C’était il y a presque cinq ans. Les Clippers et les Warriors croisaient déjà le fer au premier tour des playoffs. Mais ce 27 avril 2014, Doc Rivers avait l’esprit occupé par un souci plus grave que son duel face aux émergents « Splash Brothers ». Deux jours plus tôt, Donald Sterling, propriétaire de la franchise californienne depuis plus de 30 ans et qui avait jusque-là toujours résisté aux polémiques, avait été pris en flagrant délit de racisme lors d’une conversation téléphonique diffusée par TMZ.
Au buzzer, Doc Rivers parvient à convaincre l’entourage de Donald Sterling
Cet extrait avait soulevé une vague d’indignation aux États-Unis, et pas uniquement dans le monde de la NBA, ce qui n’avait pas empêché Donald Sterling d’envisager de se présenter au Game 4 de la série face aux Warriors.
Doc Rivers avait alors dû employer tous les moyens pour l’en dissuader et éviter ainsi une catastrophe. La tension avait atteint un tel niveau que même les joueurs des Clippers avaient menacé de boycotter le match. « Je ne savais pas ce que je faisais, honnêtement », se rappelle Doc Rivers. Je n’avais pas été formé pour ça. »
Jusqu’au dernier moment, l’entraîneur s’est ainsi entretenu avec les conseillers de Donald Sterling pour finalement convaincre le propriétaire de la franchise de faire profil bas et de ne pas s’asseoir au premier rang lors du match…
« C’est la question à un million de dollars », ajoute Doc Rivers. « Je n’en ai aucune idée. Au premier rang, ça aurait été…. Ça vous aurait donné une sacrée histoire à raconter. Vous pouvez le voir comme ça, ça aurait été vraiment incroyable. »
Le coup de fil a tellement duré que Doc Rivers ne s’est présenté sur le parquet qu’une minute avant le coup d’envoi de la rencontre. L’esprit ailleurs, les Clippers avaient perdu de 21 points avant de remporter la série en sept manches.
« Je n’ai aucun souvenir du match » explique Doc Rivers. « C’était une longue journée, un match compliqué. Il y avait tellement de distractions que ça s’annonçait compliqué de gagner. On a dû trouver un moyen de se concentrer à nouveau sur le basket. »
Steve Kerr : « Ça a changé la relation entre les joueurs et la direction de la ligue »
Alors consultant pour TNT, Steve Kerr, qui s’apprêtait à prendre la direction des Warriors la saison suivante, a tout de même rappelé que « personne n’avait été surpris » par les déclarations de Donald Sterling, coutumier de ce genre de faits.
Pour le stratège de Golden State, ce triste épisode parfaitement géré par Adam Silver, intronisé patron de la NBA quelques mois plus tôt, a été salvateur car il a ensuite libéré la parole des joueurs face aux questions sociales.
« Ça a été un moment crucial dans l’état actuel de la NBA du fait que les joueurs sont devenus très socialement actifs ensuite et qu’avec la ligue, Adam (Silver) et les propriétaires, ils ont fait le choix d’être ensemble sur des questions sociales, d’être franc pour le bien de tous et pour changer les choses. Ça a changé la relation entre les joueurs et la direction de la ligue. Ça a pas mal changé. C’était un élément important. Les joueurs avaient tellement de respect pour la décision décisive et audacieuse d’Adam. Ce fut un moment galvanisant ».