qui fait partie de l’élite parmi les pivots de notre ligue. Mais il n’a pas été effrayé. J’ai trouvé qu’il nous avait donné un super coup de boost lorsqu’il a été sur le terrain ».
https://www.youtube.com/watch?v=LBZdTRmDzyk
Pas de pression, que du bonus
Toujours en phase d’adaptation, Bruno Fernando a trouvé un moyen pour garder la tête sur les épaules, relativiser et se retirer un peu de pression malgré ce quotidien proche d’un rêve éveillé au sein duquel il pourrait se perdre.
« Le fait d’être arrivé à ce niveau, ce que personne n’avait encore fait, est déjà une grande réussite. Bien sûr, j’essaie de faire beaucoup plus, mais juste d’arriver à cette étape, continuer à travailler dessus, ça veut déjà dire beaucoup pour moi et l’Angola. Je ne me mets jamais vraiment de pression. J’essaie juste de jouer au basket, parce qu’au bout du compte, c’est pour ça que je suis là ».
Ce soir face à Miami, Bruno Fernando croisera peut-être un autre « pionnier », Chris Silva, deuxième joueur gabonais de l’histoire à évoluer en NBA.
Bruno Fernando | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2019-20 | ATL | 56 | 13 | 51.8 | 13.5 | 56.9 | 1.2 | 2.3 | 3.5 | 0.9 | 1.9 | 0.3 | 0.8 | 0.3 | 4.3 |
2020-21 | ATL | 33 | 7 | 40.9 | 0.0 | 68.2 | 0.5 | 1.9 | 2.4 | 0.3 | 0.7 | 0.1 | 0.6 | 0.1 | 1.5 |
2021-22 * | All Teams | 30 | 5 | 65.5 | 50.0 | 62.5 | 0.6 | 1.2 | 1.8 | 0.2 | 0.8 | 0.0 | 0.5 | 0.4 | 2.9 |
2021-22 * | BOS | 20 | 3 | 50.0 | 100.0 | 80.0 | 0.3 | 0.4 | 0.8 | 0.2 | 0.3 | 0.0 | 0.2 | 0.1 | 0.9 |
2021-22 * | HOU | 10 | 9 | 70.7 | 0.0 | 57.9 | 1.1 | 2.9 | 4.0 | 0.3 | 1.8 | 0.1 | 0.9 | 0.8 | 6.9 |
2022-23 * | All Teams | 39 | 10 | 52.7 | 0.0 | 70.0 | 1.4 | 2.1 | 3.5 | 0.8 | 1.9 | 0.2 | 0.6 | 0.9 | 3.9 |
2022-23 * | HOU | 31 | 12 | 51.6 | 0.0 | 68.2 | 1.5 | 2.4 | 3.9 | 1.0 | 2.2 | 0.2 | 0.6 | 1.0 | 4.1 |
2022-23 * | ATL | 8 | 5 | 57.9 | 0.0 | 83.3 | 0.8 | 1.1 | 1.9 | 0.1 | 0.8 | 0.0 | 0.6 | 0.4 | 3.4 |
2023-24 | ATL | 45 | 15 | 58.3 | 0.0 | 66.7 | 1.3 | 3.0 | 4.3 | 1.0 | 2.4 | 0.6 | 1.0 | 0.6 | 6.3 |
2024-25 | TOR | 17 | 9 | 53.1 | 0.0 | 75.0 | 1.2 | 1.8 | 3.0 | 1.1 | 1.6 | 0.2 | 0.8 | 0.5 | 3.4 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.